Chapitre 29

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Tara

Ouvrant résolument la porte vitrée, je m'engouffre dans l'immeuble. Le cœur battant à toute allure, je me dirige vers l'accueil et renseigne mon nom à l'hôtesse qui l'inscrit sur la liste. Puis, je vais m'asseoir dans l'un des fauteuils placés à disposition des visiteurs.

J'ai longtemps hésité avant de venir. Aujourd'hui, c'est le moment idéal pour lui parler. Pourtant, je me sens fébrile et nerveuse. Ça tourne en boucle dans ma tête. Ai-je pris la bonne décision ? Comment va-t-il réagir ? Et s'il me rejette... ?

Mon pouls s'accélère brusquement.

Débouchant soudain du couloir, il traverse le hall de la permanence d'un pas leste et sûr de lui. Plutôt élancé, il porte un costume sombre impeccable et une chemise claire au col ouvert. Frisant la cinquantaine, châtain aux tempes grisonnantes, il a un charme fou et beaucoup de charisme. Il survole l'endroit de son regard noisette. Je me tends lorsqu'il rencontre brièvement le mien. Un sourire aux lèvres, il lance un salut à la ronde avant de s'arrêter devant le bureau de son assistante. Puis, il se penche pour prendre appui sur la table de travail des deux mains et se met à lui parler à voix basse.

Un instant plus tard, je plisse les yeux. Je ne peux entendre leur conversation, mais de là où je suis, ça n'a pas l'air très agréable pour elle. Rougissant brutalement, elle glisse un regard gêné autour d'elle. Deux autres personnes attendent comme moi de voir le député. Ils ne semblent pas avoir remarqué le traitement que Scott Walsh, mon père, est en train d'infliger à son employée.

Mes doigts se crispent sur mon sac besace. J'ai bien envie d'aller lui dire ma façon de penser !

Pivotant tout à coup sur ses talons, il repart en sens inverse pour disparaître dans le corridor. Je saute sur mes pieds et pousse la porte de l'immeuble.

— Je l'ai trouvé infect ! affirmé-je à Maxine, une heure plus tard dans son studio.

— Du coup, tu ne lui as pas parlé ?

— Je n'en voyais pas l'intérêt, réponds-je en reposant mon verre sur la table basse. Ma mère avait raison. Je comprends pourquoi elle a essayé de m'épargner une telle déception. En plus, s'il avait voulu me connaître, il avait ces vingt-deux dernières années pour le faire.

— Il paraît qu'il est en bonne place pour prendre la tête de son parti.

— Eh bien, je leur souhaite bon courage !

— Et tes frères et sœur ?

— Mon père, je m'en contrefiche. Mais eux, j'ai vraiment des scrupules. Bouleverser leur vie comme ça... Je ne sais pas.

— Tu pourras toujours prendre contact avec eux quand tu te sentiras prête, conclut-elle.

Pendant un instant, seul le morceau « September » du groupe Earth, Wind & Fire résonne en fond sonore dans le studio.

Je reprends mon jus de fruit et le porte à mes lèvres avant de déclarer.

— L'autre jour, ma grand-mère a assisté à une lecture de Jeffrey Williams.

— Ah oui, fait Maxine sans enthousiasme. Je ne suis pas trop branchée bouquin.

— Je ne devrais pas te le dire. Mais, je ne vois pas pourquoi je me gênerais, lancé-je, irritée en y repensant. Vu qu'apparemment, il n'en a rien à faire de son anonymat, contrairement à ce qu'il m'a raconté. Jeffrey Williams est un célèbre écrivain de romans policiers. Et c'est le pseudonyme de Liam.

— Quoi ? s'étrangle Maxine en se redressant. Sérieux ?

— Sérieux.

Je lui résume le coup de la carte d'invitation.

Juste une nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant