Juste une nuit

Chapitre 6

Tara

Je perçois peu à peu la clarté à travers mes paupières. Un petit grognement plaintif m'échappe avant que j'ouvre les yeux. Une vague nausée me crispe brusquement l'estomac. Je me redresse et m'assieds au bord du lit. La vache... Ce n'est vraiment pas la grande forme.

Pourquoi, sacré bon sang, est-ce que je porte encore ma robe ? Et comment suis-je rentrée ? Et surtout, dans quel état ? Je n'ai même pas pris la peine de me changer ! Cela ne me ressemble pas du tout...

Ma main tremble légèrement lorsque je repousse les boucles qui me barrent la figure. Je me statufie tandis que mon cœur, lui, tressaute.

Il y a quelqu'un sur la terrasse. Un homme est étendu sur l'une des chaises longues. Effrayée, l'espace d'une seconde, je pense à m'enfuir avant de me ressaisir. Prudemment, je me mets debout et vacille légèrement sur mes jambes. La pièce tangue autour de moi. Punaise. Je me demande bien ce qu'il m'arrive. Je n'ai pourtant pas bu tant que cela.

De plus en plus confuse, je tente de mobiliser mes souvenirs.

En boîte, j'ai passé un moment avec ce mec... Alexandro. Il était mignon et plutôt sympa. Nous avons discuté, mais ça n'accrochait pas. Allez savoir pourquoi. C'est comme ça. Il m'a offert un verre... un jus de fruits. Après, c'est embrouillé. En fait, je ne me rappelle rien.

La chambre ayant retrouvé sa stabilité, je m'avance à pas précautionneux vers la terrasse. Et vers le type...

Je me pétrifie une nouvelle fois. Mais, que fait-il là ?

Une cascade de questions déferle en moi tandis que je fixe Liam.

Quand ? Comment ? Et où nous sommes-nous rencontrés ? Aurais-je pu l'oublier ? C'est tout à fait possible. Je n'ai plus aucun souvenir du reste. Un nœud se forme au creux de son estomac. Se pourrait-il que... ?

Je l'observe plus attentivement. Mes yeux balaient ses cheveux en bataille décolorés par le soleil, effleurent son nez droit et sa mâchoire volontaire ombrée par une barbe naissante. Les traits ainsi détendus, il a l'air tellement... moins arrogant ? Cependant, même totalement relâché, il émane de son corps long et imposant une puissance, une force latente, que l'on sent prête à jaillir à tout moment. Un fauve au repos, mais aux aguets. Voilà à quoi il me fait penser...

Ses paupières se soulèvent soudain et je plonge dans le vert jade de ses iris.

— Tiens, salut toi, lance-t-il avec un sourire à tomber à la renverse. Tu m'as l'air d'aller plutôt bien.

Mon cœur repart pour une course effrénée. Cette fois, loin de la peur, c'est une tout autre émotion qui l'affole.

— B-Bonjour... Je vais bien. Merci..., balbutié-je avant de me reprendre. Que fais-tu là ?

Il se redresse et passe une main dans sa tignasse.

— Si tôt le matin, je suis incapable de réfléchir lorsque je n'ai pas ma dose de caféine, lâche-t-il avant de sauter sur ses jambes.

Je dois basculer la tête pour continuer à le regarder en face.

— Pourrais-tu m'expliquer ce que tu fais dans ma chambre ? exigé-je, légèrement irritée par sa désinvolture.

— Je t'ai portée jusqu'ici et j'ai préféré rester pour m'assurer que tout allait bien, jette-t-il en passant devant moi sans se départir de sa nonchalance.

— Quoi ?! Portée... ici ? répété-je, pour le moins sceptique en le suivant à l'intérieur. Et où sommes-nous censés nous être rencontrés ?