La fête battait son plein. Au milieu du brouhaha général, de la musique et des cris des filles et des garçons, il était difficile d'avoir une conversation audible.
Installé près d'Alix, Léonard devait se pencher sans cesse vers elle pour qu'elle puisse entendre ses mots.
Il ne savait pourquoi il lui avait prêté particulièrement attention ce soir-là. C'était la première fois qu'il la voyait en soirée, pour l'anniversaire d'une connaissance en commun. Ils n'étaient pas dans le même lycée mais avaient été amenés à se croiser de nombreuses fois et se connaissaient depuis longtemps.
Elle parlait toujours très peu, il ne savait pas grand-chose de cette adolescente blonde. Ousmane, l'un des meilleurs amis de Léonard, était dans sa classe et les rares fois où il avait évoqué Alix, c'était pour dire « Elle est chelou ». Selon lui elle n'avait pas vraiment d'amis, n'était sortie avec personne depuis le collège et passait le plus clair de son temps avec Maxence.
Maxence avait deux ans de moins qu'eux, Ousmane et Léo le connaissaient lui aussi depuis très longtemps. Leurs parents étant tous très liés, ils faisaient partie de ces enfants dont la présence leur avait été imposée à chaque « réunion de famille ». C'était en grande partie grâce à son absence ce soir-là, que Léonard s'était intéressé à Alix.
Il l'avait toujours trouvée plutôt jolie et savait qu'elle avait un certain succès, bien qu'elle fût du genre à repousser les moindres avances. Ce n'était pas forcément quelque chose qui effrayait le garçon. Plutôt sûr de lui il comptait sur son humour légendaire pour la mettre dans sa poche. Il avait bu et se sentait pousser des ailes. Alors le garçon s'était affalé sur la place vide à côté d'elle en lançant un « salut » un peu trop joyeux.
Léonard avait commencé par un compliment sur la nouvelle couleur des cheveux d'Alix, malgré sa grande timidité et ses habits toujours dans des tons neutres, elle avait dernièrement osé un blond platine presque blanc qui lui allait parfaitement.
Depuis, cela faisait presque dix minutes qu'il essayait en vain de la faire rire. Elle n'avait pas vraiment l'air de le trouver drôle. Mais elle ne s'éloignait pas non plus lorsqu'il s'approchait un peu. L'alcool brouillait un peu les signaux que Léo croyait recevoir de la part de l'adolescente et il gagnait encore davantage en confiance.
Après tout, il était génial. Tout le monde le disait. Surtout ses amis et les autres adolescents qu'il côtoyait chaque jour. La seule qui émettait quelques réserves sur le talent comique de Léonard, c'était Romy, sa sœur. Selon elle il était simplement lourd, fatigant, avide d'attention et complètement mégalomane. Et c'était la faute de leurs parents qui lui avaient toujours donné une place beaucoup trop importante dans la famille et en avaient fait un mâle toxique. Mais cela n'affolait pas le garçon, parce qu'il savait que sa sœur, aussi féministe, revendicatrice et engagée soit-elle, l'adorait tout autant que les autres membres de sa famille. Voire plus encore.
Une chose était certaine, ce climat d'adulation perpétuelle autour de sa petite personne, que ce soit dans le cadre familial ou amical, n'aidait pas forcément cet adolescent talentueux à rester humble.
Aussi c'est fort de toute cette assurance qu'il se pencha une nouvelle fois vers Alix, cette fois dans une intention qui n'était plus celle de la discussion.
À peine s'en rendit-elle compte qu'elle le repoussa avec une violence qui le fit sursauter. Avant qu'il n'ait le temps de comprendre, il recevait un coup de poing dans l'estomac, lui coupant net la respiration.
Alix se leva et disparut en courant.
Léonard eut un léger temps de réaction avant de comprendre ce qu'il s'était passé. Puis il se sentit incroyablement bête et se leva à son tour pour poursuivre la jeune fille.
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Temps perdu
FanfictionAlix est farouche et introvertie. Léonard est drôle, très drôle. Elle n'aime pas trop parler, il veut rire de tout. (Ce tome est la suite de « Des années » mais peut également être lu après « Ce qu'on laisse à nos mômes »)