Scars

Chapitre 12

Zoey m'observe et commence ses confidences. 

-C'est un homme bien. Il est gentil, investi, drôle mais avec une compétitivité machiste tout à fait énervante ! Je dirai que c'est son principal défaut.

Je la laisse continuer.

-Il nous a parlé de toi avant ce soir. Et il était un peu perdu que tu le repousses et encore plus quand tu l'as invité.

Cette fois c'est elle qui essaye de savoir pourquoi, mais elle peut toujours attendre pour que je lui révèle mes secrets. Le silence s'éternise puis elle reprend.

-J'espère que tu sais ce que tu fais, car j'aimerai bien qu'on soit amie mais si tu lui fais du mal, ce ne sera pas possible.

Si je lui fais du mal ? Je n'avais jamais pensé à cette possibilité et je me sens encore plus mal à l'aise vis à vis de lui. En même temps, je ne lui mens pas, c'est une omission consciente, si nous devenons assez proches, je lui en parlerai.

Je déteste penser à ce cauchemar mais dès que je pense à Evan, il ressurgit comme un beau diable qui sort de sa boîte. C'est épuisant psychologiquement.

-Je ne te savais pas si bonne imitatrice, me sourit Evan en se rapprochant de moi. Mais je suis certain que je danse mieux que toi ?

Est-ce-que ce serait cette compétitivité dont m'a parlé Zoey ?

-Je t'en prie, lui dis-je en lui montrant la piste. Éblouis-moi, Vincent Vega (ndla : partenaire de danse de Mia Wallace dans Pulp Fiction, joué par John Travolta) .

Il sourit et se lève avant de se diriger à l'opposé de la piste. Qu'est ce qu'il mijote ?

Les premières notes de You never can tell de Chuck Berry s'élèvent et Evan revient vers moi en dansant.

Il est magnifique et putain ... il a le rythme dans la peau !

Il me prend la main et pendant que la foule nous laisse une place, nous refaisons notre propre scène de ce film culte.

Je ris à gorge déployée en le voyant imité John Travolta à la perfection tandis que je fais de mon mieux pour ne pas être ridicule.

L'ambiance du bar est survoltée puis lorsque la chanson se termine tout le monde s'applaudit.

Evan s'approche et me prend dans ses bras continuant à danser sur la chanson suivante, son corps se moulant contre le mien et pour une fois cela ne me dérange pas, bien au contraire. Nous nous mouvons au rythme lent de la chanson et profitons de ce contact à la fois doux et complice.

Puis la chanson arrive à son terme.

-Je n'ai pas de trophées à t'offrir mais tu as toute mon admiration, lui assurais-je. J'ignorais que tu étais si bon danseur.

-Et ce n'est qu'un de mes nombreux talents, me chuchote-t-il en me faisant tourner sur moi-même. Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre l'un de l'autre.

Il a raison. J'acquiesce puis me retrouve de nouveau contre lui pour une nouvelle danse.

Fiona nous interrompt alors que j'ai la tête posée sur son torse, les yeux fermés.

-Eh ma chérie ! Je vais y aller ...

A ces mots, je redresse la tête et fronce les sourcils en revenant sur Terre. L'homme avec qui elle dansait un peu plus tôt se tient à ses côtés.

-Tu m'envoies un message pour me dire que tu es bien rentrée, me sermonne-t-elle. Evan je compte sur toi,tu la raccompagnes ou la mets dans un taxi. Okay ?

Depuis quand se fait-elle si protectrice ?

-Je sais me débrouiller ...

-T'inquiètes pas, je veille sur elle, m'interrompt Evan.

Ma meilleure amie s'en va en embrassant goulûment son casse-croûte du jour.

-C'est bien la première fois qu'elle agit de cette façon, dis-je à mon partenaire.

-Même si elle n'avait rien dit, je t'aurai proposé de te raccompagner, me sourit-il.

A ces mots, il se penche et soude ses lèvres aux miennes. D'instinct ma bouche s'entrouvre, lui donnant accès à ma langue et le souvenir de nos baisers fiévreux échangés dans sa voiture me percutent tel un cheval au galop. Je resserre ma prise sur sa nuque et colle ma poitrine contre son torse. Cette sensation est divine ... ses mains effleurent, plus qu'elles ne touchent, ma taille et mes hanches puis remonte le long de mon dos jusqu'à ma nuque pour se perdre dans ma chevelure. Un gémissement s'échappe de ma gorge et je me fige.

C'est moi qui est émis ce bruit ?

Avant que je ne gamberge trop, Evan me serre dans ses bras, posant son menton sur le haut de mon crâne puis continue à tanguer au rythme de la musique, frottant doucement mon dos. Je finis par me détendre de nouveau et profite d'être contre lui.

-Je vais devoir y aller, lui dis-je alors qu'une autre chanson se termine.

-Okay, je te raccompagne.

-Tu n'es pas obligé, tu sais.

-J'en ai envie. Cela nous donnera l'occasion de discuter.

Nous saluons ses amis puis prenons la route vers le parking. La température extérieure ne doit pas dépasser les deux degrés. Je grelotte avant même d'arriver à sa voiture.

-Tu n'as pas trop bu ? Lui demandais-je soucieuse.

-Une bière. Je ne suis pas porté sur l'alcool ma mère est alcoolique, ça m'a appris à être raisonnable.

Première révélation.

-Tu as toujours tes parents ? Me demande-t-il

-Oui et ils sont mariés depuis trente-cinq ans.

-Wahou ! C'est tellement rare de nos jours. Moi les miens ont divorcé quand j'avais huit ans et mon père a obtenu ma garde.

Il monte le chauffage dans sa voiture pour que je cesse enfin de grelotter.

-Quelle idée de sortir en robe par ce froid ! Me charrie-t-il en se frottant les mains l'une contre l'autre.

-Fiona.

-Ah bon ? Je croyais que tu essayais de t'habituer pour le mois qui t'attend.

-Ne crois pas avoir gagné ...

-Tu as un nouveau suspect ?

-Oui mais je dois attendre lundi pour l'interroger.

-Pourquoi ? Et si il se sauve durant le week-end ?

Je suis rassurée de savoir qu'il pense comme moi.

-Pilas avait un empêchement et le capitaine n'a pas voulu m'attribuer un autre collègue.

-Je peux t'accompagner si tu veux ?

-Tu ferais ça ?

Je le regarde sceptique.

-Bien sûr ! Alors on va où ?

-Au Poséidon.

-C'est un bar gay !

-Ouais et ? On entre, on l'interroge pour que je me fasse une idée et on se tire.

-Okay, c'est parti : Mia Wallace et Vincent Vega partent à la chasse !

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