Chapitre 4.

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- Tu sors ? demanda Romy en voyant son frère enfiler sa veste en jean.

Il acquiesça, pas tout à fait certain de prendre la bonne décision mais poussé par une envie irrésistible.

- Mais tu vas où ?

- Voir une pote.

Elle hocha la tête visiblement peu convaincue. Il fallait dire que ces derniers jours, il ne sortait la tête de ses livres que pour subvenir à ses besoins vitaux.

Se rendre chez Alix à moins d'une semaine du concours était une belle folie. Il aurait dû lui dire de patienter d'ici là. D'un autre côté, il n'aurait certainement pas réussi à se concentrer. Maintenant qu'elle l'avait appelé, c'était trop tard.

Le trajet en transport en commun passa en un éclair, Léo se demandait ce qu'aurait dit sa mère s'il lui avait demandé son avis. Sans doute aurait-elle jugé son impulsion imprudente, mais à sa place, il le savait, elle aurait foncé aussi.

Face au portail des Pruski, la détermination n'était plus aussi forte, un chien se mit à aboyer quand il sonna.

- Oui.

C'était la voix de Mathieu dans l'interphone et Léonard avait beau avoir vingt ans et pris du galon, il se sentait toujours impressionné par le père d'Alix.

- C'est Léonard Castelle, Alix m'a dit que...

- J't'ouvre.

Un grésillement se fit entendre et le jeune-homme poussa la porte. Il se trouva face à la grande maison et n'eut pas beaucoup le temps de l'admirer car un malinois se dirigeait vers lui en aboyant de plus belle.

- Yara ! Au pied.

La chienne fit demi-tour et trottina jusqu'à son maître qui se tenait sur le perron. Cette maison était parfaitement gardée, se dit Léo en les observant tous les deux.

Très mal à l'aise, il serra la main que Mathieu lui tendait, celui-ci semblait moins hostile à sa présence qu'auparavant, mais il avait l'air particulièrement épuisé.

Visiblement la famille Castelle n'était pas la seule à vivre une période difficile.

Évidemment Mathieu demanda comment allait sa mère, tout en l'invitant à le suivre à l'intérieur. Charlotte se tenait dans le vaste salon, installée derrière son ordinateur, elle se leva pour venir saluer Léonard et étrangement, le remercier d'être venu.

Ce dernier remarqua la même inquiétude sur le visage des parents d'Alix, il commençait à se détendre un peu en voyant qu'ils ne semblaient partager aucune animosité à son égard.

- Je l'ai appelée mais elle veut pas descendre, annonça Charlie, tu peux monter, sa chambre c'est la troisième à gauche. On va sortir dîner, si vous avez faim servez-vous dans le frigo.

Mathieu lança un regard surpris à sa femme, de toute évidence il n'était pas au courant qu'il ne dînait pas chez lui ce soir. Elle lui adressa un sourire qui ressemblait fortement à une injonction au silence et il ne broncha pas davantage.

- Léonard, l'interpella Charlie alors qu'il rejoignait l'escalier, Merci d'être venu. Je sais que c'était pas forcément évident pour toi.

Il sourit tristement à la belle femme blonde et songea qu'elle lui rappelait un peu sa propre mère, en plus classe, mais moins joyeuse.

Cela faisait quatre ans qu'Alix et lui ne s'étaient pas retrouvés seul à seule, ils s'étaient croisés quelques fois quand ils étaient encore au lycée. Une fois son bac en poche, Léo était parti dix mois au Brésil pour changer d'air, réfléchir à son avenir et travailler pour des amis de son père. L'été qui avait suivi son retour avait été le début des problèmes de santé de Violette, puis sa première PACES, les mauvaises nouvelles, il n'avait plus guère eu l'occasion de se trouver en présence de la jeune femme.

Temps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant