Chapitre 11.

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La gare de Toulon était sans doute l'une de celles que Léo préférait au monde. Elle signifiait pour lui tant de souvenirs, d'arrivées avec le maillot de bain déjà enfilé sous son short pour pouvoir sauter le plus vite possible dans la piscine en arrivant, de disputes avec Romy pour savoir lequel des deux irait dans le coffre, de bousculades pour être le premier à sauter dans les bras de sa grand-mère.

Et même si désormais il était trop grand pour bondir sur la vieille dame qui les attendait sans doute déjà sur le quai, Léonard sentait déjà une très forte impatience le gagner. Il incita les cinq autres adolescents à le suivre, jouant un peu les connaisseurs. C'était lui qui allait mener les vacances pendant une semaine et il n'y avait rien qui puisse lui faire plus plaisir.

Rien ? C'est ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'il découvre que sa grand-mère n'était pas seule sur le quai. Une jolie jeune femme blonde se tenait à ses côtés, un sourire équivalent à la superficie du Canada vissé sur le visage. Peu importait que ses amis soient présents, il ne cacha pas sa joie de retrouver sa sœur aînée. Il étreignit les deux femmes, alimentant encore une fois les clichés sur les Castelle et leur affection débordante. Mais qu'y pouvait-il ? À part Romy, tout le monde dans la famille avait un fort besoin de témoigner son attachement par des gestes.

- Je suis trop content de vous voir ! lâcha-t-il sans fausse pudeur.

- Moi aussi pitchounet, ça va me faire du bien d'avoir un peu d'animation à la maison. Mais tu vas t'arrêter de grandir un peu ? Ça y'est tu as dépassé ton père ?

- Oui Mamie, mais c'est surtout parce qu'il se tasse.

Sylvie leva les yeux au ciel en maugréant que son petit-fils n'avait pas encore grandi en sagesse. Pendant ce temps celui-ci se rappela qu'il n'était pas venu seul et entreprit de faire les présentations. Ousmane était déjà un habitué, c'était peut-être la huitième ou neuvième fois qu'il venait passer des vacances dans le fief des Castelle.

Évidemment la grand-mère s'extasia sur la beauté des filles, Léo réprima un petit sourire lorsqu'elle plaqua deux bises sur les joues d'Alix qui semblait se demander ce qu'elle faisait là.

Ils se répartirent ensuite dans les voitures de Jade et Sylvie, le garçon n'eut pas besoin d'une seule seconde de réflexion pour foncer s'installer à côté de sa sœur, prenant avec lui Maxence et Alix sur lesquels il avait promis de veiller. Il avait hâte de voir les têtes de ses autres amis à la fin du voyage avec sa grand-mère.

Léo trouva que sa sœur avait l'air d'aller plutôt bien, elle avait un peu maigri depuis Noël mais semblait moins déprimée. Elle bavardait joyeusement avec Maxence et ne semblait pas particulièrement feindre sa bonne humeur. Pourquoi Ilyes continuait-il d'être l'ombre de lui-même ? Est-ce qu'il aimait plus Jade qu'elle ne l'aimait en retour ? Non ce n'était pas cela, sa sœur aurait donné tous ses organes un par un pour sauver Ilyes. C'était sans doute une question de gestion de la souffrance. Jade avait tendance à se tourner vers les autres tandis qu'il se repliait sur lui-même.

En jetant un regard dans le rétroviseur, le jeune homme remarqua l'air pensif d'Alix qui gardait les yeux braqués sur les paysages qui défilaient derrière la vitre.

Ils s'étaient vus une fois avant de partir, elle lui avait confié s'être elle aussi réconciliée avec sa sœur. Mais Léonard sentait que quelque chose hantait son esprit, comme si elle faisait face à une angoisse permanente. Il se demanda s'il aurait la chance d'avoir un moment seul avec elle durant cette semaine, cela risquait d'être difficile avec Maxence dans les parages.

- T'es bien silencieux mon Léo ! s'étonna Jade, D'habitude on ne peut pas en placer une.

Le garçon surprit alors un coup d'œil de sa sœur vers l'arrière, il se demanda si l'un des membres de la famille avait insinué quoi que ce soit sur sa relation avec Alix. Il était vraiment content de retrouver sa sœur et comme à chaque fois qu'il la retrouvait dans le Sud, il se rendait compte qu'effectivement, cette région lui allait bien. Étrangement ce n'était pas une parisienne dans l'âme.

Temps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant