26° Respire

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Sélène



Et soudain, la valse se suspend. La danse s'arrête, et puis, tout s'écroule.

Je me sentis tirée en arrière, tandis que tout mon corps se figeait sous la terreur.



Une main me plaqua contre le mur après m'avoir tiré sur quelques mètres.



- Ne refais plus jamais ça.



Effrayée, je levais lentement les yeux. Ma poitrine se soulevait lourdement, et mes yeux croisèrent ceux de mon interlocutrice.


Prise d'incompréhension, j'eus un léger mouvement de recul. L'amie de Dante que j'avais croisé au Teatro Massimo se tenait là, le regard foudroyant.

- Suis-moi.

La grande brune tourna les talons et pressa le pas. Elle jeta un dernier regard par dessus son épaule et tourna au coin de la rue. À mon tour, j'inspirais un bon coup et m'élançais à sa suite.







-:-



Les rayons de soleil perçaient les vitres du café. La lumière s'écrasait sur le visage de la fille, se reflétait sur ses cheveux qui brillaient sous le blond soleil.

On s'était installées au fond du café, loin des autres clients.

- Come ti chiami ?* lui demandais-je, hésitante.

- Dora.

J'acquiesçais tandis que nos boissons arrivèrent. Dora avait des yeux verts perçants. Ses cheveux noirs accentuaient cette intensité qui émanait d'elle. Elle me rappelait la panthère noire. La grâce associée à la plus grande férocité.

- Tu ne le connais pas, lâcha-t-elle avec un fort accent.

- Pardon ?

- Dante. Tu ne sais pas qui il est.

Un ange passa. Je gardais le silence, la regardant dans les yeux, cherchant à comprendre ce qu'elle voulait de moi.

Et soudain, des images de Dante le visage tuméfié me revinrent. Son ami Luciano qui m'avait menacé. Et puis cette scène. Cet homme battu à mort.

Ma respiration s'accéléra et j'eus soudain extrêmement chaud. J'avais vite deviné ce que faisait Dante. Qui il était. Mais j'avais décidé de regarder ailleurs. Après tout, ce n'était que pour un été.

- Tu te trompes, Dora. Je sais.


La grande brune réprima un rictus et se pencha vers moi.

- Ici, c'est la mafia, mia cara.


Dora se recula au fond de sa chaise et murmura :


- Ici, c'est La Cosa Nostra.


Un frisson me parcouru tandis que je fus envahie d'une nouvelle bouffée de chaleur. C'était les mots. Mettre des mots sur ce que je savais, lui donner une réalité.



Dora esquissa un sourire triste et poursuivit :


- Tu sais, Sélène, ici, on a des rêves pleins la tête. On veut tout. On veut briller sous les diamants, mais on est que des petites frappes. La pauvreté nous bouffe, nous ronge, et à la fin, tout ce qui nous reste, c'est nos vespas, et nos rêves qu'on poursuit, sans jamais avoir les moyens de les réaliser. Et puis, la mafia, elle règne en maître. Elle prend les garçons, sacrifie les jeunesses, fait de femmes des complices. On est esclaves et maîtres à la fois d'un système qui nous asservit et nous sauve. Toi, tu dois rester loin de tout cela. Tu n'es pas d'ici. Tu peux encore t'enfuir.

Là, sous la lumière dorée qui traversait les vitres, Dora me semblait un ange déchu. Ses yeux verts brillaient, et toute sa douleur émanait de son être, telle une aura solaire. Elle leva les yeux vers moi :

- C'est mon ami. On a grandis ensemble, tu sais. Mais il est dans l'organisation. C'est trop tard pour lui, Sélène. Il venait de naître que c'était déjà trop tard pour lui.

Dora ferma les yeux, et une larme perla le long de sa joue. Mon cœur se serra. Elle savait.

Et puis, dans une expiration qui semblait la cisailler de l'intérieur, elle murmura :


- Dante va mourir.




























...

* Comment tu t'appelles ?



-:-

Suspense, suspense ...

Jusqu'ici, que pensez-vous de cette histoire ? Dites moi tout, lire vos avis me ferait très plaisir !

Il ne reste plus que quelques chapitres avant la fin

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