Chapitre 8

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Après le dîner, je traîne un peu en aidant Fiona à faire la vaisselle. Je dois lui parler mais je ne sais pas par où commencer.

-Tu tires une de ses têtes, me dit-elle inquiète. Qu'est-ce-qu'il y a ?

Aller, c'est maintenant ou jamais !

-On se connaît depuis longtemps maintenant et tu es ma meilleure amie, commençais-je.

Elle ferme le robinet et s'essuie les mains avant de s'asseoir à table et de me faire signe de la rejoindre.


-Tu ne m'as jamais questionné sur mes cicatrices ?

En étant colocataires durant tous ces mois, il est impossible qu'elle ne les ai pas remarqué.

Une longue marque remonte à l'intérieur de mon bras droit, plusieurs autres parsèment mon dos, mes jambes, même si les années les ont énormément atténué. Huit traits verticaux alignés sont gravés en travers de mon ventre : j'étais la huitième victime. Puis il y a ma cicatrice boursouflée due à la brûlure au fer rouge qu'il m'a infligé, elle se situe un peu en dessous de mon omoplate gauche. C'est celle qui me répugne le plus, car j'en garde un vif souvenir. Le bruit et l'odeur de ma chaire qui brûle, cette sensation, mes hurlements ... Rien que d'y penser j'en ai la nausée.


-Je pensais que tu ne voulais pas en parler. Tu essayes tellement de les dissimuler que je n'allais pas te les rappeler.

J'acquiesce en silence.

-Ma psy dit qu'il est temps que je t'en parle.

-Tu l'as vu aujourd'hui ? Tu ne te sens pas bien ?

L'inquiétude se lit sur son visage et je me sens chanceuse d'avoir dans la vie des personnes qui se préoccupent autant de moi.

-Evan ... il m'a raccompagné hier soir et il a parlé de « nous ». Ça m'a effrayé.

-Oh ... sourit-elle avec compassion. 

-Docteur Driscol dit que tu ne peux pas me comprendre tant que tu ne sauras pas et que je ne pourrais donc pas m'appuyer sur tes conseils.

-Elle n'a pas tort ...

-Je sais.


Je joue nerveusement avec mes doigts tout en cherchant la meilleure façon de parler de ce qui m'est arrivé. Une idée me vient à l'esprit.

-Tu n'as jamais trouvé que mon nom te disait quelque chose ?

-Comment ça ?

-Siobhan Geller. Tu ne l'avais jamais entendu avant de me rencontrer ?

Elle fronce les sourcils en réfléchissant puis me regarde d'un air grave.

-Une série de meurtres sur des enfants il y a presque vingt ans. On a survolé le dossier en école de police. Tu veux dire que la fillette qui s'est échappée ...

-Oui ... C'est moi.

Elle se couvre la bouche de ses mains en jurant. Puis se reprend.

-Mais ... Tu ... Comment ? ... Tu... Je ne sais même pas quoi dire, m'avoue-t-elle finalement après plusieurs tentatives.

Je suis soulagée qu'elle se souvienne de cette histoire, au moins je n'ai pas besoin de la raconter.

-Je n'avais pas fait le rapprochement vu que tout le monde t'appelle Jo ... Et puis l'affaire est tombée dans l'oubli des cas non-résolus. Je croyais que tu avais eu un grave accident, ou autre chose ...

ScarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant