Chapitre à lire avec la musique pour plus d'intensité....
Sélène
Il y avait cette mélodie. Un cri du cœur silencieux, une douce réminiscence des beautés déchues. La corde ténue de la lyre qui tremble et s'échine.
La lumière de Palerme canardait ma chambre de ses rayons. Il faisait atrocement chaud, et le soleil à son zénith parvenait à illuminer les ombres de mon âme.
C'était mon dernier jour.
J'étais déjà nostalgique, et le duvet de mon lit, la forme de la fenêtre par laquelle s'infiltrait les rayons, les rues pavées de Palerme, tout cela me semblait loin, comme si je déambulais dans un rêve.
Les voiles ne volaient pas. Ils restaient immobiles, car la chaleur ne laissait passer l'air. J'étouffais sous la mitraille de l'étoile diurne, essayant de trouver une position confortable sur mon lit.
Mais je me délectais de ces instants. De cette langueur qui n'existe que durant les longues journées d'été. De ces ennuis passagers, de cette contemplation du temps, furtif et long, allongée sur le lit, à l'orée du soleil tapageur.
Je pensais à Dante, et mon cœur se serra soudainement. Moi, je n'étais que de passage. Une vive bourrasque, de celles qui décoiffent, bouleversent le sentier sur lequel elles sont passées. Mais le temps replace les graviers, et Dante m'oublierait. Lui, sa vie c'était la violence. Être complice de crimes, tuer, voler, mentir, survivre.
Et je ne voulais avoir peur. Ni de lui, ni de ses actes. Parce que même si nous nous oublierons, même si nous oublierons nos voix, nos visages, nous ne pourrons oublier nos sentiments. L'impression, vivace, d'être éternels. La joie infinie d'effleurer l'infinité. Non... nous nous souviendrons de nos virées en vespa sur les sentiers côtiers, de nos rires et de nos rêves sur les plages nocturnes. De nos amours dans les draps de soie sentimentale.
Ça, nous ne l'oublierons pas.
Me relevant furtivement, je fus prise d'un vertige.
Il faut que je lui dise au revoir.
Mon cœur battait la chamade, et il se tordait de douleur à l'idée de devoir repartir. J'avais vécu au milieu des cieux, dans une éternelle lumière bicolore, ocre et rouge, celle qui te réchauffe et t'absous. L'été, l'été ! Ah! Cela avait été si beau.
Me précipitant hors de l'appartement, j'enfourchais mon vélo. Le soleil me brûlait la rétine, et mes poils se hérissaient sous les battements de mon cœur.
Boum boum.
Je slalomais entre les rues de La Loggia, la tête dans les nues.
Boum boum.
Je revivais les premiers jours, les premiers battements du cœur, les premiers frissons. Je revivais la passion, comme si elle devenait éternelle.
Elle m'appartenait.
Juste là, dans mon cœur, cachée dans une ombre.
Via Lungarini.
Laissant mon vélo contre le mur de son immeuble, je me précipitais à l'intérieur.
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D I A M O N D S
Romance1999. Au large des côtes siciliennes, Sélène rencontre Dante. L'attirance est immédiate, irradie le corps des amants tel le fer chaud qui les marquera à jamais. Petit délinquant en vespa, Dante vient d'un milieu pauvre, gangrené par des rêves de gra...