24° Nébuleuse

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Sélène


Elle avait les yeux marrons.

C'était la première chose que je remarquais.

Un rayon du soleil tranchait son visage en deux et sa pupille brillait sous la lumière blanche.

Elle était grande. La peau hâlée, de longs cheveux bruns.

Et elle me regardait.

- Buongiorno, me répéta-t-elle.

- Bonjour, répondis-je, hésitante.

- Française, lâcha-t-elle avec un fort accent italien.

Le regard perçant, elle avait les yeux plantés dans les miens, comme si elle cherchait à fouiller mon âme et à trouver les réponses à la lumière de mes pupilles.

- Vieni, dit-elle avant de tourner les talons et de se diriger vers le salon.


Je la suivais, hésitante, et mon regard s'attarda sur la porte d'entrée lorsque l'on passa devant.



Dante, rentre vite.



Mon cœur battait la chamade, et mes mains tremblaient légèrement. Peut-être allait-elle me dire de ne plus jamais approcher son fils. De plus, j'étais française, ne parlait que quelques mots en italien et en comprenait à peine plus. Et surtout, je craignais de ne pas avoir la bonne couleur de peau.

La mère de Dante me tira une chaise et me fit signe de m'y asseoir. Je m'installais autour de la table et la regardai alors s'affairer dans la cuisine américaine. La table était près de la fenêtre. Je passais doucement mes mains sur le bois vieillit, sentant les boursouflures de la matière sous mes mains.

Le bruit de la bouilloire sur le gaz était oppressant. L'eau chauffait, bouillait. Mon heure se rapprochait. Quelques instants passèrent. J'observais la mère de Dante remplir deux tasses. Et quelques instants plus tard, elle les posait bruyamment sur la table.

S'asseyant face à moi, je pouvais sentir mon cœur s'affoler dans ma poitrine tandis que mon malaise grandissait. Je ne savais rien dire en italien, la communication allait être compliquée.


- Maria, me dit-elle, le regard toujours planté dans le mien.


- Sélène, répondis-je, mal-à-l'aise.



Elle acquiesça puis regarda un instant par la fenêtre. La journée commençait à Palerme et le brouhaha de la rue renaissait lentement après une nuit de silence.


Maria reposa ses yeux sur moi.

- Mon mari était français.

Elle marqua une pause, puis poursuivit :

- J'ai vécu deux ans en France. C'est un beau pays. Que fais-tu en Italie ?


Malgré son accent très fort, je m'apercevais quelle parlait très bien le français. Soulagée de pouvoir lui parler sans embûches, je lui répondis plus légère :

- Ma mère est italienne. Sa mère habite à La Loggia. Je viens voir Nonna l'été.

- Ti piace Palermo ?*

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