Chapitre 4

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Tara

J'ai hésité entre un scooter et une E-Mehari automatique. J'ai finalement opté pour le véhicule. La conduite à droite m'a obligé à être particulièrement prudente les premiers kilomètres. À présent, c'est un véritable plaisir de filer sur les routes de l'île. Ici où là quelques palmiers, des cactus, des buissons rabougris, des arbustes fleuris et des roches rompent la monotonie du paysage plutôt sec et aride.

À La Mola, je gare la voiture et me dirige vers le marché local. Armelle m'a décrit le lieu comme étant un « marché hippy ». C'est une assez bonne définition. Les étals regorgent d'objets artisanaux, de vêtements aux couleurs chaudes. Enthousiaste, j'y déniche quelques articles et babioles à offrir. Puis, je fais un tour du côté du phare et prends quelques clichés avant de sauter dans la caisse pour aller visiter un village de pêcheurs situé non loin. Sur place, je parcours au hasard le dédale de ruelles pittoresques bordées de maisons blanchies à la chaux. Avec mon appareil photo, j'immortalise, ici, des bougainvilliers orangé et fuchsia qui grimpent à l'assaut des toits en terrasses, là, un Gecko, ce petit lézard multicolore caractéristique.

Je finis par aller m'asseoir à la terrasse d'un bar, à l'abri d'un parasol, et commande un jus de fruits. Tout en le dégustant tranquillement, je passe en revue les clichés. J'en sélectionne quelques-uns à envoyer à ma grand-mère, et à Maxine.

Le bip de mon portable annonce un SMS. Justement, c'est Maxine.

[Hello. Des anecdotes sur cet endroit paradisiaque ? Histoire de me faire baver d'envie ? ;) Puisque je ne peux être sur place, je peux toujours vivre ces vacances par procuration :).]

Préférant lui parler de vive voix, je compose son numéro.

— Hé ! Comment va ? répond-elle aussitôt.

— Salut, Max ! Eh bien, moi, ça va pas trop mal. Il fait un temps superbe. Je suis assise à une terrasse et je sirote un verre, l'asticoté-je gentiment.

— Grrr... T'abuses ! rigole-t-elle. Et à part ça ?

— Rien de spécial. Et toi ? Les amours ?

— Les amours, tu oublies. Avec Brad, c'est fini. Voilà, ça s'est fait...

— Hé ! Tu ne peux pas lâcher une telle info et faire comme si de rien n'était.

— Tu devais bien te douter que ça se terminerait comme ça, déclare-t-elle avec désinvolture.

— Eh bien... Pas vraiment. Ça faisait combien de temps que vous étiez ensemble, déjà ?

— Six mois.

— Une éternité..., soupiré-je.

— Ah ! Ah ! Ah ! Très drôle. Qu'est-ce que tu veux dire ? Que je change de mec comme de chaussons ?

— Moi ? Pas du tout. Tu en es encore très loin. Tes pointes, tu les remplaces minimum une fois par mois, non ? observé-je en riant.

Maxine s'esclaffe à son tour.

— Et les répètes ? l'interrogé-je quand nous recouvrons notre sérieux.

Il y a trois ans, Maxine a passé la fameuse audition pour entrer au Royale Ballet House. Elle a été recrutée.

— Ça se déroule plutôt bien. À part pour un enchaînement. Il n'y a rien à faire, ça coince toujours au même endroit...

Elle poursuit avec des explications techniques qui m'aurait passionné, il n'y a pas si longtemps. À l'époque où tout était possible. Celle où la danse était mon oxygène. Seulement, aujourd'hui, cela ravive les souvenirs de tout ce que j'ai perdu, et rend palpable le vide sidéral qu'est désormais mon avenir.

Juste une nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant