Juste une nuit

Chapitre 22

Tara

— Liam ? Tu vas bien ? m'enquiers-je, soulagée qu'il décroche.

J'étais inquiète de ne pas le voir arriver. Généralement, lorsque nous avons rendez-vous, il est toujours à l'heure.

— Pourquoi ça n'irait pas ?

Sa voix est si froide.

— Tu as oublié que tu devais passer me prendre ? C'est bien ce soir qu'on avait prévu de dîner dans le petit resto de l'autre jour ?

— Finalement, je ne pourrais pas.

Ah oui ? Il me balance ça comme ça ? Tranquille ?

— Tu auras pu me prévenir, non ? Cela fait plus d'une heure que je t'attends.

— Eh bien, je ne viendrais pas, réplique-t-il d'un ton détaché.

— Je peux savoir quelle mouche te pique, encore ?

— Qu'est-ce que tu me fais, là ? Je croyais qu'on s'était mis d'accord, me rembarre-t-il.

— D'accord sur quoi ? On devait passer des moments agréables. Mais depuis quelques jours, je ne sais jamais sur quel pied danser avec toi !

— Si j'avais su que tu étais du genre pot de colle...

— Espèce de connard ! fulminé-je avant de raccrocher rageusement.

Je balance le téléphone sur le matelas près de moi et bondis sur mes pieds.

Mais quel con ! Un sale prétentieux et arrogant ! Je le déteste !

Je fais les cent pas dans le studio. Je suis carrément furax. Armelle m'avait prévenue pourtant ! Un salaud. Un crétin. Voilà ce qu'il est.

J'étais trop conne ! Dire que je commençais à penser que c'était un type bien. Qu'il avait vécu un truc douloureux et que pour ne plus souffrir, il avait bâti des murs autour de lui.

Déjà l'autre soir en boîte, j'aurais dû comprendre. Mais non ! Je voulais m'illusionner. Comment j'ai pu espérer que nous pouvions devenir amis ?

Qu'est-ce qu'il croit ? Que je suis accro à lui ? Il se prend pour un mec irrésistible ou quoi ? Comme si je pourrais tomber amoureuse de lui ! Il faudrait être complètement dingue ! Et sa façon de changer d'humeur sans raison ! Grrr... Tout ça parce que je m'inquiète pour lui ? Ça, c'est juste de la compassion, de l'empathie. Je sais ce que c'est que déprimer, se sentir malheureux et perdu.

Celui que j'aime c'est Matt. Cela fait plus de six ans que je l'aime. Et si je n'avais pas eu ce maudit accident, nous serions ensemble. Et nous danserions tous les deux dans le corps de ballet de la Royal Opera House.

Comme Liam, tout ce que j'attendais de cette liaison, c'était du sexe. Rien de plus. Mais, il peut aussi y avoir de l'amitié et de l'affection, non ? Comme si ça devait être purement clinique. Comme si on pouvait ne rien éprouver ! Pas le moindre sentiment ! On n'est pas des robots, non ?

— « Qu'est-ce que tu me fais, là ? », l'imité-je en me plantant devant la baie vitrée. Me traiter moi de pot de colle ? Idiot !

Je suis vraiment trop stupide. Je sentais depuis quelques jours qu'il était différent. Je lui laissais encore le bénéfice du doute. Même l'autre soir lorsqu'il m'a donné du plaisir avant de me renvoyer comme... Grrr... C'était comme s'il voulait prouver que c'était lui qui contrôlait.

Je sens des larmes de rage monter à mes yeux. Il ne manquerait plus que je pleure à cause d'un connard arrogant de son genre !

Je retourne m'asseoir sur le lit avant de m'y étendre. Le regard rivé au plafond, je tente de recouvrer mon calme. Les images des instants passés avec lui tournent en boucle dans ma tête. Ces derniers jours, il était vraiment sombre par moment. Je voyais bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Pourquoi faut-il qu'il soit si secret ? Il sait presque tout de moi. Et moi ? Que sais-je de lui ? Juste ce que j'ai découvert par hasard. Il est Jeffrey Williams. Le célèbre écrivain. Je devine que ce qu'il a vécu doit être terrible pour s'être réfugié sur cette petite île. Merde ! Je suis vraiment irrécupérable. Il se comporte en salaud, et moi je m'inquiète pour lui...