Chapitre 1

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[Ashley]

La pièce était lumineuse, les grands rideaux qui traînaient au sol barraient le soleil sans l'empêcher de rentrer pour autant. La pièce était d'un calme plat et j'étais très mal à l'aise dans ce grand fauteuil tout en cuir. Il sentait le luxe. Tout, absolument tout dans cette pièce puait le luxe et reflétait l'argent que possédait cet homme, cet homme que j'aurais préféré ne jamais connaître de ma vie. Ça en était déroutant d'ailleurs, de voir ainsi tant d'étalage de richesse. Je n'avais jamais connu la vie des grands de ce monde, une vie pleine de magnificence et d'extravagance, mais je n'avais jamais manqué de rien pour autant, ça me convenait parfaitement. J'avais une vie simple, tranquille et sans embûche. La vie de tout un chacun. Mes parents s'étaient battus bec et ongles, chaque jour de leur vie, chaque jour qu'ils avaient pu avoir pour que je ne manque de rien, alors même si nous ne roulions pas sur l'or, j'avais conscience de la valeur des choses, je connaissais leurs sacrifices quotidiens et j'étais heureuse de la vie que j'avais grâce à eux. J'aurais tout donné pour revenir à cette vie-là. Mon ancienne vie. Une vie que je n'aurais jamais plus. Mes parents... Ils n'étaient plus avec moi aujourd'hui, j'étais désormais toute seule et je devrais certainement me battre de toutes mes forces pour m'en sortir, mais je n'avais pas peur. Ma mère m'avait souvent répété que les gens méritants qui faisaient de leur mieux pour réussir dans la vie finissaient toujours par y arriver et que la vie finissait par leur sourire quand ils arrivaient au bout du tunnel, quoi qu'il arrive. Aujourd'hui, je priais tous les dieux possible que cela soit vrai et que ma vie reprenne un cours normal, le cours qu'elle aurait dû avoir à l'origine.

Les obsèques avaient été rapides, courtes et émouvantes. Nous avions fait une petite cérémonie plutôt intimiste. Je me souviendrai toute ma vie de ce jour maudit qui hantait mes nuits. Ce jour où on m'avait annoncé qu'ils étaient morts sur une sinistre table d'opération couverte de leur propre sang. Le jour où je m'étais rendu dans cet hôpital de malheur toute seule. Le jour où tous avaient eu pitié de moi. Le jour où j'avais dû affronter la dure réalité qui était la mienne. Mes parents étaient aimés de beaucoup et en vue de ma situation, les amis les plus proches, du moins ceux que je connaissais, m'avaient aidé dans l'organisation de la cérémonie et le règlement final de la facture qui je dois bien l'avouer avait été plutôt salé pour mes maigres économies. J'avais été soutenu et épaulé lors de cette épreuve par beaucoup ce jour-là, si je n'avais plus aucune famille, il me restait tout de même les chers amis de mes parents à qui je devais beaucoup aujourd'hui. Ce jour de malheur, personne ne devrait connaître ça si vite et surtout si brutalement. Comment tout cela avait-il bien pu arriver ? Pourquoi était-ce arrivé ? Mes parents étaient des gens honorables et prudents, ils avaient réussi leur vie et ils étaient heureux. Alors pourquoi diable cet ivrogne avait-il croisé leur route cette nuit-là ? Pourquoi ne m'avaient-ils pas pris avec eux cette soirée-là ? Pourquoi n'étais-je pas morte dans cette voiture, moi aussi ? Je n'aurais jamais les réponses à mes questions. Aujourd'hui, je n'avais plus qu'une seule et unique option : faire mon deuil, surmonter mon chagrin, relever la tête et continuer ma vie du mieux que je pouvais. C'était la seule voie que je pouvais prendre et je n'avais pas le choix. Si jamais je baissais les bras et que je me laissais emporter par cette vague de douleur qui me tiraillait la poitrine, je ne savais pas ce qu'il adviendrait de moi.

Quelle vie de chien !

Les mois avaient passé, les avocats, les huissiers et j'en passe avaient défilé devant ma porte sans me laisser un seul moment de répits. J'avais même fini par arrêter de compter le nombre de leurs visites, comprenant bien que je les reverrais bien trop tôt à mon goût. Que de mauvaises nouvelles, j'avais hérité des économies de mes parents ainsi que de leur maison, mais ça avait vite tourné au cauchemar, plus que ça ne l'était déjà. Mes parents avaient fait des emprunts à la banque pour payer la maison que nous habitions ainsi que mes études en école d'évènementiel, j'avais dû rembourser l'intégralité de la somme, et nous savons bien que l'argent ne tombe malheureusement pas du ciel. Je n'avais pas eu d'autre choix que de faire mes valises, prendre mes clics et mes clacs et vendre la maison familiale dans laquelle j'avais grandi. J'avais dû chercher un appartement où me loger à vitesse grand V et surtout avec le peu d'argent qu'il me restait après l'attaque de ces vautours sans pitié.

BarmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant