Chamboulement

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Les rires joyeux des enfants furent le seul bruit qui résonnèrent dans la pièce, le soviétique s'était tût lorsqu'il avait aperçu la mince figure de l'Allemand, vêtu d'un uniforme noir et doré sur les bords, il portait des bottes en cuir, sa peau était rouge mais plus pâle que dans ses souvenirs, même le tatouage de son appartenance au régime hitlérien semblait comme avoir fondu.

Cette apparence quoique soigner caché une figure plus frêle qu'en 44, si on regardait bien on pouvait remarquer des joues plus creusé, des cheveux blonds qui étaient décoiffés et coupés de manière irrégulière, certaines mèches semblaient roussies, ces cheveux ne dépassèrent pas le haut de son cou. Il avait l'apparence d'un cadavre qu'on venait de déterrer et sur lequel on avait jeté des vêtements à la va-vite pour lui donner une impression de vivant. Comme une sorte de marionnette macabre.

Pourtant contre toute attente il se trouvait à présent devant lui, en chair et en os. Une certaine angoisse le saisit, il fallait qu'il mette à l'abri les deux petites filles, pour qu'elles ne soient pas témoins de ce qui pourrait arriver, sa présence était un signe de mauvais augure.

Les deux sœurs sentirent qu'une certaine tension avait pris place dans la pièce. L'aîné pris la petite main potelée de sa sœur et la conduisit dans le couloir à l'abri des conflits des adultes.

Une fois les enfants sortis, URSS referma la porte, il pouvait enfin respirer. Son regard n'avait pas quitté l'allemand, de peur que ce dernier ne disparaisse de son champ de vision et ne l'attaque. Ou alors il était victime d'une hallucination. Mais dans ce cas-là, America ne se serait pas comporté ainsi. Il fallait qu'il arrête de penser à des scénarios impossibles.

America restait assis sur un fauteuil vert foncé, tel un spectateur il observait la pièce qui se dérouler devant lui, la rencontre entre les deux ennemis mortels. Si cela avait été une pièce de théâtre comment l'aurait-il nommée, peut-être « L'Horloge du destin ne sonne pas deux fois » ce serait sans aucun doute une tragédie et où à la fin le méchant mourrait misérablement, écrasé par ses péchés et ayant tout perdu,ceux qui l'avaient précédemment suivi, se détournèrent de lui, même celle qu'il aimait, préféra la mort à sa présence et qui choisit plutôt de se jeter d'un pont que de passer une seconde de plus avec lui. Et à la fin celui qui rit de son malheur et celui dont personne ne s'attend. Quel autre titre et pièce pourrait-il imaginer, cette confrontation lui faisait aussi penser à une sorte de pièce comique, où personne ne peut mourir mais tout le monde disparaît et revient à n'importe quel moment de la pièce, ce qui la rend instable, créé de nombreux quiproquos ce qui fait beaucoup rire le spectateur. Mais bon pour le moment, il n'y aurait pas de petit chevalier qui viendrait pourfendre le Troisième Reich et URSS, pour sauver une quelconque princesse random ni il n'y aura une pieuvre géante qui viendrait interrompre ce combat de regard, non, pour le moment tout était calme, trop calme pour America, qui attendait de l'action, des révélations fracassantes, des injures entre ces deux ennemis.

Peut-être qu'URSS arriverait à faire suffisamment peur au boche pour qu'il lui délivre ses secrets. Cela ne pouvait qu'être positif. Après tout, le boche avait eu du mal à combattre ce chien de communiste sur le front de l'Est. Tant de soldats étaient mort dans cette guerre. Mais bon, il n'était pas l'heure pour les apitoiements, non, il voulait voir ce combat entre ces deux-là. Il l'avait précédemment raté à Berlin, ou du moins ce qui en restait de la ville. Il se souvenait de la si âpre odeur de soufre et de mort qui régnait dans les décombres de la capitale Allemande, rien que d'y repenser cela le faisait frissonner de plaisir.

Pour le soviétique, cette confrontation qu'il pourrait qualifier de surnaturelle. Restait un immense choque à encaisser. Il se souvenait, pourtant avoir vu son cadavre dans ce petit bunker dans la périphérie de Berlin, à exactement trois kilomètres dans un petit bois qui avait été bombardé d'obus la veille de son arrivée. Il se souvenait de chaque pas qu'il avait fait pour descendre jusqu'au dernier sous-sol, où son ennemi s'était réfugié. Ils avaient du emporter des lampes torches pour y voir quelque chose dans les tunnels et c'était dans la dernière pièce, dépourvu de meuble mis à part une table que s'étendait au sol, qu'il put voir ce qui restait du terrifiant Troisième Reich, un simple corps désarticulé qui gisait au sol sans vie. Son crâne avait explosé suite à la détente de son pistolet, les morceaux de sa cervelle décorée le mur gris, d'une couleur rougeâtre avec quelques taches plus rosées. La balle s'était logée dans le sol. Il était quasiment impossible de le reconnaître, si ce n'était grâce à certains détails qui étaient présents sur ses vêtements et sur ce qui restait de son corps. Il avait même demandé à un de ses médecins légistes, un grand blond, de recoudre le macchabée, sous l'ordre direct de Staline. Le jeune médecin légiste s'était appliqué avec grand soin à reconstituer le visage, qu'on aurait dit que le tyran s'était paisiblement endormi. Mais si on se penchait bien on pouvait apercevoir de très fin fils rouge et dorées qui maintenaient le visage en place. C'était un travail de maître, même Staline en avait été époustouflé par le savoir-faire du jeune homme, qu'il voulait voir s'il avait autant de compétence pour modifier le visage d'un homme vivant, ce qui leur serait utile pour des raisons d'espionnages. Mais au moment où Staline avait voulu forcer ce jeune homme à faire cette nouvelle tâche, ce dernier avait disparu, certains de camarades l'avait vu partir très tôt à l'aube, et des discussions qu'ils avaient eues avant son départ, le jeune homme avait comme objectif de partir dans les Balquans, pour chercher un phénix. Ces camarades avaient ri face à ces propos mais le jeune homme était sérieux. Et cela avait fortement énervé son dirigeant, qui avait piqué une crise en apprenant la raison de sa disparition, pour quelque chose d'aussi futile et il avait exigé qu'on parte tout de suite à sa poursuite pour le maintenir sur le territoire russe et qu'une fois capturée, il sera envoyé au Goulag pour désertion.

Une nuit à Paris (Countryhumans)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant