Le cours de chant

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Thérèse

Cet après-midi j'étais un peu nerveuse, le grand Maestro Antonio Salieri venait chez moi. Je me regardais dans le miroir, je devais paraître jolie pour lui. Il doit s'intéresser au style des femmes de la cours comme tout les hommes. D'ailleurs, cette Maria Rosenberg me regarde d'un mauvais œil depuis un moment. Serait-elle jalouse ? Elle est pourtant considérée comme la plus belle femme de la cours... J'en avais que faire, tant que je plaise à Salieri, je suis satisfaite ! Non je ne suis pas amoureuse, enfin je crois...  Il me fait simplement rougir.. J'avais toujours peur de bégayer ou de dire quelque chose de stupide devant lui... Et puis, il se démarque toujours des autres avec son allure, sa tenue, sa voix douce et froide à la fois... Je me demande parfois à quoi il ressemblerait s'il portait une tenue toute colorée.. Non, ça ne lui irait pas...
Pendant ce temps de réflexion j'entendis mon domestique ouvrir la porte d'entrée. Mon dieu ! Il est arrivé et je ne suis encore pas prête !

« Theresa, ton professeur est arrivé ! » appela mon père.

Il me surnommait Theresa, il préférait ajouter un « a » car il trouvait cela plus jolie. Il est vrai que je préfère cette variante.
Je me précipitais à mieux soigner ma tenue et suis sortie de ma chambre en marchant tranquillement. Je descendais des marches, Maestro Salieri me regardait. Il ne fallait pas que je rougisse maintenant. Je suis descendu et lui fit la révérence:

« Heureuse de vous voir monsieur Salieri. »

Il s'approcha de moi et embrassa ma main:

« Tout le plaisir est pour moi ...Theresa. »

Il m'a appelé Theresa, je suis aux anges.

Mon père a fait visiter le salon à Antonio Salieri, j'ai simplement suivit. Dans ce salon qui est plutôt grand avait pleins de choses comme un globe en bois, des fauteuils, des tapis, de la décoration mais surtout, un magnifique piano à queue qui honorait la pièce.Apres cette visite mon père nous a laissé tout les deux en fermant les portes. Salieri regardait les moindres détails de la pièce. Les talons de ses chaussures faisaient un bruit qui résonnait lorsqu'il marchait. Cet homme m'impressionnera toujours: il marchait lentement, tel un loup, et pourtant, il a l'allure d'un prince. Il ne me parlait pas, un blanc était présent. Timide envers lui, je n'osais lui parler, et pourtant il commença à me parler:

« Cette demeure est splendide, et le piano est si imposant. » il s'approcha et fis quelques accords dessus. « Il est d'une pure qualité ! »

« Oui, il nous a coûté une fortune, mais nous l'avons choisis pour son magnifique son et rien d'autre. »

Il s'asseyait sur le siège:

« Je n'en doute pas, c'est le plus important pour moi aussi ! »

Ses grandes mains caressaient le clavier avant de jouer quelque chose. La mélodie était magnifique. Cet artiste qui a bercé mon enfance était là, devant moi, à jouer. Je me sentais comme dans un rêve.

« Vous aimez ? » me demandait-il.  « C'est un extrait pour mon futur opéra, Les Danaïdes. »

« Oui, j'aime beaucoup... »

Il arrêta de jouer:

« Parfait, je pense inclure cela dans l'acte I de la scène III ! Cette musique se nomme Mon père...Mon époux... Voulez vous essayer ? De votre ton de vois, vous êtes une soprano, j'espère que vous y parviendrez ! J'ai une partition pour vous. »

Il me tendit une feuille, il y avait les notes de musiques et en dessous les paroles, en français bien évidemment.

Mon père !... Mon époux !... Dieu ! quel affreux martyre !
Cruels ! que voulez vous de moi ?
Ne voyez-vous pas que j'expire
D'amour,de contraintes et d'effrois ?
Hélas ! mes forces me délaissent,
Mes sanglots tout prêts d'éclater,
Mes larmes, qu'il faut arrêter,
Restent sur mon sein qu'ils oppressent !
Le trouble confus de mes sens
M'empêche de voir et d'entendre ;
Et mon cœur ne peut se défendre
De trahir ses affreux tourments.

Ces paroles représentaient tellement de choses. Elles me touchèrent. Peut-être qu'il a trouvé l'inspiration sur des faits qu'il a connu ? Néanmoins j'essayais de chantonner la mélodie. Il me regardait:

« Êtes vous prête à chanter ? Je veux juste voir comment vous vous débrouillez dans le déchiffrage. »

J'avais un peu peur de ce que cela donnerait, mes mains tremblaient... Néanmoins, j'ai pris mon courage à deux mains et me suis mis à chanté en essayant d'atteindre les notes les plus aiguës. Maestro Salieri me regardait avec attention. Il se leva et marchait en dans la pièce tout en continuant de me regarder. Il attendit jusqu'à ce que je finisse. Il se rapprocha de moi:

« Votre chant est magnifique mais... »

Il se rapprocha en caressant mes hanches pour mettre mon dos plus droits, puis il leva mon coup avec le bout de ses doigts:

« Avec cette posture, votre voix sera mieux. »

Je commençais à rougir après ce touché:

« Oh... merci, j'y tiens compte... Sinon ça allait ? »

Il regardait son index qu'il frottait à l'aide de son pouce comme à son habitude:

« Eh bien, quelques problèmes de rythmes des fois mais rien de grave. » il arrêta son tic en baissant sa main et me regarda en me souriant.  « Voulez-vous que je vous accompagne au piano ? »

« Si cela ne vous dérange pas, Maestro Salieri... » lui souriais-je en retour.

Il se mit à jouer et je l'ai accompagné.
Nous avions passé en tout une heure ensemble dans cette pièce.
Il se releva et me dis:

« Vous une personne talentueuse ma chère Theresa, si je peux me permettre de vous appeler ainsi. J'ai hâte de vous revoir à la cours ! »

« Appelez moi donc ainsi, mis à part à la cours bien sûr où l'ont doit m'appeler mademoiselle Helferstorfer hehe... »

« J'en tiens bien compte ne vous en faites pas. » dit-il en embrassant ma main.

Mon père ouvrit les portes:

« Alors, comment s'est passé ce cours ? »

Maestro Salieri s'approcha de mon père, tout en récupérant ses affaires:

« Eh bien, vous avez la une futur diva je pense. »

« Oh que c'est merveilleux, tu entends cela ma chère ? Oh et, combien dois-je payer pour ce cours ? »

Il hocha la tête:

« Ce n'est pas la peine, je lui ai fait une proposition qu'elle a accepté. C'était agréable de l'avoir, et j'espère l'avoir de nouveau ! » dit-il en tournant la tête vers moi.

Après cette discussion, les domestiques accompagnèrent mon « maître » jusqu'une voiture.
Je repensais à son regard qui me suivait, son sourire, sa voix et surtout... ces mains qui ont touché mon corps lors d'un court moment.
Je n'attendais qu'une seule chose, le revoir.

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