Chapitre 13

979 55 1
                                    

[Ashley]

Le réveil de mon téléphone sonna dans un bruit sourd et désagréable. Le soleil était déjà bien haut dans le ciel et j'étais encore là, allongé dans mon lit. Les idées noires qui me broyaient la tête m'aspiraient dans une spirale infernale, me rappelant le jour tragique que nous étions. Je n'avais aucune envie de sortir de ce lit aujourd'hui. Ma gorge était serrée, sèche et mes joues étaient chaudes. D'un mouvement de bras, j'attrapai mon téléphone pour éteindre cette maudite sonnerie qui me faisait mal à la tête et m'attardai sur les photos présentent dans ma galerie. Le visage heureux de mes parents défilant sous mes doigts, presque comme un souvenir que je pouvais à peine effleurer du bout des doigts, inatteignable.

Aujourd'hui, ça faisait une année entière qu'ils avaient disparu, tous les deux, dans cet accident de la route, me laissant toute seule dans un monde où je n'avais aucun repère, aucune attache, aucune famille. Une boule se créa dans le fond de ma gorge, m'empêchant de respirer normalement. Mes yeux étaient devenus humides et me piquaient légèrement. Des images des pompiers éteignant l'incendie créé par le choc des deux voitures à la télévision envahirent mon esprit. Un jour que je ne pourrais jamais oublier, qui ne quitterai jamais mes pensées, que je ne pourrais au grand jamais effacer tout comme cette douleur infernale que je ressentais au plus profond de moi.

Toujours recroqueviller dans mon lit vide, je cherchai le contact de Dan dans mon téléphone. Lui, mieux que quiconque, comprendrait que je ne puisse pas venir travailler aujourd'hui. L'icône verte du téléphone en dessous de mon pouce, la sonnerie s'enclencha dans un bip stridant et désagréable. Lorsqu'il décrocha des éclats de rires se firent entendre en arrière-plan. Il était clair que si j'y allais, je ruinerais l'ambiance joviale qui y régnait et je serais surtout d'aucune utilité pour personne.

- Oui allô ? Entendis-je.

Le son de sa voix transpirait de joie. Me rappelant sans cesse mon désespoir si profondément ancré dans mon être. Ma voix, quant à elle, tressauta de douleur lorsque je pris la parole.

- Salut Dan..., soufflais-je.

- Qu'est-ce qu'il se passe Ashley ? Me demanda-t-il subitement très sérieux et surtout très inquiet.

Je l'avais inquiété avec seulement deux petits mots. J'étais pathétique. Qu'auraient dit mes parents en me voyant comme ça ? Dans un état pareil ? Je l'ignorais, mais je suppose qu'ils n'en auraient pas sauté de joie. J'étais dans un état lamentable.

- Je..., commençais-je.

J'avais du mal à prononcer la moindre parole, cette douleur dans la gorge bloquant mes mots et ma respiration.

- Je ne pourrais pas venir aujourd'hui Dan, avais-je réussi à dire.

Un long silence s'en suivit puis je l'entendis murmurer.

- C'est aujourd'hui, c'est ça ? Me demanda-t-il l'air triste.

- Oui, c'est leur anniversaire. Dan ?

- Oui, ma belle, entendis-je faiblement.

- Je suis tellement désolée, reniflais-je bruyamment, je te promets que quand je reviendrais, je rattraperais mon retard, mais aujourd'hui je ne te serais d'aucune utilité au bar. Je n'arriverais pas à me concentrer et puis j'aimerais aller les voir.

- Je comprends, prends ta journée, c'est normal. Ne t'inquiète pas.

Il mit fin à notre conversation visiblement rattraper par le travail. Je me retrouvai seule, à nouveau. J'ai eu beaucoup de chance de tomber sur Dan Johnson dans ce bar. Certainement le plus vieil ami de mon père. Il m'avait raconté plusieurs anecdotes avec lui ce qui m'avait plus fait rire que pleurer. D'une certaine façon, il m'avait permis de repenser à mes parents d'une façon légère et agréable.

BarmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant