Chapitre 15.

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Léonard attendait depuis presque deux heures. Assis sur la marche, juste devant le palier. Chaque minute il se disait "s'il n'est pas là dans une minute, je pars." sans parvenir à se décider à partir.

À chaque fois qu'en bas des escaliers, la porte s'ouvrait, le garçon sentait son cœur se serrer d'appréhension s'attendant à voir apparaître d'un instant à l'autre celui qu'il attendait.

Mais à part la jolie voisine du dessus et la vieille portugaise d'à côté, personne encore, n'avait croisé Léonard dans sa solitude.

Son portable vibrait dans sa poche, ses parents s'inquiétaient sans doute, il n'avait pas prévenu qu'il ne rentrerait pas tout de suite après le lycée. Alors que l'idée de leur envoyer un message pour les rassurer lui traversait l'esprit, le grésillement caractéristique de l'ouverture des portes dans le hall se fit entendre.

Léo se figea, les yeux fixés sur les escaliers.

Une voix qu'il connaissait bien lui parvint, le garçon mit quelques secondes avant de comprendre qu'elle s'adressait à un interlocuteur téléphonique.

- Arrête de me parler comme si j'avais encore dix piges, j'ai compris que tu me trouvais stupide, on peut passer à autre chose ?

Il entendit l'arrivant ouvrir sa boîte aux lettres, la refermer, puis des pas montant les marches. Les pulsations de son cœur résonnaient dans sa tête, il craignait déjà la confrontation avec celui qu'il était venu voir.

- Je veux bien changer de ton, mais arrête de me faire la morale alors que je fais un effort pour t'appeler et prendre des nouvelles.

Coupant presque sa respiration, Léo attendit, le moindre de ses muscles contracté à l'extrême.

- Putain mais non ça me saoule pas de t'appeler, c'est pas ce que je voulais...

Ilyes eut un instant d'incompréhension en découvrant l'adolescent sur le pas de sa porte. Il le dévisagea d'un air stupéfait, ses clés dans une main, son portable dans l'autre.

- J'te rappelle, j'ai un truc urgent à gérer.

Léo se sentit sur le point de partir en courant, supportant difficilement le regard glacé du jeune homme face à lui.

- Qu'est-ce que tu fous là ?

Tout ce que put faire le garçon fut de jeter un regard implorant à l'ex petit-ami de sa sœur, essayant de faire appel à ce qui pouvait rester en lui d'affection pour sa personne. Il n'eut même pas besoin de forcer pour sentir les larmes inonder le bord de ses paupières, Léo ne se reconnaissait plus depuis quelques temps, jamais il n'avait été sensible à ce point.

Peut-être était-ce l'effet de surprise, ou bien les yeux brillants d'un adolescent qu'il avait vu grandir et qui vivait son premier vrai chagrin d'amour, mais au grand étonnement de Léonard, Ilyes proposa :

- FIFA ?

Ne croyant que difficilement à sa chance, Léo hocha la tête au ralenti et se redressa pour suivre Ilyes dans l'appartement.

Ce n'était pas la première fois qu'il venait, avant la rupture Jade vivait presque ici quand elle rentrait à Paris. Le spacieux deux-pièces était presque mieux rangé qu'auparavant, cela ne ressemblait pas à Ilyes de soigner autant son intérieur. Mise à part une bouteille de bière vide sur la table basse, tout semblait propre et à sa place. Léonard se demanda un instant si Ilyes avait une nouvelle copine et réalisa qu'il préférait ne pas se poser davantage la question.

Il suivit du regard l'habitant des lieux qui après avoir déposé sur le bar ce qui lui encombrait les mains, se dirigeait vers le frigidaire pour en sortir deux bières.

Temps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant