La silhouette de la jolie dame se détachait de l'encadrement de la porte, son corps si fin et robuste, qui avait suscité tant d'admiration et de haine de la part de ses congénères. Mais que rien ne semblait l'atteindre, ce n'était pourtant qu'une façade qu'elle affichait, intérieurement c'était une autre histoire. Aujourd'hui, pourtant elle se tenait droite et fière, pour donner l'exemple à ses filles qu'il fallait toujours rester forte dans toute les situations. Ses yeux argentés arpentèrent la pièce, se posant longuement sur l'américain dont elle ne pouvait pas cacher sa mine de dégoût, sa présence lui déplaisait et plus encore ses commentaires sexistes. Son regard croisa ensuite celui de l'allemand qui était resté pétrifié dans son coin, près de la bibliothèque. Il ne bougeait pas. Il contemplait la française qui lui semblait être pleine de vie et plus en forme que la dernière fois où ils s'étaient vus. Le pays déchu ne savait pas ce qu'il devait faire, la prendre dans ses bras, rejeter sa présence, être heureux de la revoir ou encore lui en vouloir pour des circonstances malheureuses dont elle n'avait aucun pouvoir.
L'homme savait qu'il aurait du quitter cette maison de malheur avant son arrivée, mais sa curiosité avait été trop forte et cette satanée mission qu'il devait accomplir, le maintenait dans cette douloureuse position à la voir elle. Pourquoi devaient-elles se ressembler autant ? Leurs visages étaient si similaire... Même l'expression de leur sentiment se traduisait de la même manière sur leur visage. Leurs petit sourire en coin. Des yeux pétillants de joie. Leurs longs cils clairs. Pourtant, elle, elle n'était plus de ce monde. Un monde qui lui avait été cruel et si injuste. Qui la fit souffrir même dans ces derniers instants de vie. Tandis, que sa Grobbuter existait encore parmi les vivants, enterrant avec chagrin ses propres enfants dans leur dernière demeure.
Lors de son réveil, il avait supplié le jeune homme de faire revenir à la vie sa mère plutôt que lui. De lui reprendre cette nouvelle et injuste vie qu'il lui offrait pour la donner à une innocente. Contre toute attente le jeune homme avait refusé, ses yeux d'un brun doré comme l'or le foudroyait et d'une voix pleine d'assurance, il lui ordonna de rester calme. Que cette nouvelle chance à la vie ne lui était donnée que dans l'unique condition qu'il repaye les péchés qu'il avait commis. Et seulement, lorsqu'il sera l'heure de repayer tous ses comptes et de passer en jugement suprême. Seulement là, il pourra revoir ceux qu'il aimait le plus. Ceux pour qui il avait brûlé ce monde de sa haine et de son chagrin.
L'allemand le savait que trop bien, qu'il était devenu un monstre, lorsqu'il avait tout perdu et dans son deuil il n'avait pas su protéger ses propres enfants, les contaminants de sa propre haine, comme l'avait fait son propre père. Cela le dégoûtait, non, le répugner de voir ce qu'il était devenu en quelques années, et que seulement à la fin, il avait enfin compris ses erreurs et les atrocités qu'il avait commises.
Trop tard.
Rien ne pourrait être comme avant. Le pays déchu savait que son jugement serait néfaste peu importe ce qu'il ferait pour se racheter. Il était allé trop loin.
L'inconnu avait attendu quelques minutes pour qu'il se remette de son choque, avant de lui expliquer la suite de ses révélations.
- Je souhaiterais de votre part plusieurs choses. La première est de partir pour la Sibérie, dans une petite ville du nom de ....
Ces pensées furent coupées net par la sensation de chaleur contre sa joue, France y avait apposé sa main. Elle pleurait. Etait-ce des larmes de dégoût ou de joie ? Etait-elle heureuse de le revoir ? Non ! Ce n'était pas possible, il devait mal interpréter son geste. Bientôt elle le giflerait, il n'était pas digne de son sang.
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Une nuit à Paris (Countryhumans)
General FictionLes cloches sonnaient la fin de la seconde guerre mondiale, il était temps de reconstruire sur les terres dévastés d'Europe, de réparé le coeur des Hommes et restauré leur foi dans l'Humanité. Dans ce nouveau champs de bataille, une femme où plutôt...