Chapitre 19 : Regarde dans mes Yeux

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Haru est presque collé à moi, ma respiration s'est coupé quelques secondes avant que je le repousse par réflexe.

« D-désolée, j'ai tiré trop fort. » je dis en tournant le regard comme si de rien n'était.

« P-pas de soucis. » répond-il avec l'air le plus assuré qu'il peut avoir en cet instant.

La situation est un peu comique quand j'y pense et un rictus d'amusement s'esquisse sur le coin de ma bouche malgré mes joues en feu. J'essaie de chasser ma gêne tant bien que mal en faisant mine de m'étirer.

« Une petite course ça te dit ? » je propose sur le coup d'une idée.

« Pourquoi pas. On commence d'où ? » demande t'il.

Mais j'étais déjà parti, mon katana dans son fourreau, à travers la mer de fleurs de la forêt des glycines. Haru a mit quelques secondes à réagir mais m'a rattrapé assez rapidement. Il gère mal sa respiration malgré les cours sur le Souffle Perpétuel que je lui ai donné. Je me décale un peu de mon axe de course pour lui frapper le ventre sous son regard incompréhensif. Il encaisse le coup et met sa main sur son ventre en ralentissant tandis que je me retourne pour courir à l'envers et lui montrer avec de grands gestes la respiration qu'il devrait avoir. Je me retourne de nouveau et le trace. Je fouille dans une poche de mon haori et en sort une certaine longueur de ruban de soie usé que je lâche derrière moi au fur et à mesure afin que Haru puisse me suivre avec précision. Depuis le bout que je tiens il devrait y avoir une dizaine de mètres de ruban de lâche derrière moi, si mon élève est plus loin que ces dix mètres et n'arrive pas à me suivre il recevra un exercice en punition. Je ricane sadiquement en imaginant quel tâche je lui donnerai s'il se perd dans ce paysage où tout se ressemble. L'avantage que j'ai sur lui dans ce genre d'endroit est que je vois de loin les masses de chaleur ou de froid pour me retrouver dans l'espace.

Au bout de vingt minutes d'une bonne course à travers la forêt, étant sur le même axe depuis le début de ma course je reviens forcément à notre point de départ : le chalet. Je retrouve une gourde d'eau fraîche que j'avais posé plus tôt sur le rebord d'une des petites fenêtres et commence à en boire. Puis je tire le ruban de soie amoché pour le ramener à moi. Haru n'a pas l'air d'arriver, je lui laisse dix minutes pour se retrouver et il aura le droit à des travaux supplémentaires, je me dis, toujours en ricanant. Pendant ce temps je procède à l'entretient fastidieux de ma lame, elle porte de nombreuses marques sur les côtés à cause de l'entraînement avec Haru mais ne semble pas émoussée pour autant. Cela me rassure et je l'essuie minutieusement en limant les côtés avec une pierre spéciale pour l'entretient des sabres. Les dix minutes sont largement dépassées et Haru ne revient pas. Je devrais partir à sa recherche, maintenant. Refermant comme je peux mon haori sans boutons avec mes mains je me lance donc dans la traque, et ma proie est mon disciple !

Je commence par grimper maladroitement sur une des branches d'un grand arbre à glycines pour avoir plus de visibilité. Je pensais être plus forte en escalade, j'ai du perdre certains réflexes sans m'en rendre compte. Ma main en visière je scrute la forêt alentour, cette étendue qui semble vraiment être une mer de fleurs dans laquelle je pourrais aisément nager. Des petites vagues de courants d'air chaud se promènent ça-et-là dans le vent de fin d'automne mais aucune n'est assez importante pour la rapprocher à un humain. Je redescends, m'éloigne de quelques dizaines de mètres et recommence l'expérience encore et encore. Haru est introuvable. J'ai pourtant fait un cadrage parfait des alentours mais il ne se trouve nulle part, je commence à m'inquiéter. Haru, ne serait pas allé vers les démons tout de même ? Il a son sabre sur lui mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter... Je dois vite le retrouver. À force de scruter les alentours je trouve une masse de chaleur dans l'air qui a l'air assez conséquente pour être celle d'un humain sans non plus être celle d'un animal sauvage. Je me hâte de rejoindre la source de cette chaleur, je cours à travers les arbres en fleurs, m'écorchant parfois à frôler la végétation comme je le fais. Il n'y a plus aucun doute, la forme que je vois à travers les branchages est belle et bien celle d'un humain, Haru est là, il regarde le ciel d'un air béat. Je m'élance vers lui et l'enlace.

Ancien | Aiko [Kimetsu no Yaiba - FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant