Chapitre 12

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Tara

— Bonsoir, Tara, répond enfin Liam.

Je scrute ses traits à la recherche du moindre signe qui pourrait m'éclairer sur ses pensées. Je ne parviens pas à y déceler la plus petite indication.

— J'espère que je ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe, comme on dit, lancé-je avec une légèreté amusée que je suis loin de ressentir. Tu attends peut-être... du monde ?

— Non, réplique-t-il d'un ton bref.

Il ne me quitte pas des yeux et conserve ce masque impassible.

Sans doute doit-il me prendre pour une dingue ? Eh bien, à moi de lui expliquer ma réaction de tout à l'heure. Mais m'en donnera-t-il seulement l'occasion ?

Je promène mon regard autour de moi, autant pour recouvrer ma détermination que pour admirer le jardin. C'est un véritable îlot tropical. Un paysage sauvage et encore préservé.

— La maison... Cet endroit est vraiment magnifique, déclaré-je avec sincérité en me tournant à nouveau vers lui.

Il m'observe toujours, aussi immobile qu'une statue.

Bon. Pour l'« opération séduction », il faudra trouver autre chose...

— Oui. J'ai eu du mal à convaincre les propriétaires de me le louer.

Il a parlé d'un ton posé. Son visage semble enfin s'animer.

Je recouvre espoir.

— Tu as déjà dîné ? interroge-t-il en décollant son épaule du pilier.

Je secoue la tête.

— J'allais me faire griller quelques côtelettes. Je t'invite.

Je gravis les deux marches et suis le chemin qu'il m'indique vers l'entrée. Mon regard croise le sien comme je passe devant lui. Je ne parviens décidément pas à cerner ses pensées. Mais bon. Je vais partager son repas, non ? Il faut vraiment que j'arrête de réfléchir. L'essentiel, c'est qu'il ne m'ait pas virée.

Franchissant le seuil de la double porte, je me souviens soudain de la bouteille de vin dans mon cabas. Je la lui présente.

— Un vin de pays. Et pas n'importe lequel, observe-t-il en examinant l'étiquette.

Il reporte sur moi ses iris translucides.

— C'était la moindre des choses vu que je me suis pointée chez toi sans être invitée.

— Qui t'a donné mon adresse ?

Un sourire en coin étire sa bouche.

— Laisse-moi deviner. Armelle, c'est bien ça ?

Préférant ne pas répondre, je m'avance dans le séjour.

De la musique s'élève en sourdine d'une enceinte connectée. Je reconnais un tube des années 2000. Je promène un œil curieux autour de moi. Avec sa cheminée, ses tomettes au sol et ses poutres apparentes blanchies à la chaux, la maison est chaleureuse. On sent qu'elle a une histoire. Une âme. La pièce spacieuse est meublée de façon sommaire. Des fauteuils imposants, un grand bureau placé face à la porte-fenêtre et quelques rangements anciens disparates parachèvent la déco. Deux tableaux, les seules touches de couleur aux murs, attirent mon attention. Avec leurs tons vifs et les coups de pinceau vigoureux du peintre, ils dégagent une énergie magnétique.

Je m'en approche pour voir le nom de l'artiste. « J. Stern » parviens-je à déchiffrer.

— Il y a un artiste peintre dans ta famille ?

Juste une nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant