Prologue

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-Ma petite, ma petite ... si tu t'obstines à être si têtue tu vas encore avoir des soucis.

L'homme surplombe la petite fille de neuf ans, le regard de colère qu'elle lui renvoie l'amuse plus qu'autre chose. Voilà enfin une victime qui mérite qu'on s'attarde,se dit-il.

L'homme n'en est pas à son premier coup. Mais celle-ci, il veut la garder. Les autres enfants n'étaient que des pleurnichards « Maman, je veux ma Maman gna gna gna », alors que cette petite là n'a pas émit la moindre supplique. Il ne l'a pas traité avec plus d'égards que les autres, au contraire, mais elle serre les dents et ne perd pas sa combativité malgré les divers châtiments qu'il lui inflige.

-Tu ne veux pas manger. Soit que dirais-tu d'avoir ce joli dessin encré sur ta peau ?

La fillette ne répond rien, le fixant toujours de son regard noir.

-Rien ? Dans ce cas, allons-y.

Il pose le tisonnier dans le brasier de la cheminée et ligote sa petite martyr de façon à avoir son dos comme toile pour sa prochaine torture. Il la caresse doucement mais elle tente de se débattre. Un sourire machiavélique s'agrandit sous le masque de l'homme, non il ne la reprendra pas. Pas maintenant. Il lui laisse un peu de temps pour se remettre ; le jeu n'en sera que plus excitant ...

Le tisonnier est maintenant prêt.Le métal rougeoie et le manche dégage une chaleur difficilement supportable sur la paume de main de cet homme déviant.

-Serre les dents Siobhan.



-Siobhan ! Siobhan Geller ! Debout ! On va louper la cérémonie si tu traînes encore au lit !

Ma colocataire et meilleure amie me réveille en criant dans la chambre que nous partageons depuis maintenant plus d'un an.

-C'est le grand jour ! Crie-t-elle surexcitée.

Je m'étire et me frotte les yeux. Finalement après toutes ces années, mes efforts sont récompensés. Toutes ses heures de sports, de révisions, d'entraînements n'auront pas été vaines et je souris en me redressant sur les coudes.


Fiona Schmitt ma coéquipière depuis le premier jour est en train de défroisser sa chemise une dernière fois. Sa longue silhouette filiforme immobile, laissant uniquement ses bras s'agiter sur la table à repasser. Pour l'occasion, elle a rassemblé ses cheveux roux de la façon la plus protocolaire possible : le chignon.

Pour ma part cela va être compliqué ... mes cheveux noirs et bouclés n'arrivant pas plus bas que mon menton, je vais devoir les discipliner du mieux possible, ce qui n'est pas une mince affaire.

Constatant l'ampleur de la tâche qui m'attend, je saute du lit et me précipite dans les douches communes du dortoir. Pourvu qu'il reste encore un peu d'eau chaude.


Avant que mon amie n'ai terminé de s'habiller, je suis de retour dans la chambre, enroulée dans une serviette de bain.

-Tu veux bien m'aider pour mes cheveux, s'il te plaît ? La suppliais-je en me séchant rapidement.

J'enfile mon uniforme et lui laisse ma chevelure pendant que j'appose un peu de mascara sur mes cils. Mes yeux bleus pétillent de joie en ce jour où ma carrière va enfin débuter.


L'an passé, la police de New York a lancé un projet test concernant une nouvelle brigade d'enquêteurs sur-entraînés ayant suivi des cours de psychologie avancée : Une sorte de profiler doublé d'un John Wick.

Chaque poste de police de l'état de New-York doit accueillir au moins l'un de nous et si l'essai est concluant, d'autres villes suivront.


Les cours n'ont pas été une mince affaire et je peux me vanter haut et fort de terminer major de ma promotion. Le contraire m'aurai déçu et je sais que mes parents vont être extrêmement fiers de moi.

Aujourd'hui, on nous remet nos diplômes et on nous affecte dans les différents postes de New-York. Mon discours en main, Fiona et moi rejoignons nos collègues et sommes prêtes à commencer notre vie d'agent.

Nos familles et amis sont tous réunis dans la salle de conférence du centre où nous avons vécu tous ensemble pendant ces dernières mois. Nous avons eu beaucoup de pratique et de nombreuses semaines d'immersion dans divers scènes de crimes. Le quartier général West New-York est celui qui m'a accueilli le plus souvent. Je dois normalement y être assignée car le Capitaine est comme mon parrain. On peut prendre cette affectation comme du favoritisme mais en étant major de ma promo, j'espère bien pouvoir profiter de ce traitement de faveur.


Alignés, au bord de l'estrade nous attendons un signe du Commissaire pour nous asseoir. Mais il attaque son discours directement en me faisant signe de le rejoindre.

Le cœur battant, je gravis les trois marches qui me sépare de lui et me poste deux pas derrière. De loin j'aperçois mes parents, ma mère pleure et mon père n'en ai pas loin. Il faut que je me concentre, je ne dois pas pleurer. Sinon mes collègues me le feront payer pendant toute ma carrière. 


Le Commissaire chante les louanges de notre promotion et me laisse la place. J'ai prévu des remerciements plus qu'un discours, à l'attention de mes instructeurs, mes collègues, la brigade de West New-York (WNY) qui m'ont accueilli et bien sûr mes parents. Puis le moment de recevoir notre insigne ainsi que nos affectations arrive enfin.

Fiona trépigne d'excitation et me lance de nombreux regards impatients.

-Agent Geller Siobhan. Quartier général de West New-York.


Enfin !


La cérémonie se termine et Fiona me saute dessus.

-On est à dix minutes l'une de l'autre c'est génial ! Me crie-t-elle dans les oreilles.

-Félicitations, nous disent mes parents en se joignant à nous.

Ma mère m'étreint tout en essayant de retenir ses larmes mais je ne lui en tiens pas rigueur. Je sais qu'elle est fière de moi mais ne peut s'empêcher d'être inquiète.


Le Capitaine Stilson s'approche de nous a grands pas, je sais que lui aussi voulait être présent.

-Agent Geller, félicitations et bienvenue parmi nous.

Il me serre la main et se penche pour me chuchoter.

-J'aurai bien été plus démonstratif mais je ne pense pas que ce soit bien vu par mes pairs.

Je hoche la tête avec un sourire qu'il me rend.

Des rides creusent maintenant le coin de ses yeux marrons et ses cheveux sont presque entièrement gris mais je le vois toujours comme l'homme qui m'a retrouvé courant pour ma survie en plein quartier dangereux du Bronx, il y a dix-sept ans.


J'ai été kidnappé à l'âge de neuf ans et malgré toutes les présomptions de la police et de la ville de Princeton qui pensaient que j'étais décédée, j'ai réussi à m'échapper. Non sans séquelles mais j'ai survécu.


Pendant deux mois, je n'ai pas dit un mot puis je me suis livrée au Capitaine Stilson, détective à l'époque, car je n'avais confiance qu'en lui. Mais j'avais trop tardé et le monstre qui m'avait fait endurer ses tortures pendant cinq jours avait déserté les lieux.  


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