Chapitre 12

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Un soleil d'été irradiait dans le ciel, apportant avec lui la chaleur dont Axelonnie avait besoin. Les paupières fermées derrière sa paire de lunette, elle s'était allongée à l'ombre d'un arbre. Une agréable brise effleurait sa peau et agitait par moment le bas de sa robe. Une chance qu'elle portait un short sous son vêtement sinon elle aurait craint qu'on ne voit sa petite culotte. Aux alentours régnait un léger brouhaha réconfortant, des bavardages, des éclats de rire, des enfants qui couraient et qui hurlaient. Cette vie fourmillant autour d'elle l'aidait à ne pas se sentir isolée. Elle profitait de cette après-midi ensoleillée pour enterrer ses peurs les plus profondes et ça fonctionnait plutôt bien. Toutefois, son confort fût troublé par certains détails. Pour commencer... un temps aussi radieux en période de fin d'année n'était guère commun. Le doute l'habitait, néanmoins. Se pouvait-il que les mois s'étaient écoulées sans même qu'elle ne s'en rende compte? Et surtout... comment était-elle parvenue jusqu'ici? Elle ne voulait pas céder à la panique mais elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela inquiétant. Sourcils froncés, Axelonnie se redressa sur son séant. Ses yeux bien qu'ouvert à présent ne voyaient rien. Par réflexe elle retira sa paire de lunette. Elle se trouvait bien dans un parc, celui de la pépinière pour être exact mais... il n'y avait personne. Pourtant elle entendait toutes ses voix, toute cette agitation. Comment cela pouvait-il être possible? La blonde se releva et tourna sur elle-même, à la recherche de quelqu'un ou de quelque chose, n'importe quoi pouvant l'aider à comprendre sa situation. Le soleil semblait s'intensifier et la brise n'existait plus. Une chaleur intense l'étouffait soudainement. Elle suait. Le nez asséché et la gorge douloureuse, elle éprouvait de la difficulté à respirer. Des flammes apparurent sur son corps. Sa peau s'embrasait. L'odeur de sa chair calcinée, bien qu'écoeurante, n'était rien en comparaison de la douleur d'ainsi devenir une torche humaine. Elle hurla.

A son réveil elle hurlait encore. A son réveil, cette horrible odeur de chair calcinée était toujours là. A son réveil, la douleur de sa peau qui brûle persistait mais à un endroit bien ciblé. En pleurs, elle quitta le confort de son lit pour courir jusque dans la salle de bain. Sa peau brûlait. Une douleur vivace. Elle inspirait et expirait bien trop vite. Si elle ne se calmait pas elle allait hyperventiler. Tremblante comme une feuille elle se posta devant le miroir et rassembla ses cheveux sur le côté. Axelonnie se contorsionna comme elle le pouvait pour apercevoir l'arrière de sa nuque. Une brûlure bien réelle s'y trouvait comme si elle avait été marquée au fer rouge. Un symbole dont elle ne savait rien. Un nouveau cri. D'où ça venait? Pourquoi? La vision brouillée par les larmes, elle s'empressa d'aller dans la chambre de J.C. mais en constatant le lit vide, elle se rappela enfin son absence. Elle retourna alors dans la chambre d'amie qu'elle squattait depuis son arrivée. Ses jambes tremblaient tellement qu'elle risquait de chuter à tout moment. Elle fouillait parmi les couettes à la recherche de son téléphone. Lorsqu'elle le trouva, elle appela une première fois J.C., sans succès. Puis une seconde fois... et elle continua ainsi une bonne quinzaine de fois avant de laisser tomber. Devenait-elle folle? S'inventait-elle pareil calvaire? La douleur. Cette chaleur. Sa peau calcinée. Elle ne pensait qu'à ça. Elle ne ressentait que ça. L'espace d'un instant elle pensa mourir pour ne plus souffrir.

Elle trouva refuge dans la salle de bain, sous une douche glacée. Des minutes? Des heures? Elle était bien incapable d'estimer le temps passé sous l'eau, à attendre que la douleur se calme. A dire vrai, elle ne désirait plus bouger. Elle ne désirait plus rien. Elle devenait folle, maintenant c'était une certitude. Ce genre de chose ne pouvait pas apparaître comme par magie. Les morts ne revenaient pas à la vie. A contre coeur elle quitta son nouveau refuge pour s'emmitoufler dans un peignoir. Le mieux étant d'attendre le retour de J.C. Si lui aussi voyait cette marque, alors il y'avait une chance infime qu'elle ne soit pas aliénée. Pas totalement car elle n'excluait pas la possibilité de s'être infligée ça elle-même. Peut-être qu'inconsciemment elle se punissait pour la mort de Samantha et de Yann? Le mécanisme de l'esprit humain s'avérait tellement complexe.

Où que tu sois... je te retrouveraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant