Chapitre 4

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[Ashley]

Je dois avouer que ce matin je me suis réveillée de très bonne humeur, une chose qui ne m'était pas arrivée depuis un long moment maintenant. Je voyais enfin un rayon de soleil dans ma vie si monotone. J'allais enfin avoir une situation à peu près stable et pouvoir rembourser cette dette de malheur qui me hantait jour et nuit. C'est en chantonnant que j'avais fait couler mon café ce matin, et c'est toujours dans le même état d'esprit que je l'avais bu. Aujourd'hui était un nouveau jour et mon nouvel emploi marquait sûrement un tout nouveau tournant dans ma vie. En tout cas je l'espérais. En plus de cela j'avais fait la rencontre de Dan, un ami de mes parents, cette pensée m'avait apaisé, d'une certaine façon. C'était à ne rien y comprendre mais j'avais eu le sentiment que je pouvais m'appuyer sur lui et sa gentillesse. Ma situation l'avait vraiment préoccupé et il s'était sincèrement soucié de moi et de ma manière de m'en sortir face à ce drame.

Un ange tombé du ciel.

Je me baladais avec le vieux t-shirt universitaire de mon père. J'avais ouvert la baie vitrée et avais attrapé mon paquet de cigarette. Je crois que j'avais bien retourné la moitié de mon salon à la recherche de mon briquet. C'était une manie chez moi, je le perdais sans arrêt. La cigarette était bien la seule chose que je me permettais d'acheter pour mon plaisir personnel. Pour tout le reste je me serrais la ceinture. L'air frais de la côte me fouetta le visage, mais ça faisait un bien fou. Une cigarette entre les lèvres je l'allumai et aspirai la fumée que je sentis descendre dans le fond de ma gorge. Cette sensation me faisait un bien fou, un petit moment de répits dans ce monde de dingue.

Hier soir l'équipe m'avait très bien accueilli. J'avais eu le droit à des embrassades chaleureuses et à une tournée de bières bien mériter en fin de soirée, une fois que tous les clients étaient partis. Je n'avais pas fait preuve de beaucoup d'affection, en vue des évènements récents je pense que j'en serais incapable pour le moment, même si j'avais beaucoup voulu le leur rendre. Mais l'équipe du bar ne me brusquait par pour autant. Je ne sais pas si Dan leur avait dit pour moi, mais je ne pense pas qu'il irait crier et raconter ma vie sur tous les toits de la ville, il n'avait pas l'air d'être comme ça. Il semblait être une personne de confiance qui respectait la vie privée des uns et des autres. Un homme avec la tête sur les épaules. J'avais passé une très bonne soirée et je m'étais senti appréciée au sein de l'équipe pour la première fois depuis longtemps. Pour dire vrai, j'avais même hâte de retourner travailler le lendemain matin. C'était une grande première pour moi.

La sensation de la fumée me brûlant la gorge me fit revenir au moment présent, ici sur mon balcon, les cheveux au vent. Je me souviens avoir emporté les albums photos de mon père. Il adorait les regarder avec moi de temps en temps, parfois j'avais même le droit à des anecdotes sur lui, ma mère, leurs amis et quelques fois sur l'histoire de leur rencontre. Je ne m'en lassais jamais. Dan m'avait dit qu'il avait connu mes parents avant, alors peut-être était-il présent sur des photos de mon défunt père. Je me redressai de la rambarde du balcon sur laquelle je m'étais appuyée et écrasai ma cigarette dans le cendrier que j'avais posé en équilibre sur la rambarde. Une chance qu'il ne soit pas encore tombé celui-là. J'ouvris un des quelques cartons qui trônait dans mon salon et en sortis les albums que j'avais précieusement conservés. Voir ces photos devrait me rendre triste mais en voyant leur visage si heureux je devins seulement nostalgique. Je tombai sur des photos de leur mariage. Ils avaient l'air si heureux et tellement amoureux l'un de l'autre. J'aimerais connaître ça moi aussi un de ces jours. Je stoppai tous mes mouvements devant une photo prise devant la mairie de mon ancienne ville. Mes parents étaient au centre et leurs meilleurs amis les entouraient. Quelle ne fut pas ma surprise en reconnaissant Dan avec des traits plus jeunes et moins fatigué, à la droite de mon père. Je la fis glisser lentement en dehors de l'album, les mains tremblantes d'émotion. Pourquoi est ce que je ne me souvenais pas de lui ?

BarmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant