Chapitre 10

1.3K 142 12
                                    

Tara

Les murs du restaurant, comme bien des maisons à Formentera, sont d'un blanc éclatant. Le comptoir est couvert de carrelage orné d'arabesques bleues. La déco sans prétention en fait un endroit agréable à l'ambiance conviviale. Le proprio nous a accueillis avec chaleur. J'ai pu constater à quel point Liam y est apprécié.

— Tu aimes ? s'enquiert-il. Burriada de Ratjada. C'est de la raie avec des pommes de terre, un peu d'ail et leur fameuse sauce de picada de almendras.

— C'est délicieux, réponds-je en reprenant une autre bouchée.

— C'est le plat typique que je préfère. Le poisson est toujours bon ici.

Nous dégustons notre repas avec appétit.

— Que faisais-tu avant cette année sabbatique « qui dure encore » ? le questionné-je, avec une pointe de facétie, en saisissant mon verre d'eau pétillante.

Il lève les yeux sur moi et paraît hésiter.

— J'écrivais.

— Écrivain, tu veux dire ? fais-je, agréablement surprise. (Il acquiesce.) Qu'as-tu as été publié ?

— Ça fait un bout de temps maintenant. Je ne pense pas que tu aies jamais entendu parler de mon livre.

— Tu écris en ce moment ?

— Je fais surtout des traductions et quelques corrections de manuscrits.

— Tu écrivais quoi ? De la science-fiction ?

— Pas vraiment, non, s'amuse-t-il. Moi, c'est plutôt le genre thriller.

— Ma grand-mère adore les romans policiers. Elle les dévore. Agatha Christie, bien sûr. Et elle a eu un coup de cœur pour ceux de Jeffrey Williams.

— Ah, oui.

— Elle trépigne d'impatience en attendant son prochain livre. Ça fait au moins deux ans qu'il n'a rien publié, je crois ?

Il plante son envoûtant regard dans le mien. Mon ventre frémit doucement.

Mes yeux glissent pour s'attacher à ses lèvres. Je n'avais pas remarqué qu'elles sont si sensuelles. Je me demande ce que je ressentirais s'il m'embrassait. Il doit savoir s'y prendre. Sans doute pas que ça du reste. Il est du genre à collectionner les aventures. Surtout avec une copine qui passe plus de temps sur le continent qu'ici. Une nuit avec lui, ça doit être très... hum... Qu'est-ce que je délire, moi ?

Je m'oblige à me concentrer sur ce qu'il me dit.

— C'est ce que j'ai entendu dire. C'est bien un des siens que tu avais l'autre jour ?

— Ma grand-mère a encore sévi. Elle me l'a offert. Ce n'est pas vraiment mon genre de littérature préféré. Mais j'ai bien aimé celui-là. Quel est le titre de ton bouquin ? Je pourrais sûrement le dénicher ici ?

— Je crains que tu ne trouves rien au nom de Liam Stern, réplique-t-il évasivement. Et toi ? Tu l'as consacrée à quoi ta « pause » ?

Est-ce que j'ai envie de discuter de ça avec lui ? De me livrer alors que lui esquive mes questions mêmes les plus anodines ?

Je repose mes couverts, saisis mon verre et avale lentement une gorgée pour me donner le temps de la réflexion. J'avais pensé à Miguel pour un « one shot ». Mais, c'est Liam qui me fait le plus d'effet. Ça sera sans doute plus facile de me laisser aller avec lui...

— J'ai beaucoup fréquenté les hôpitaux, lâché-je finalement. J'ai eu un accident de la circulation.

— Je suis désolé de l'apprendre. Je suppose que ça a été assez sérieux.

Juste une nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant