Chapitre 11.

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Quelques mois plus tard

Alix avait toujours eu horreur de porter des vêtements décolletés. Détestant le regard des hommes sur son corps, cette impression de ne plus en être propriétaire dès l'instant où elle dévoilait la naissance de sa poitrine. La jeune femme voyait bien comment, fixant avec insistance l'échancrure d'une robe ou d'un haut, certains regards disaient « Tu vois, je te possède un peu. Pour quelques secondes, dans ma tête, tu es mienne. »

Pourtant ce jour-là, Alix contemplait dans la glace la robe noire au décolleté profond qu'elle même avait confectionnée.

Elle ne pensait avoir été un jour plus belle qu'à cet instant. Cela faisait des heures qu'elle se préparait. Pourtant un drôle de sentiment qui n'avait rien de positif lui étreignait le cœur lorsqu'elle s'admirait. Comme s'il lui était impossible de reconnaître la personne qui lui faisait face.

Quelques coups brefs frappés à la porte de la salle de bain la firent sursauter.

- Alix tout va bien ? On va être en retard.

- J'arrive.

Quittant des yeux sont reflet, elle fit demi-tour pour ouvrir la porte à Ousmane qui se tenait derrière.

Il resta quelques secondes interdit en la découvrant.

- Damn baby you're hot ! lâcha-t-il finalement avec un accent exagérément américain.

C'était une habitude qui agaçait un peu ses amis, sa tendance à faire semblant de ne plus trouver ses mots qu'en anglais. Il était rentré depuis plusieurs mois et cela tournait un peu au ridicule.

- Parle français, on est au beau milieu de la région PACA. Et appelle moi "baby" encore une fois et je te pète les dents.

- Façon de parler. Sérieux Léo va faire un AVC quand il va te voir.

Alix leva les yeux au ciel, appréciant néanmoins le fait que le regard d'Ousmane reste plutôt chaste. Lui non plus n'était pas mal du tout, son costume bleu pétrole taillé sur mesure mettait en valeur son élégance naturelle. Mocassins cirés, dégradé et contours parfaits, tresses attachées sur le haut de son crâne, le jeune homme en imposait vraiment et les têtes risquaient de se retourner sur son passage.

- J'ai toujours su qu'au fond tu craquais pour moi, Pruski, fit l'intéressé avec un clin d'œil et un sourire en coin.

- C'est ça. Je me demandais seulement si tu étais au courant que ce n'était pas toi le marié.

Ousmane fit danser ses sourcils tout en l'invitant à quitter la pièce.

- Cette fois-ci non, mais peut-être que la prochaine fois une Castelle deviendra une Wann.

Alix éclata de rire. Cette attirance idiote qu'avait développé Ouss pour Romy tournait un peu au ridicule. Celle-ci n'était objectivement pas intéressée mais il continuait de s'accrocher.

- Tu sais que même si par miracle tu arrivais à épouser Romy, c'est toi qui prendrais son nom, et jamais l'inverse.

Les deux jeunes gens continuèrent de se chamailler jusqu'à la voiture, Alix s'efforçait d'expliquer au garçon qu'il n'était absolument pas le profil d'homme qui aurait pu intéresser la cadette de la famille Castelle. En discutant avec lui, elle oubliait un peu le stress qui lui contractait l'estomac.

- Romy aime les bobos cultivés qui écoutent des podcasts, travaillent dans la culture ou la presse, portent des boucles d'oreilles et des pantalons usés. Tu peux faire le beau-gosse tant que tu veux, c'est pas comme ça que tu vas la séduire.

Temps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant