Chapitre 22

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[Kyle]

La soirée battait son plein encore une fois. Les groupes de jeunes défilaient les uns après les autres sur la petite scène que nous avions finis par monter de manière définitive. L'équipe en salle courrait dans tous les sens, mais ce n'était rien à côté de Dan et d'Ashley qui eux ne savaient clairement plus où donner de la tête. Le rituel était encore une fois le même ce soir, ils se présentaient tous au comptoir, cherchant désespérément Ashley afin d'avoir leur horaire de passage et potentiellement pouvoir tester l'acoustique de leurs instruments en début de soirée quand la scène était vide.

Ahsley...

En vérité, lors de notre dispute, j'ai pris conscience assez vite de ma bêtise. D'accord, elle s'était mêlée de ma vie privée, mais elle en faisait clairement partie aussi. Si je voulais être avec elle, elle aurait fini par apprendre la situation avec Alice et elle aurait peut-être même fini par la rencontrer un jour ou l'autre. Mais, naïf que je suis, j'aurais tout de même penser qu'elle m'en aurais parler avant que je ne l'apprenne de moi-même, par la bouche de quelqu'un d'autre qui plus est. Ma mère avait essayé de me contacter, mais je n'avais pas la force de l'affronter une nouvelle fois, ou en tout cas pas tout seul, j'en étais clairement incapable. J'avais trop souffert pour me heurter une nouvelle fois à un mur, surtout que la collision et la chute faisaient toujours aussi mal que la fois précédente, quoi que j'en dise et quoi que j'en pense. Cependant, ma génitrice n'était pas le sujet-là tout de suite. Ma relation avec ma jolie blonde était en péril pour une bêtise que j'avais faite.

Depuis plusieurs semaines, j'avais bien vu la tournure que cet événement avait pris. Nous nous étions méchamment pris la tête et elle avait fini par ne plus m'adresser la parole, pire même, Ashley me fuyait comme la peste. Je l'avais blessé, je le savais pertinemment. Elle ne venait même plus à nos soirées sur la plage. Quand elle poussait les portes du bar, elle ne souriait plus comme à son habitude, son regard était vide et presque sans émotion mis à part une profonde tristesse que je savais par ma faute. Un froid polaire s'était installé entre nous, et croyez moi, c'était un euphémisme. Je devais bien l'avouer, son regard pétillant me manquait. Elle toute entière me manquais. J'étais comme un cabot abandonné au bord de la route des vacances, sans port d'attache et sans repère.

Dans la journée d'hier, Dan était descendu de son bureau fou de joie à l'idée de nous annoncer qu'Ashley allait enfin pouvoir régler tous ses problèmes avec son huissier qui nous avait rendu visite la dernière fois. Apparemment, les scènes ouvertes avaient permis de faire un bénéfice assez important pour accorder une prime à la femme qui partageait ma vie, il y a encore quelques semaines. Ce n'est que plus tard dans la soirée que je m'étais décidé à avoir une conversation à cœur ouvert avec mon paternel et c'est lors de notre échange que j'ai appris que ma mère était allée boire un café avec Ashley un peu plus tard. C'est à ce moment précis que j'avais compris. J'avais compris qu'elle savait tout, ou du moins la majeure partie de mon passif avec ma génitrice. Elle savait et je lui avais sorti des horreurs sous le coup de la colère. Colère que je regrettais amèrement aujourd'hui en vue de la situation conflictuelle qui s'était mise entre nous.

Je mourrais d'envie de retourner la voir, de prendre mon courage à deux mains et de m'excuser de toutes les manières possibles et inimaginables si tel était son souhait. Mais je n'avais pas le cran nécessaire pour lui faire face. Je m'étais lâchement dégonflé devant cette femme qui faisait battre mon cœur. Ce soir encore, je ne pourrais pas l'approcher, elle courait littéralement dans tous les sens pour accueillir les différents groupes qui se produisaient. Elle était inaccessible, inatteignable et indéniablement intouchable depuis qu'ils avaient mis en place ce projet avec Dan.

Ce soir encore, une cliente beaucoup trop insistante à mon goût ne lâchait pas l'affaire alors que j'avais les yeux braqués sur ma jolie blonde. Une grande brune au décolleté plongeant me faisait les yeux doux alors que je n'en avais clairement rien à cirer. Je ne l'entendais presque pas me lancer ses disquettes de drague alors que j'essuyais le verre que j'avais à la main, le regard perdu dans la foule qui s'agitait devant moi. Ce n'est qu'après une énième tentative que je l'entendis jurer et que je la vis se retourner vers la source de toutes mes pensées, Ashley.

BarmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant