Les flocons de neige tombaient légèrement sur le rebord de la vitre du train, France les observait sans réellement les voir. Son regard était perdu dans le paysage, elle contemplait ces immenses plaines blanches, si solitaire et si pure. Cette innocente blancheur lui rappelait les draps de coton avec lequel on avait enveloppé le corps de ses nouveaux-nés avant qu'elle puisse les prendre dans ces bras. Les entourant de sa protection maternelle. Mais elle avait de nouveau échoué dans son rôle de mère.
France ne savait plus si elle pouvait encore se considérée comme une mère, après tout ce qu'il s'était passé. Combien de ses enfants avait-elle perdus, dans leurs premières années, du jour au lendemain ils disparaissaient et la dernière image qu'elle avait de ses pauvres enfants était leur visage livide, marqué par le baiser de la mort.France avait ainsi enterré peut-être quatre ou six de ses jeunes enfants voire plus si on comptait les nombreuses fausses couches qu'elle avait eues pendant son premier mariage. Son ancien mari lui avait reproché la perte de quasiment tous leurs enfants et avait ainsi justifié son adultère pour pouvoir selon lui avoir un héritier qui survive. Ce ne fut pas le cas.
Cependant, France avait entre-temps demandé à son roi Philippe Le Bel de pouvoir lui briser son mariage en échange de sa fidélité éternelle au royaume de France, aux terres du roi et à leur garder une place importante dans le monde malgré les siècles passants.
Une fois que son acte de mariage fut briser, les deux seuls enfants qui lui restaient durent vivre dans des cours séparés, son fils allant avec elle et sa fille allant dans la cour du Saint Empire Romain Germanique.
C'était ses deux seuls enfants qui avaient atteint l'âge adulte suivit quelques siècles plus tard par leur jeune sœur Nouvelle-France ou plus communément appelée à l'époque Sophie.
Hélas, aucun d'entre eux n'avait survécu, ni vu le début du XXe siècle. La première qui avait disparu fut Sophie durant la guerre de sept ans (de 1756 à 1763) suivit des décennies plus tard par son grand frère Auguste qui fut porté disparu peu de temps après , pendant la retraite de Napoléon du front Russe et enfin sa fille Guenièvre ,qui elle, fut brutalement tuée par son mari sous les yeux innocents de leur fils. France ne voulait plus penser à son petit-fils, son cœur était rempli de remords à son encontre. Elle aurait pu éviter que cette terrible guerre n'arrive et l'emporte lui aussi. Pourquoi avait-elle décidé d'écouter Royaume-Uni et America à ce moment-là, elle aurait mieux fait de pousser plus fortement son gouvernement à se préparer et à agir au plus vite face à une entrée en guerre imminente et qui fut si dévastatrice.
Peut-être était-ce sa faute si tout cela était arrivé.
Non, elle avait fait tout son possible ou du moins tout ce qu'elle pensait pouvoir accomplir en tant que femme durant l'entre-deux-guerres . Oui, elle n'aurait pas pu le sauver, c'était déjà trop tard pour lui , même si cette pensée lui fendait son coeur.
Ce jour de l'armistice, elle aurait tellement aimé que tout se soit terminé par une simple exécution et que tout son si lourd passé se serait simplement effacé de sa mémoire, du moins l'aurait-elle espérée, mais il avait voulu tout savoir sur pourquoi elle n'avait pas agi en cette journée fatidique de 1886. Le rappel de cette date faisait toujours l'effet d'un coup de poignard à France. Cette date suffisait à montrer son impuissance à sauver ses enfants malgré tous les efforts qu'elle avait déployés. Personne ne lui laissait le temps de pleurer ceux qu'elle avait déjà perdus et voilà qu'on en avait tué un autre. France avait eu énormément de mal à lui révéler toutes les raisons pour lesquels elle n'avait pas pu intervenir. Mais malgré ce qu'elle put lui dire cela ne suffit pas à combler la peine de son petit-fils. Dans un accès de colère mélangé au chagrin d'un deuil jamais terminé envers sa mère, il avait sorti son pistolet un luger P-08. Pointant le canon de son arme sur le front de sa grand-mère maternelle. Ses mains tremblaient alors que des larmes coulaient sur ses joues, se ressaisissant, il tenait plus fermement son luger P-08 avant de demander d'une voix briser par les sanglots :
-Pourquoi n'a tu rien fais pour sauver ma mère ? Pourquoi l'a tu abandonner à ce monstre ?! Je veux savoir...RÉPONDS-MOI ! C'était ta fille mais tu n'as rien fait ! Comment peux-tu encore te considérer comme sa mère ?
France se taisait, elle revoyait le visage radieux de sa chère fille Guenièvre enfant, jouant avec sa petite sœur, ce visage joyeux fut remplacé par celui-ci boursouflé dû à l'eau de la rivière et du temps passé dans cette eau cristalline . La vision de son corps distordu et brisé avait horrifié France, qui avait été prévenu en urgence par Alsace malgré les ordres de son nouveau chef d'État de ne jamais contacté France. Elle avait cherché son petit-fils partout mais après de vaines recherches durant plusieurs années elle avait du abandonner. Royaume-Uni lui avait sans cesse demandé d'arrêté, qu'elle ne le retrouverait sans doute jamais. America avait été plus cruel en disant que ce n'était qu'un gamin et qu'elle pourrait en avoir pleins d'autres et que cela ne servait à rien de provoquer une nouvelle guerre en Europe pour cela.
Elle lui avait rétorqué de se mêler de ses propres oignons et qu'il ne pouvait pas comprendre ce qu'elle ressentait alors.
Avec douleur, France du se faire à l'idée que son petit-fils avait du lui aussi succomber aux coups de son père et qu'il ne l'avait pas jeté à l'eau mais cacher le corps ailleurs. France avait alors juré devant la tombe de sa fille que jamais elle ne pardonnerait à l'Empire Allemand de les avoir tués et qu'elle ferait tout pour qu'il perde tout ce qu'il possédait même si pour pouvoir le faire elle devait de nouveau mettre le feu à l'Europe.Cette promesse elle l'avait tenu, et malgré les réticences de ses alliées, France lui avait fait subir un supplice à lui mais aussi à son pays et à sa nouvelle femme . La mort les avait cueillis tous deux lors d'un retour en Allemagne après la signature des traités de paix, leur voiture avait malencontreusement explosé.
Tout cela elle l'expliqua à son petit-fils avant de lui donner un des rares portraits de sa mère qui existait encore dans ce monde.Puis la guerre se termina avec sa mort.
France avait ressenti une grande peine en l'apprenant, car durant ces années de guerre elle avait appris à le connaître et comment il en était arrivé là. Ils avaient tous deux vécus de grand malheur entrecoupé par de brefs moments de joie et de véritable bonheur. France lui avait raconté sa jeunesse, n'épargnant aucun détail, il en fit de même , après 1918 il s'était senti extrêmement libre et avait rencontré au fil de ses métiers, sa femme, qui mourut durant la crise de 1929 le plongeant dans une immense dépression. Il ne lui restait plus que ces deux enfants, des faux jumeaux qu'il présenta à France lors d'un après-midi.
Le train arriva en gare et France tenta de penser à autre chose , car à quoi bon essayé de se souvenir de leur mignon petits visages , ils ne reviendraient jamais à la vie. Cette pensée la fit pleurer, et elle ne trouva pas la force de descendre de son train. Mais alors qu'elle tournait légèrement la tête vers la porte de son wagon, une petite fille aux cheveux roux nattés en une petite tresse qui tombait légèrement sur son épaule droite, la regardait de ses grands yeux verts olive . Surprise France la regarda sans pouvoir dire un mot. La petite fille fit tourner légèrement sa toge blanche avant de se mettre à courir hors de la vue de France . La pauvre femme se leva et avança vers sa porte. Regardant dans le couloir elle aperçut la petite fille qui lui fit coucou. France attrapa sa valise, et commença à courir après la petite fille qui ressemblait identiquement à sa défunte fille Célanie. La mystérieuse enfant quittant le train et se mit à courir dans la foule. France avait de plus en plus de mal à la suivre, elle bouscula plusieurs personnes qui râlèrent. Arrivé en dehors de la gare l'enfant l'attendait, souriant.
France s'approcha essoufflé par la course qu'elle avait faite. Elle regarda en détail la petite fille qui n'avait pas plus de sept ans. Celle-ci se jeta dans les bras de France murmurant à l'oreille du pays :
« Salve, Mater »
Un chapitre qui m'a prit un certain temps à écrire , j'espère qu'il vous a plus . Ce chapitre est en lien avec ma nouvelle Les derniers jours de Troisième Reich et avec le chapitre 4 d'Au bout de la Rose (pour l'introduction de nouveau personnage et des différentes relations).
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Une nuit à Paris (Countryhumans)
Genel KurguLes cloches sonnaient la fin de la seconde guerre mondiale, il était temps de reconstruire sur les terres dévastés d'Europe, de réparé le coeur des Hommes et restauré leur foi dans l'Humanité. Dans ce nouveau champs de bataille, une femme où plutôt...