Chapitre 7

1K 59 11
                                    

[Ashley]

J'étais presque à mon appartement lorsque je m'arrêtai subitement. Je relevai les yeux de mon sac pour croiser le regard dur de l'homme en face de moi que je venais tout juste de heurter. Il me dépassait d'au moins une tête ou deux, et je dois dire que ça avait un côté intimidant, presque effrayant.

Merde !

- Tu me suis où quoi ? Dit-il visiblement agacer. Non, mais c'est quoi ton problème ? Tu n'as pas compris que je ne voulais pas entendre parler de toi ? !

Je lâchai un rire mauvais puis le regardai dans les yeux. Si cet imbécile se croyait au centre du monde il allait être servi. Je n'avais absolument pas le temps pour des conneries pareilles.

- Je rentre simplement chez moi, répondis-je. Imbécile.

Je l'avais contourné et avais continué ma route, comme si de rien était. Non mais quel crétin je vous jure. Bizarrement, il marchait toujours derrière moi lorsque j'arrivai à la porte de notre petite concierge. Je l'entendis souffler derrière moi lorsque je rentrai dans l'immeuble, lui, toujours sur mes pas. Apparemment nous habitions le même immeuble, que du bonheur dit moi. Notez l'ironie de ma phrase. Il ne manquait vraiment plus que ça. Cet imbécile et moi habitions le même foutu immeuble, pire je crois même que c'est mon voisin à en croire la porte qu'il vient de franchir. Non mais franchement qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Néanmoins je ne pouvais me sortir son regard brûlant de mon esprit. Ça en était presque désespérant de voir à quel point il m'avait marqué, troublé.

Le lendemain avait été une journée plutôt calme. Je m'étais levée, avais bu mon éternel café noir et étais partie travailler. Toute l'équipe m'avait accueilli dans la bonne humeur et je n'avais pas croisé Kyle. Ce qui en soit était une très bonne chose, je n'avais pas envie de me confronter à lui aujourd'hui. J'avais foncé dans mon bureau et avais trouvé une chemise noire, un tablier de serveuse et un badge argenté à mon nom posés sur le canapé. J'en aurais sûrement besoin bientôt, la salle se remplissait de plus en plus vite d'après les dires de Johanna et Tyler. Je m'étais installée à mon bureau, avais allumé mon ordinateur et m'étais plongée corps et âme dans le boulot que je devais accomplir. Je dois avouer que j'étais plutôt sereine depuis que Dan m'avait offert cette ultime chance. Cette chance d'avoir une stabilité de vie à nouveau et surtout cette chance de rembourser ma dette qui ne quittait au grand jamais mon esprit une seule seconde. Je pense que je ne le remercierai jamais assez pour ça d'ailleurs. Il représentait à lui tout seul tout ce dont j'avais besoin en ce moment.

La soirée avait filé à une vitesse folle, ne me laissant aucun moment de répit. La salle était pleine à craquer et même si je l'avais souhaité, jamais je n'aurais pu accéder au comptoir comme la veille pour avoir de quoi me désaltérer. L'équipe présente en salle était en nage et à bout de souffle. Je n'avais toujours pas fini les comptes de l'année précédente, trop occupée à tout informatiser. L'ancien comptable ne m'avait rien épargné pour le coup, un véritable démon lui aussi. Il m'était parfois difficile de relire son écriture manuscrite sur de multiples documents toujours entassés sur le bureau. Non mais vraiment quelle idée de tenir les comptes d'une entreprise pareille a la main. Il me faudrait sûrement la semaine avant de pouvoir toucher aux comptes datant de mon arrivée si ce n'est plus. Mais même avec cette charge de travail j'adorais ce boulot. L'ambiance était géniale, l'équipe n'en parlons pas, je les adore, et franchement je me voyais bien rester ici quand tout ça serait enfin terminé. Une fois que toute cette histoire serait derrière moi une bonne fois pour toutes.

Pour l'heure le travail était terminé pour nous tous. Les garçons se changeaient alors que Johanna et moi avions enfilé nos maillots de bain à peine son tablier enlever. J'avoue que son empressement avait fini par déteindre sur moi et que la bonne humeur était au rendez-vous. En route vers la plage, j'avais vu Tyler et Kyle attraper quelques verres ainsi qu'une bouteille de vin au passage en sortant. Johanna et moi marchions loin devant, elle ne m'avait pas spécialement laissé le choix. Elle m'avait attrapé par le bras et avait pressé le pas lorsqu'elle avait appris que je n'étais jamais allée à la plage de cette ville. Les garçons marchaient derrière nous, les cuisiniers s'étaient joints au groupe. Cette soirée s'annonçait très joviale comme je le pensais quand elle m'en avait parlé la veille. J'avais presque hâte de partager ce moment avec eux.

Arrivés à la plage, nous nous sommes installées sur une partie un peu isolée. Vu l'heure qu'il était il n'y avait quasiment personne sur celle-ci. L'alcool coulait à flots et ce moment transpirait de joie. Même Kyle semblait de bonne humeur, ce qui m'avait surprise au début. J'avais découvert une facette de lui qu'il ne m'avait pas montré la veille à mon arrivée. J'étais assise sur le sable, mon verre de vin blanc à la main, lorsque Johanna tapa des pieds devant moi, l'air conquérant, telle une guerrière prête au combat le plus féroce de sa vie.

- Ashley ! Viens on va se baigner ! S'écria-t-elle.

- J'arrive, répondis-je en rigolant légèrement face à tant de bonne humeur de sa part.

J'avais à peine fini ma phrase que je la vis courir à toutes jambes vers la mer. Cette fille était la joie de vivre incarnée et ça faisait un bien fou d'être à ses côtés. Calant mon verre à pied dans le sable pour ne pas qu'il se renverse, je me levai avec empressement sous le regard des garçons et retirai mes vêtements avec hâte. Lorsque je me mis à courir après Johanna, j'entendis Tyler rire au loin que l'eau était glacée. Mais trop tard j'avais déjà les pieds dans l'eau et la fraîcheur de celle-ci me donna des frissons sur toute la longueur de ma colonne vertébrale. Johanna rigola de bon cœur lorsqu'elle constata que je m'étais arrêtée net au contact de celle-ci. Elle, elle était déjà trempée et nageait vers moi, le sourire aux lèvres.

- Alors Ashley, d'où viens-tu ? Me demanda-t-elle.

- Je viens d'une ville voisine. Je ne suis jamais vraiment sortie de là d'ailleurs.

- Et qu'est ce qui t'a mené jusqu'à nous ?

Ah, sujet fâcheux. Heureusement ou malheureusement pour moi, je ne sais pas trop encore, des bras musclés me soulevèrent m'empêchant à mon grand soulagement de répondre à sa question, que je voulais à tout prix éviter pour le moment. Quelle fut ma surprise en constatant qu'il s'agissait de Kyle. Son sourire mesquin n'augurait rien de bon pour moi. Vraiment, rien de bon.

J'étais dans une merde noire.

- Alors darling, on n'ose pas plonger, ricana-t-il.

Sa phrase n'avait rien d'une question et je le compris bien vite. Je le compris au moment même où je sentis ses bras glisser sous mon corps et que j'entra en contact avec l'eau glaciale de la mer. Ce connard venait de me jeter à l'eau. C'est déboussolée et à bout de souffle que je réapparus à la surface, m'agrippant à la première chose qui venait, ses épaules. Je lui lâchai un regard mauvais tout en reprenant mon souffle avec difficulté.

J'étais accrochée à lui comme si ma vie en dépendait, comme une naufragée à sa bouée de sauvetage, il m'avait pris par surprise le fourbe. Il posa ses mains sur mon corps et me tourna sur lui pour que je puisse lui faire face sans pour autant me lâcher. Cet abruti était mort de rire, il en avait même les larmes aux yeux. Il devait bien se foutre de moi à l'heure actuelle.

Connard.

- Ça va aller darling ? Ne meurs pas tout de suite, rigola-t-il.

- Au moins tu aurais ma mort sur la conscience.

Je posai mon menton sur son épaule, reprenant toujours mes esprits. Ce changement de comportement de la part de Kyle me surprenait et me prenait de court. Lui qui avait pourtant l'air de me détester du plus profond de son être était là à me tenir dans ses bras dans l'eau glaciale de la mer. Mon cœur battait fort dans ma poitrine et ma peau me brûlait là où étaient placées ses mains. Il respirait fort et me tenait avec tout autant de force. Je le sentis bouger alors que je me sentais apaiser dans ses bras qui me maintenant contre lui. Il nous ramenait sur la plage.

- Aller darling, descend, reprit-il. Il faut que tu sèches avant d'attraper la crève. Ça serait dommage que tu sois malade dès la première soirée.

BarmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant