Chapitre 10 : L'interrogatoire

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A ce moment précis, je remarquai que la nounou avait fait irruption dans la chambre car les enfants avaient entendu la voix de leurs pères et voulaient lui faire un câlin. Satou nous avait entendu crier et avait tout fait pour les retenir et je suppose que c'est à ce moment qu'elle a entendu ce que je venais de dire, mais je vous assure que c'était uniquement sous l'effet de la colère.

Mohamed essaya de jouer son rôle d'avocat en disant :

-Mohamed : Ecoutez, ma cliente a répondu de manière honnête à vos questions. Je pense que cela devrait suffire.

-Inspecteur Dramé : Non. Il n'y a pas que cette fois qu'elle a menacé de tuer son époux. N'est-ce pas Mme Cissé ?

-Moi : Je ne sais plus.

-Inspecteur Coly : Vous aviez dit à votre meilleure amie que vous n'aviez qu'une envie, celle de tuer votre mari.

-Moi : J'avais même oublié cela, je vous jure. Quand je suis en colère, je dis n'importe quoi mais Dieu sait que je ne le pense pas.

Après la découverte de la tâche sur la chemise, Jules ne faisait que rentrer tard à maison et il ne me donnait aucune explication. Je n'en pouvais plus des disputes. Un soir j'ai téléphoné à ma meilleure amie histoire de me confier à elle :

-Moi : Bonsoir ma chérie. J'espère que je ne te dérange pas. Tu as l'air endormie.

-Maty : Non ne t'inquiètes pas. Ça va ?

-Moi : Je n'en peux plus de ce mariage Maty, je te jure.

-Maty : Que se passe-t-il encore ?

-Moi : Il me trompe. J'en ai la certitude.

-Maty : Ah oui ? qu'est ce qui te fait dire ça ?

-Moi : Quand il est revenu de son séminaire à Paris, je l'ai aidé à défaire sa valise et j'ai vu qu'une de ses chemises était tâchée de rouge à lèvres.

-Maty : Ah bon ? Tu penses qu'il y était avec sa maitresse ? Sais-tu qui c'est ?

-Moi : Non je n'en ai aucune idée mais ce qui est sûr, c'est qu'il me trompe et je ferai tout pour découvrir avec qui. Je n'ose même pas le regarder tellement il m'énerve. J'ai envie de l'étriper !

-Maty : Arrête de dire n'importe quoi ! Tu es en colère c'est tout.

-Moi : Je veux le blesser comme il est en train de me blesser. Je vais le tuer Maty, je te jure.

-Maty : Tu n'en feras rien. Tout cela passera. Ne t'en fais pas. Essaie de te reposer et de te calmer.

-Moi : Je vais essayer.

-Maty : Accroches-toi, ça va aller. En tout cas dès que tu auras du nouveau appelles moi stp.

-Moi : Ok ça marche. Bonne nuit et doux rêves.

-Inspectrice Coly : Avez-vous fréquemment des excès de colère ?

-Mohamed : Ne répondez plus Mme Cissé.

Mohamed savait rester très professionnel. Nous nous tutoyons habituellement mais il ne voulait surtout pas que la police sente qu'il y avait de l'affinité entre nous.

-Mohamed : Que voulez-vous concrètement ?

Le Commissaire Ndiaye qui était debout contre le mur depuis le début répondit à la question que venait de poser mon avocat :

-Commissaire Ndiaye : Depuis le début de cette affaire, toutes les preuves accusent Mme Cissé. De plus, toutes les personnes que nous avons interrogées, pensent que sous l'effet de la colère elle aurait bien pu commettre ce meurtre et nous sommes du même avis. Il faut que nous placions Mme Cissé en détention provisoire !

-Mohamed : Sur quelle base ? Uniquement celle de vos divers témoignages ?

-Commissaire Ndiaye : Pas seulement sur cela, mais également ses empreintes figurant sur l'arme du crime !

-Mohamed : Commissaire, tout ce que vous dites, n'est que pure spéculation. Le couteau utilisé pour tuer M. Cissé appartenait à sa femme, donc quoi de plus naturel que d'y trouver ses empreintes. Etant donné que ma cliente est présumée innocente, je mets fin à cet interrogatoire ! Ma cliente a bien voulu coopérer mais là, c'en est trop.

Mohamed se leva et j'en fis de même. Personne ne nous retint ou s'y opposa. Ils nous regardèrent quitter tranquillement la pièce mais je sentis que ce n'était pas fini!

Une fois dans la voiture de Mohamed, l'ambiance fut tendue. Il n'était pas content et c'était flagrant. Ce fut le silence total pendant dix minutes avant qu'il ne commence à faire des reproches :

-Mohamed : Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu avais menacé de tuer ton mari plusieurs fois ? Tu m'as raconté pleins de choses, mais tu as tout simplement omis les plus importantes ! Tu te rends compte que si je n'avais pas été là il t'aurait mis directement aux arrêts. Je suis ton ami avant d'être ton avocat alors je te demande d'être honnête avec moi. Pour dire vrai, je commence à douter de ton innocence.

Lui qui m'avait soutenue jusque-là, se mit à douter de moi. Cela me faisait terriblement mal. D'une voix tremblante, je lui dis :

-Moi : Je n'étais pas encore arrivée à ce stade dans mon récit, mais ce n'est pas quelque chose que je comptais te cacher.

Il ne répondit pas. Je ne voulus pas insister. Il se contenta juste de me déposer devant chez sa sœur et de repartir.

Une fois dans la maison, Ramata me demanda comment s'était passé l'interrogatoire. Je lui expliquai tout dans les détails. Elle commença à m'engueuler :

-Ramata : Mais qu'est ce qui cloche chez toi ? Tu commets des erreurs qui peuvent t'être fatales ! Surtout que tout t'incrimine.

-Moi : Tu penses que je n'en suis pas consciente ? D'accord, j'ai menacé de tuer mon mari à plusieurs reprises mais cela ne fait pas de moi une tueuse. J'étais en rogne Ramata, peux-tu comprendre cela ? Je n'ai pas pesé mes mots. Ça ne t'arrive pas de balancer à la figure de Badou des propos désobligeants quand vous vous disputez ?

-Ramata : Si, mais jamais que je le tuerai ou que je l'étriperai !

-Moi : Donc toi aussi tu penses que je suis coupable c'est ça ?

-Ramata : Je n'ai jamais dit ça.

-Moi : Tu n'as pas besoin de le dire, ça se voit. Tu as un visage tellement expressif Ramata. Tu sais quoi ? Je vais me coucher. Je n'ai plus envie de poursuivre cette discussion ! Tu es ma sœur et tu sais que je suis incapable de faire du mal à une mouche.

-Ramata : Pourquoi n'es tu jamais venue me parler de tes problèmes avec Jules ? Je suis la seule famille qu'il te reste et malgré ça tu préfères te confier à une inconnue plutôt qu'à ta propre sœur.

-Moi : Maty n'est pas une inconnue et tu le sais. J'ignore pourquoi tu ne l'as jamais aimé. Ça ressemble plus à de la jalousie.

-Ramata : Jalousie ? Jamais. Je n'ai pas cet état d'esprit moi. La preuve quand tu n'allais pas bien, c'est moi qui l'ai contactée. Ce que je ne comprends pas et que je n'ai jamais compris, c'est pourquoi tu la vénères autant. Je suis ton sang, ta seule famille et ta grande sœur. Et ça m'attriste de découvrir que ton ménage battait de l'aile et que je suis la dernière à en être informée.

-Moi : Je suis désolée Ramata. Je ne l'ai pas fait par manque de confiance mais uniquement de peur d'être jugée. Après tout, j'ignore également ce qui se passe au sein de ton ménage.

-Ramata : C'est tout simplement parce qu'il n'y s'y passe absolument rien. Mon mari et moi nous disputons comme le font tous les couples mais sans plus. Il n'est pas parfait et d'ailleurs qui l'est? Tu pouvais m'en parler.

-Moi:  Je ne pouvais pas Ramata. C'est tout!e b   b                                   

J'ai toujours fait croire à ma sœur que j'avais le ménage parfait. Elle avait l'air si heureuse avec son mari que je voulais renvoyer la même image qu'elle. Je coupai court à notre discussion car j'étais fatiguée. J'avais besoin de me retrouver seule.

.............................................................. Fin du chapitre ..............................................................

Haute trahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant