Chapitre 28

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Tara

Émergeant de la salle de bain, je resserre autour de ma taille la ceinture de mon peignoir en tissu éponge. La chambre que j'occupe chez ma grand-mère est juste en face. C'est une belle pièce lumineuse. Je l'ai toujours aimée. Les murs couverts de toile de Jouy aux couleurs pastel, les meubles de style chippendale et sa banquette d'oriel lui donnent un côté désuet et romantique. C'est tout à fait ma grand-mère. Pour être restée fidèle à la mémoire de son mari durant tout ce temps, elle devait l'être, et aussi l'aimer à la folie. Aujourd'hui encore, lorsqu'elle évoque son souvenir, ses yeux pétillent. Mon grand-père devait être un homme vraiment spécial. Même Caitlin parle de lui avec respect. C'est dire. Je ne l'ai jamais connu, il est décédé quelques années avant ma naissance.

La vue sur la campagne aux abords de Plymouth est époustouflante. Surplombant la mer étale, le jardin de style subtropical est en pleine fleuraison. Seulement, le ciel est bas et chargé. J'esquisse une petite moue de dépit face à cette bruine qui n'en finit pas. Depuis près d'une semaine que je suis ici, le temps est tristounet. J'avoue que le soleil de Formentera me manque...

Le souvenir de Liam surgit tout à coup dans mon esprit. Je le repousse fermement et enfile un jean et un top. Saisissant ma brosse sur la coiffeuse, je me démêle vigoureusement les cheveux.

Le bip de mon portable retentit. Je vais le chercher sur la table de nuit.

C'est un texto de Matt. Un sourire aux lèvres, je parcours le message.

[Salut, Tara. L. A. est vraiment super. Je suis sûr que tu aurais adoré. J'aurais aimé qu'on la découvre ensemble. Peut-être un jour ?]

Je pianote une réponse.

[Salut, Matt. J'adorerais :). Comment s'est passée la première ?]

[Sans me vanter, on a fait un carton. Pourvu que les autres dates marchent aussi bien.]

[J'en suis persuadée. Vous étiez super l'autre soir.]

[Il est près d'une heure du mat. On a un long trajet en bus demain aux aurores. Si je veux être en forme, j'ai intérêt à aller me pieuter. Passe une excellente journée. À bientôt.]

[À très bientôt.]

Reposant, le portable sur le matelas près de moi, je finis de me coiffer.

J'aurais vraiment aimé découvrir Los Angeles avec lui. Un jour, je visiterais peut-être cette ville et plein d'autres endroits. Pour l'instant, il faut vraiment que je me concentre sur mon avenir proche. Déjà, j'ai un job pour la rentrée. Ma grand-mère m'a adressée à une de ses amies qui tient une mercerie. J'ai fait l'aller-retour à Londres hier pour la voir. Je l'ai trouvée sympa et marrante. Tracy, c'est le genre baba cool écolo. Elle m'a fait tout un speech sur le gaspillage et le recyclage. N'empêche, elle n'a pas tort. Elle est exigeante sur la qualité de la laine. Selon Tracy, elle doit pouvoir être réutilisée, etc., etc. J'ai été surprise du nombre de jeunes qui venait acheter des trucs dans sa boutique.

Reste à me dénicher un appart près de l'université. Et ça, c'est pas gagné !

Avec mon budget, je crois qu'une coloc sera plus abordable. Seulement, ce ne sont pas les quelques heures à la mercerie qui vont me permettre d'être vraiment indépendante vis-à-vis de ma mère.

Ces derniers jours, un projet pour après la fac me trotte dans la tête. Je ne pourrais plus envisager une carrière de danseuse, mais je peux toujours trouver quelque chose qui gravite autour.

Resserrant ma queue-de-cheval, je récupère mon portable et quitte la chambre. Tout en empruntant l'escalier, je réfléchis aux options. Une idée surgit dans mon esprit. Et pourquoi ne pas travailler avec des personnes en difficultés ou en situation de handicaps ?

Juste une nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant