Chapitre 3.

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Alix poussa la porte du garage automobile, concentrée sur la mission confiée par son père. Il avait de plus en plus tendance à lui déléguer certaines de ses affaires. Pourtant, c'était Nina la juriste, mais sa cadette, en parallèle de ses études d'art, appréciait particulièrement de participer à la gestion des divers business familiaux.

Peut-être était-ce aussi ce besoin perpétuel de se lier par tous les biais à ce père dont elle ne partageait pas le sang.

Ilyes Akrour l'attendait dans son bureau, elle devait signer plusieurs documents au nom de Mathieu et récupérer des bilans.

Alix remarqua aussitôt qu'il n'était pas comme d'habitude, la mine sombre qu'il arborait la plupart du temps avait laissé sa place à un air pensif, presque perdu. Il semblait complètement ailleurs, presque impatient.

Cet homme l'avait toujours intriguée, elle ressentait chez lui une sorte de combat permanent avec ses émotions. Comme s'il avait sans cesse peur qu'elles se mettent à le dominer.

- C'est bon, tu pourras dire à ton père que tout est clair. Ah et préviens-le qu'on va rentrer les deux nouvelles AMG la semaine prochaine.

Alix acquiesça et tous deux se levèrent pour échanger une bise tout juste cordiale.

Sur le parking, alors qu'elle regagnait la voiture que lui prêtait son père, elle tomba nez à nez avec une jeune femme qu'elle n'avait pas vue depuis plusieurs années.

Jade Castelle la dévisagea d'un air surpris, comme si c'était le dernier endroit au monde où elle pensait trouver Alix.

Une connexion se fit dans le cerveau de cette dernière et elle se rappela alors de la relation passée entre Ilyes et Jade. Vu sa mine cramoisie et son air prise sur le fait, il y avait fort à parier que tous deux aient remis le couvert.

- Je euh, salut Alix, bredouilla la jolie femme blonde.

Alix la salua à son tour. Elle allait lui demander poliment et sans vraiment s'inquiéter de sa réponse, comment elle allait, quand la réalité de ce qui frappait actuellement sa famille lui revint à l'esprit.

Soudainement mal à l'aise, elle chercha une formule de soutien, une question délicate, mais rien ne vint et se fut à son tour de bégayer :

- Salut... je, je venais signer des papiers... Mon père, Ilyes... enfin tu dois savoir.

Jade hocha la tête un peu rêveuse. Alix se rappelait d'une jeune femme aux joues plus rebondies et aux yeux moins cernés. En revanche la bienveillance lisible dans ses yeux verts n'avait pas changé, et ceux-ci s'éclairèrent un peu lorsqu'elle lui sourit.

- Oui je sais qu'ils travaillent ensemble... Dis-moi, ça m'embête de te demander ça et je sens que je vais passer pour une tarée mais, est-ce qu'Ilyes est de bonne humeur ? Tu l'as trouvé comment ?

- Je l'ai trouvé pas comme d'habitude, avoua Alix, pas forcément de mauvaise humeur, mais il a l'air un peu paumé.

La jeune femme rougit de nouveau, et Alix, soucieuse de lui montrer qu'elle ne la jugeait pas, trouva enfin le courage de lui demander comment allait sa famille.

- On tient le coup. C'est curieusement Maman qui a le meilleur moral, même si je sais qu'elle prend sur elle. Léo passe son concours dans une semaine, il bosse jour et nuit, je ne sais pas d'où il sort cette détermination. Tu devrais lui écrire un de ces jours, ça lui fera plaisir, il ne voit pas grand monde à part la famille. Ousmane est aux États-Unis jusqu'au mois de juillet.

Léonard était en médecine, Alix avait été très surprise lorsque Mathieu lui avait parlé de cela. Elle avait toujours imaginé qu'il se lancerait à fond dans sa passion pour le cinéma après le lycée. D'autant plus qu'il avait de bons contacts, Arthur Samaras défrayait la chronique avec ses réalisations.

Temps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant