Chapitre 10.

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Face au message de Léonard lui proposant une semaine de vacances avec ses amis et lui, Alix s'était tout d'abord dit : Et puis quoi encore ?

Certes elle commençait à apprécier sa présence et le fait qu'ils se comprennent sur certains aspects faisait qu'elle se sentait de plus en plus à l'aise avec lui, mais vraiment, partir une semaine loin de Paris, avec des gens aussi bruyants qu'Ousmane et Inaya. Jamais de la vie.

Deux événements notoires lui avaient pourtant fait complètement changer son fusil d'épaule.

Le premier était relativement anodin. C'était lors des cours de sport du jeudi après-midi, les classes étaient mélangées selon les disciplines choisies par les uns et les autres, Alix était en acrosport et Inaya avait insisté pour qu'elle soit en groupe avec elle et Juliette.

La jeune fille avait horreur des cours d'EPS pour une bonne raison : cela signifiait se sociabiliser avec ses congénères. Elle rêvait d'un monde où sport au lycée ne signifierait pas : se changer dans la même pièce que dix-huit autres filles en pleine puberté, supporter les consignes d'un professeur dont la principale activité sportive consistait à souffler dans un sifflet et porter des cônes en plastique fluorescent, devoir gesticuler devant des garçons qui profitaient du fait que toute la classe soit en legging pour donner leur avis sur les formes féminines.

L'enfer.

"Je hais les hommes" se dit-elle en entendant l'un des rares garçons à faire partie de la classe d'acrosport faire une remarque sur le postérieur d'Inaya. "Elle est gée-char" "elle est vraiment trop bonne" "mate moi ce cul", autant de façons de parler d'une adolescente qui n'avait strictement demandé aucun avis sur son corps. Au moins Alix n'avait pas ce problème, sa poitrine était minuscule et ses fesses bien cachées sous un épais et large jogging aux couleurs de son équipe de football fétiche. Elle détestait le fait d'être sexualisée par des personnes qui la répugnaient.

Inaya elle ne semblait pas avoir de souci avec tout cela, elle était si à l'aise avec son corps, Alix la trouvait vraiment belle mais n'enviait pas forcément les commentaires qu'elle entendait sur elle.

Durant le cours, la jeune fille dut faire face au fait que ses deux camarades ne parlaient que d'une chose : les vacances avec Léonard et Ousmane. Alix sentit un petit agacement la gagner alors que Juliette faisait l'éloge de la gentillesse de leur hôte et du fait qu'ils allaient tellement rire en partant avec lui.

Elle avait la drôle d'envie de dire à Juliette que celle-ci se trompait lourdement sur Léonard en pensant qu'il était toujours joyeux et souriant. Léonard était bien plus complexe qu'il n'en avait l'air et Alix l'avait vu, elle avait compris qu'il ravalait ses larmes quand Ilyes l'avait si peu considéré, elle savait qu'il pouvait aussi rester de longues minutes en silence quand il était avec elle.

- C'est vrai que Léo c'est un sucre, enchérit Inaya, au début je lui ai dit que je ne pouvais pas venir, ma mère avait pas les thunes pour me payer le train aller-retour. Eh bah il a insisté pour payer pour moi. Il a dit que je le remboursais quand je voulais et que j'étais même pas obligée de le faire. Sérieux quel mec fait ça pour sa pote ?

Alix trouva effectivement cela plutôt touchant. Même si elle était certaine qu'il l'avait fait autant pour Inaya que pour Ousmane, ce genre de comportement était rare parmi les jeunes qui comme eux avaient grandi dans un certain confort financier. Combien auraient simplement dit "Oh je suis désolé, une autre fois alors !"

Puis alors qu'elles parlaient toujours de Léonard, les deux filles se mirent à échanger sur les messages que lui et Juliette s'envoyaient ; elles avaient l'air de sous-entendre que leurs conversations n'étaient pas totalement anodines.

Temps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant