Juste une nuit

Chapitre 5

Liam

Je gare la jeep dans une ruelle et me dirige vers la boîte de nuit. Avec quelques potes, nous nous y sommes donnés rencard. Et, j'ai bien l'intention de me biturer.

L'endroit n'est pas encore très peuplé. Je repère immédiatement l'un de mes potes assis seul à une table. Sans aucun doute, les gars ne vont pas tarder à rappliquer. Je vais le rejoindre.

— Hé ! Salut, Lorenzo, lancé-je.

— Ah, Liam ! Comment vas-tu, mec, m'accueille-t-il avec effusion avant de désigner le siège en face de lui.

Je jette un coup d'œil à son verre vide.

— T'en prends un autre, vieux.

Je vais chercher nos boissons et reviens m'installer sur la banquette en face de lui. Nous commençons illico à joyeusement nous chambrer. Lorenzo a été mon moniteur de kitesurf quand j'ai débarqué à Formentera. Depuis nous nous retrouvons régulièrement avec une bande de gus. Souvent pour faire la tournée des bars.

Emilio, Lucas et Rafael se pointent bientôt.

Un instant plus tard, tout en vidant mon verre, j'écoute distraitement Lorenzo. Comme à son habitude, il nous raconte les exploits de ses élèves. Il y a deux ans, c'était avec mes gamelles fendarts de débutant qu'il régalait les gars.

La boîte se remplit rapidement par vagues. Je survole la salle du regard. Le DJ est en forme ce soir. Sous les lumières stroboscopiques, les corps se trémoussent dans une ambiance survoltée.

Mon attention est soudain alertée par une certaine personne devenue très récemment familière. La fille de la plage est attablée un peu plus loin avec un type. À croire que nous ne pouvons faire un pas sans nous croiser. Formentera n'est pas très grande. Mais il y a plusieurs discothèques sur l'île. La probabilité que nous nous croisions si fréquemment est tout de même réduite.

— Putain ! Matez la bom-basssse là-bas, les mecs..., s'extasie Lucas.

Nous jetons un coup d'œil vers la nana qui lui fait sortir les yeux de la tête.

— Pas moche du tout, confirme Rafael avant de vider son verre pour réamorcer. Mais c'est dans mon pieu qu'elle va finir.

— Rôôôh ! ricane Lucas. Vas-y, mec ! Ça me distraira de voir le vent que tu vas te prendre...

Je n'écoute que d'une oreille l'échange de vannes qui s'en suit. Mon regard est comme aimanté par le couple. Surtout la fille. Dès notre première rencontre devant l'ascenseur un truc en elle m'a attiré. Elle a un je-ne-sais-quoi qui m'intrigue. Et son comportement sur les rochers n'a fait que piquer ma curiosité. En plus de m'avoir pas mal énervé. C'est vrai ça. Il y avait de quoi, non ? S'était-elle lancé un défi ? Quitte à se foutre en danger ? C'est bien l'impression que ça donnait. Et c'était stupide.

À cette minute, son attitude titille mon intérêt. Elle semble sur la réserve. Pas franchement mal à l'aise. Tout de même un peu distante avec son compagnon. Lui, il emploie toutes les techniques de drague éculées. Il étend le bras sur le dossier de son siège pour se rapprocher d'elle. Se penche sur elle pour lui parler afin de donner un caractère plus intime à leur échange. Et il affiche surtout un sourire de séducteur à la manque. Elle le connaît ce type ? Ça n'en a pas l'air...

Elle termine son verre et s'écarte soudain de lui. J'en éprouve un étrange sentiment de satisfaction. Fort à parier que le gars vient de se prendre un méchant râteau.

Rafael décide finalement de squatter le dancefloor. Histoire sans doute de tenter sa chance avec « la bombasse ». Ça n'en finit pas de faire marrer Lucas.