On se remémore les saisons passées, chargée de souvenirs heureux

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A l'intérieur du petit salon, l'ambiance se voulait joyeuse avec la présence des deux fillettes de France, qui s'amusaient avec leur nouveau compagnon de jeu, un petit cocker roux. L'animal courra après les boules en aluminiums qu'elles lui jetaient au loin, à défaut de réel jouet. Rapportant fidèlement les petites boules dans les mains potelées des enfants. Cette scène de jeu innocente,  était pourtant surveillée avec une très grande attention par le Troisième Reich, qui se méfiait toujours des chiens à côté des jeunes enfants, leur comportement pouvait devenir imprédictible.Combien de fois avait-il vu passés dans la presse allemande, des petits articles déplorant des accidents malheureux, de ces attaques mortelles dues à des chiens mal dressés? Cela le mettait hors de lui, que des petits Allemands innocents meurent d'une si brutale façon. Il cherchait un coupable. Qui pouvait bien être le propriétaire de tous ces chiens?  Une seule catégorie de la population pouvait en être coupable, ces satanées Tziganes!  Voyageant partout dans l'Europe avec leurs animaux porteur de rage et de puces. Cela ne l'aurait pas étonné s'ils apportaient dans leurs bagages la peste et le choléra. Voir pire le typhus. Pourtant ce cocker semblait bien dressé, tout à l'heure dans les bois il l'avait testé en lui jetant au loin des bâtons. La bête avait réagi positivement, les cherchant joyeusement. MAIS, il aurait fallu qu'il soit fou pour le laisser jouer avec des enfants sans être là. Si URSS n'était pas aussi négligent il n'aurait pas à faire ça.

Le cocker s'approcha à quelques millimètres de Russie, ses crocs resplendissaient sous la lumière de la lampe murale. Le Troisième Reich fit un bon de son siège, faisant sursauter l'animal, qui repartit dans la direction de l'aînée des deux enfants. Personne ne remarqua ce geste, America était beaucoup trop occupé à fouiller dans les tiroirs du salon et à ranger ces trouvailles dans les poches de sa veste, tandis qu'Oliver lisait un livre Le rôdeur devant le seuil de Lovecraft, alors que Québec qui se trouvait à ce moment-là sur le canapé, avait le dos tourné à la scène.

Cette scène si minime qu'elle puisse paraître fit ressortir un souvenir à l'allemand:

Ma maison... Elle..mon épouse qui m'attend sur le palier, avec nos deux enfants. Un est dans ses bras, notre fille ou notre fils? Tout est flou, je ne peux pas les voir correctement. Ne disparaissaient pas!! Je vous en prie! Où suis-je à présent? Une tapisserie déchirée sur le mur gauche, des traces de feutres sur les autres murs. Ce dessin c'est celui  qu'a fait ma fille quand elle avait deux ans. Un instant de distraction et elle nous fait une oeuvre d'art sur le mur. J'espère qu'elle a pu continuer l'art après la guerre... Là voici. Elle est si mignonne accrochée au jupon de sa mère. De quoi a-t-elle peur? Ne pleure pas ma chérie. Papa est là!  Non, non je me souviens je venais de boire un verre avec mon frère Weimar. Je me sentais si mal. Il y avait quelque chose dans mon verre. Je me souviens des cris. Du chien de Weimar, un gros chien blanc. Et de ma femme hurlant d'aller appeler les secours, elle tenait le visage de notre fille dans ses bras, son petit visage blanc était ensanglanté. Cet sale bête l'avait attaqué. Et cet abruti de Weimar, rigolait devant la douleur de ma fille. Comme s'il aimait la voir souffrir. Je lui ferai payer.

Tu n'es plus à cette époque. Ce gros lard de Weimar est mort, tout comme son chien que tu as donnés en pâturage aux crocodiles du zoo de Berlin. Les petits sont vivants et en sécurité, elle n'a eu que des points de suture et une grosse cicatrice qu'elle cache sous ses cheveux. Pense à autre chose. Concentre toi sur l'immonde tapisserie du salon de Royaume-Uni.

Pourtant tout lui rappeler cette époque perdue, ce petit salon chaleureux, il en avait un similaire, certes moins grand mais mieux décoré après tout c'était sa Chérie qui s'occupait alors de la décoration. Sachant, où mettre chaque petit objet, chaque cadre de photo, chaque bibelot rapporté d'un de leurs rares séjours à l'étranger. Les entreposant sur leurs quelques meubles, modestes mais solides. Après tout, l'argent se faisait rare, on ne pouvait pas se permettre de l'utiliser pour tout et n'importe quoi. Rien que le strict minimum mais parfois on se faisait plaisir quand l'argent était là. A cette époque, il partait travailler tôt le matin pour rentrer tardivement le soir, manquant par l'occasion les petits plaisirs du quotidien, les bagarres enfantines de ces jeunes enfants et surtout son sourire. Lorsqu'elle les regardaient jouer, c'était là son plus beau sourire, son visage se tournait souvent de son côté, ses beaux yeux vert émeraude le regardant amoureusement, son sourire toujours aux lèvres, elle prononça de sa voix mélodieuse :

Une nuit à Paris (Countryhumans)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant