Chapitre 7.

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Alix n'avait jamais dormi avec un garçon avant Léonard.

Mais elle s'était bien gardée de le lui dire.

Elle s'était bien gardée de parler tout court.

Imaginer sa peine était au-dessus de ses forces et elle n'avait jamais été douée pour réconforter les gens. Mieux valait se taire, être là tout simplement.

Allongée tout près de ce corps qu'elle connaissait si peu, la jeune femme avait passé un long moment à fixer simplement la cage thoracique de Léonard se mouvoir au rythme de sa respiration. Dormir avec un homme, cela signifiait prendre le risque de s'exposer dans son attitude la plus vulnérable, le sommeil, sachant qu'il pourrait en profiter s'il le souhaitait.

Et même si Léo semblait différent, même si Alix ne percevait pas chez lui l'avidité, le désir de posséder, de dominer ce qu'elle était, il restait un homme.

Mais il ne l'avait même pas attirée contre lui, n'avait pas posé ses mains sur son corps, il s'était allongé presque à distance. Alors même qu'ils avaient déjà été bien plus proches que cela.

Il laissait Alix venir à lui si elle le souhaitait, semblant simplement apprécier le fait d'avoir une présence à ses côtés.

Progressivement, en contemplant le visage endormi de Léonard, elle s'était rendu compte qu'elle n'avait pas vraiment peur de lui, au contraire, elle se disait même que peut-être, elle trouvait sa présence rassurante, comme si le fait qu'il soit là pouvait empêcher les démons de son enfance de venir la torturer dans son sommeil.

Désormais apaisée, la main inerte du garçon reposait entre eux et Alix se mit à la caresser du bout des doigts. Il avait de belles et grandes mains qui ne la dégoutaient pas comme tant d'autres. C'était une drôle d'impression, mais plus elle l'observait et s'habituait à ce contact, plus elle avait la certitude que cette main-là ne lui ferait jamais de mal.

En relevant les yeux vers Léo, Alix remarqua qu'il souriait, les yeux parfaitement clos. Elle interrompit son geste, ayant peur de l'empêcher de dormir alors qu'il manquait tant de sommeil.

- Tu peux continuer... C'est agréable, chuchota-t-il.

C'étaient les premiers mots qu'il prononçait depuis qu'ils s'étaient retrouvés et Alix sourit à son tour. Mais au lieu de reprendre son mouvement elle glissa doucement son visage au cœur de la paume de Léo. Il ne broncha pas, glissant simplement son autre main dans ses cheveux. Il ne fallut pas cinq minutes pour que le sommeil les emporte avec lui.

*********

Alix mit quelques instants à se souvenir de l'endroit où elle s'était endormie lorsque ses yeux s'ouvrirent sur la chambre de Léonard. La lumière du jour filtrait à travers les volets, elle détourna la tête face à la place vide à côté d'elle.

Il avait laissé un mot, c'était un peu vieux jeu.

"L'appart est à toi, je suis allé voir Maman, tu peux manger tout ce que tu veux et faire ta vie. Si tu entends du bruit c'est le chat. Je reviens vers 15h, si tu pars d'ici là préviens moi."

La jeune femme fut un peu surprise de la liberté qu'il lui laissait, sachant que c'était tout de même l'appartement de ses parents. Elle regarda son téléphone et constata qu'il était plus de 11h. Son père l'avait appelée et un "T ou" était affiché sur l'écran.

Tout en se levant elle le rappela en s'attendant déjà à une certaine gêne dans leur conversation.

- Allô.

Un drôle de rire lui vint en entendant la voix de Mathieu, c'était tellement facile de savoir en un mot qu'il était contrarié.

- Tout va bien. Je suis chez Léo.

Temps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant