Chapitre 2

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[Ashley]

L'odeur de la mer et le bruit des touristes dans les rues étaient quelque chose d'agréable et de reposant, je n'avais jamais pris le temps de me poser et observer le monde qui avait continué de tourner alors que moi j'avais plongé tête la première dans le tréfonds des enfers, aussi sombre soient-ils. Je dois bien avouer que mon installation dans mon petit appartement en bord de mer avait été faite à une vitesse éclaire, je n'avais même pas eu le temps de m'apercevoir que la ville semblait être magnifique.

Je ne regrettais absolument pas ce choix malgré les circonstances de mon emménagement. Mon appartement était petit mais plutôt lumineux. Plusieurs études disent que le soleil à des bien faits sur l'humeur et la santé des gens. Au stade où j'en étais, je ne pouvais que prier pour en bénéficier moi aussi. C'était aussi pour cette raison que j'avais choisi cet appartement. Pour cet espoir auquel je me raccrochais sans vergogne.

Peut-être un espoir inutile après tout.

Il n'y avait pas grand-chose dans mon petit loft, un matelas posé sur des palettes en bois en guise de lit, plusieurs cartons que je n'avais pas eu la force de déballer, mon sac et mes chaussures gisant dans le passage qui me servait d'entrée. Ni plus ni moins, je n'avais pas grand-chose et ça m'allait parfaitement. Je n'étais pas de ces personnes matérialistes au possible, qui accumulaient les objets en tout genre. Je ne sais pas si j'allais rester ici très longtemps mais pour le moment j'avais un toit au-dessus de la tête et de quoi me nourrir, c'est tout ce qui comptait. C'était le plus important. En plus, j'aimais beaucoup la vieille concierge de l'immeuble, elle avait toujours un joli sourire accroché au visage et des paroles d'encouragement pour chacun lorsque nous passions la porte. Personnellement elle m'avait permis d'attaquer certaines journées avec plus d'enthousiasme que je ne l'aurais pensé. Une brave petite dame cette Monique, elle est un petit rayon de soleil dans mon quotidien gris et maussade. Une véritable bouffée d'air frais à elle toute seule.

Aujourd'hui je devais absolument obtenir des entretiens d'embauche, quitte à harceler un employeur si je devais vraiment en arriver là. Au cours des mois passé, j'avais réussi à décrocher plusieurs petits emplois ici et là mais j'avais été mise à la porte tout aussi vite qu'on m'avait embauché. Pour cause, ma situation était trop compliquée aux yeux de mes anciens employeurs, j'avais fait l'erreur de leur en parler. J'avais tout essayé, vendeuse, serveuse, caissière, secrétaire. J'avais même fait quelques jours au sein de l'office du tourisme. Mais ça n'avait pas suffi. J'avais essuyé échec sur échec, toujours avec autant de déception après chaque renvoi. Il fallait absolument que je trouve quelque chose dans les semaines à venir. Si je ne trouvais rien je n'ose même pas imaginer ce qu'il se passerait avec l'huissier, Monsieur Lewis. Et franchement je n'ai pas vraiment envie de le savoir, rien qu'au souvenir de son bureau immense j'en avais des maux de tête et des frissons dans le dos. Je devais tout faire pour ne pas avoir à retourner là-bas. Pas avant que je puisse lui donner son maudit chèque en tout cas.J'avais enfilé une chemise blanche et mon éternel jean noir. Il n'y a que les grands classiques qui marchent, en tout cas c'est ce que l'on m'avait toujours dit. Le gilet en maille de ma mère était encore dans mon lit, son odeur n'était malheureusement plus dessus avec le temps mais ça m'apaisait toujours autant de le porter, alors je l'enfilai à nouveau, presque pour me donner du courage pour cette nouvelle journée et attrapai mon sac avant de sortir, sans grand espoir de changement malheureusement.

- Bonne journée à toi mon petit et bon courage. Tu vas tout déchirer comme disent les jeunes, entendis-je.

La vieille Monique me souriait comme à son habitude et je lui rendis avec mon meilleur sourire, forcé certes, mais c'est tout ce dont j'étais capable de lui donner dans l'état actuel des choses. Si j'avais été plutôt optimiste au début, je n'étais plus sûre de l'être aujourd'hui. Dans les premières semaines je sortais souvent la rage au ventre et plus déterminée que jamais mais après tant d'échecs mon enthousiasme avait peu à peu diminué.

BarmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant