- T'es déjà montée sur un deux-roues ?
Alix répondit à la question de Léo par une mine insultée, il se rappela alors la passion du père de la jeune fille pour tout ce qui possédait un moteur. Lui adressant un regard contrit, il lui tendit un casque.
Les autres n'étaient même pas réveillés. Léonard avait annoncé la veille à table qu'Alix et lui ne seraient pas de la sortie au parc d'attraction, suscitant une vague de protestations chez leurs amis. Juliette avait regardé la jolie blonde avec un regard envieux, Maxence avait demandé une bonne dizaine de fois si elle était certaine de vouloir partir seule avec Léo, celui-ci en avait été un peu offensé.
- Tu sais, je conduis plus souvent que toi, lui dit Alix en s'installant néanmoins derrière lui, Une des activités préférées de mon père depuis que j'ai 13-14 ans consiste à m'emmener dans des trous perdus pour me faire conduire tous genre de véhicules.
Léonard imagina sa passagère au volant de la grosse voiture de Mathieu et rit en lui proposant d'assurer le trajet du retour. Elle accepta aussitôt. Le garçon se dit alors que Romy ne pourrait plus l'accuser d'être un mâle toxique.
Jetant un œil à la baie vitrée de la maison, il vit de l'autre côté Sylvie qui les observait avec tendresse, sirotant une énorme tasse de thé. Elle avait chargé le sac à dos du garçon de tout un tas de victuailles pour Jade. Léo adressa un petit signe à sa grand-mère avant de démarrer l'engin.
Alix se tenait sur les côtés, il aurait aimé qu'elle place ses bras autour de sa taille, mais vu la façon dont elle avait réagi la veille pour de simples chatouilles, il comprenait désormais à quel point celle-ci n'était pas à l'aise avec la proximité physique.
Il faisait un temps magnifique, la fin du mois de février était adoucie par le printemps précoce du Midi. Les arbres en fleur dispensaient déjà leurs fragrances et très vite, elles furent accompagnées de celles des herbes aromatiques qui bordaient les fossés. Il n'était pas encore neuf heures et les petites routes étaient désertes, en sentant la caresse du soleil sur son visage, Léo se dit que sa sœur avait peut-être raison, la vie était bien meilleure ici.
Qu'y avait-il de mieux que cette vue imprenable sur la Méditerranée et cette sensation que tous leurs soucis étaient restés dans la grisaille de la capitale.
La dernière fois que Léo s'était trouvé sur la pétrolette, c'était avec Ilyes, mais au lieu de l'attrister, ce souvenir un peu nostalgique lui décrocha un sourire. Il se remémora les cris de joie et leurs mines hilares dans les descentes... et la dérouillée des grands-parents en rentrant. Les lèvres du garçon s'étirèrent encore davantage quand au détour d'un virage un peu serré, il sentit des mains légères et timides se poser sur son ventre.
Conduire une fille comme Alix, c'était mieux qu'être derrière un jeune homme écervelé.
Elle sembla d'ailleurs se détendre au fil des deux heures de trajet, Léo ralentissait de temps à autres pour lui montrer un détail du paysage. Plus la destination approchait, plus Léonard avait envie de ralentir, redoutant déjà le moment où Alix se détacherait de lui. De temps en temps, lorsque l'une de ses mains bougeait contre lui, ou qu'elle se mouvait dans son dos, le blondinet sentait de drôles de frissons parcourir sa nuque et savait bien ce qu'ils signifiaient.
Malheureusement pour lui, ils finirent par arriver dans la jolie ville d'Aix-en-Provence, Jade leur avait donné rendez-vous pour le déjeuner et ils avaient un peu de temps pour se promener dans le centre-ville avant de la retrouver. Alix n'était jamais venue et Léo était heureux de pouvoir jouer les guides touristiques et avoir l'attention de la jeune fille uniquement pour lui. Il en faisait peut-être un peu trop en éloges sur le cours Mirabeau, laissant son côté provençal prendre le dessus. Pour un peu, le garçon aurait presque pu imiter l'accent de sa grand-mère.
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Temps perdu
FanfictionAlix est farouche et introvertie. Léonard est drôle, très drôle. Elle n'aime pas trop parler, il veut rire de tout. (Ce tome est la suite de « Des années » mais peut également être lu après « Ce qu'on laisse à nos mômes »)