Qui commença à crier dans cette modeste cuisine ? Fut-ce Oliver, en voyant le visage confus de Royaume-Uni. Où était-ce Québec paniquant face à la situation, craignant que les deux hommes n'en viennent aux mains, ou pires. Chacun se fixait à tour de rôle, observant le moindre mouvement de l'adversaire. En jeu! Un magnifique pistolet encore fumant, qui se reposait l'air de rien sur la table à côté d'une assiette remplie de petits biscuits. Personne n'osa s'en approcher. Oliver avait un mal fou à se contenir, ce ne fut seulement que quand Québec posa sa main sur son bras qu'il se détendit un peu. Tout cela aurait pu n'être qu'une simple coïncidence après tout. Il n'y avait pas mort d'homme. Oliver ne put s'empêcher de craindre le pire, avec quelqu'un d'aussi imprévisible que Royaume-Uni. S'il n'y avait pas eu cette fichue tempête de neige, il ne serait pas resté une seconde de plus à partager son air avec ce misérable individu. Du temps de son vivant, ils étaient des frères mais aujourd'hui il ne reconnaissait plus le jeune homme de sa jeunesse. Est-ce que les guerres et les tragédies l'avait détruit au point d'en faire oublier qui était de sa famille? Cela Oliver l'ignorait et s'en fichait. Tout ce qui comptait désormais c'était de protégé Québec des manigances de cet homme, et cela ne serait possible que si Oliver coupait une bonne fois pour toute, les liens qui l'unissait à sa famille. Il regrettait de ne pas avoir pu s'en occuper lors de son vivant.
Son regard se posa sur sa fille, retrouvée que depuis peu de temps. A peine l'avait-il vu, qu'il l'a reconnu sur-le-champ. Au combien, Oliver se sentait tiraillé par les émotions contradictoires. De la joie et de la tristesse à la vue de celle dont il n'espérait plus retrouver un seul cheveux. Sa précieuse enfant, saine et sauve. La colère et le chagrin qu'il avait ressentis lorsqu'elle fut enlevée, et tout les moyens inimaginables avec lesquels il avait tenté de la retrouver, furent simplement immense, qu'il en avait perdu le compte. Partant des simples avis de recherches, à l'envoi de troupes pour fouiller les plaines et les villages indiens alentour, souvent hostiles depuis des années. Et dont la disparition de sa fille les réjouissait. Dégoutait, par le manque d'indice il dut se résoudre à des techniques plus obscurs, et utiliser l'aide de voyantes, médiums et autres charlatans. Tous ces efforts furent réduits à l'échec. Sa chère fille demeurée introuvable. La douleur d'avoir perdu son épouse et sa fille simultanément, le plongèrent dans une profonde dépression qu'il noya dans l'alcool, chaque soir avant de s'endormir, seul.
Sa fille le tira de ses obscures pensées, lisant clairement sur le visage de son père ces émotions qui le chamboulaient. Tout était si nouveau pour elle. Ses parents qu'elle crut pendant tant d'années, de l'avoir abandonné aux mains d'affreux malfrats, avait tenté de la retrouver. La pauvre jeune fille se sentait honteuse de tous les reproches qu'elle leur avait fait, lorsqu'elle s'apitoyait sur son sort.
Avec un sourire en coin, Royaume-Uni déclara sur un ton faussement joyeux:
-C'est cet insolent d'America. Je vous prie de l'excuser. Parfois, lorsqu'il trouve une arme ... il a pour ainsi dire le réflexe de faire sauter sa protection...Sa main se rapprocha involontairement de l'objet en question.
-ET DE TIRER! VOUS! Le croyez si irresponsable de tirer avec une arme chargée dans une maison où il y a des femmes et des enfants en bas âge. Instinctivement, Oliver se replaça plus en avant, protégeant en grande partie sa fille de la vue de l'autre homme.
- Bien sûr. Il a toujours été ainsi. A joué avec ce genre d'objet, il devient un vrai gamin. Tel un comédien, il secoua sa tête d'un air désinvolte, poussant deux soupirs, puis il mit sa main sur sa tempe. Une manière très bien calculer pour jouer avec son expression d'homme épuisé par les événements.
Cet acte ne déçut pas les yeux d'Oliver, qui rétorqua plus violemment:
- Cesse ta comédie! Où est-il? Je ne te crois plus sur parole. Plus jamais, tu m'entends? Tu es un menteur, un fourbe, un hypocrite...
- Vocabulaire. Je t'ai connu plus poli. Il y a une femme, présente voyons.
A ces mots-là, Oliver crut exploser, si Québec ne s'était pas avancé d'un air décidé, devant son père. Ses yeux brillaient d'un éclat nouveau où la peur n'avait pas sa place.
- Arrêter. Monsieur Royaume-Uni, dans l'intérêt de tous veuillez bien... Elle n'acheva pas sa phrase. Sa main se porta sur son ventre, elle sentit beaucoup de chaleur. Relevant sa main, tremblante. Ses yeux se troublèrent de larmes. Avec confusion, elle vit ses doigts se recouvrirent d'une teinte pourpre. Ses jambes lâchèrent à la vue du sang. Son père ne la rattrapant que de justesse.
Avec vitesse il porta un torchon pour compresser la plaie. Tournant le dos, à son soi-disant frère. Une erreur qui lui sera fatale. Impuissante, Québec assista à l'exécution froide de son père. Du plus profond de ses cordes vocales, elle émit un cri qui retentit dans toute la maison. Serrant dans ses bras le cadavre de son père, ignorant sa propre douleur. Murmurant des mots incompréhensibles. Sous ses doigts, elle sentit la chaleur de son corps disparaitre. Elle ferma les yeux. Se demandant si c'était la fin.
VOUS LISEZ
Une nuit à Paris (Countryhumans)
General FictionLes cloches sonnaient la fin de la seconde guerre mondiale, il était temps de reconstruire sur les terres dévastés d'Europe, de réparé le coeur des Hommes et restauré leur foi dans l'Humanité. Dans ce nouveau champs de bataille, une femme où plutôt...