SANS NOM

Chapitre 29: Parents

« Quand tu trouves quelqu'un qui est prêt à tolérer ton sale caractère, tu n'as plus de raison d'être en colère. »

Anna Todd

2020, France, mardi 7 juillet, Aix en Provence

Le conducteur de taxi est très gentil avec moi, il me demande comment je vais, je n'ose pas lui répondre que je ne me suis jamais sentie aussi bien malgré que je viens de me rendre compte que mon fiancé me trompe avec ma meilleure amie qui plus est. Ouais, je me sens bien, je vais enfin avoir le courage de parler avec Adam, de m'expliquer, de lui dire tout ce que j'ai sur le cœur.

-Où allez-vous mademoiselle ? demande le conducteur après avoir chargé ma valise dans son coffre.

Je lui donne l'adresse où j'ai habité quelques temps avec Adam. Au même moment, mon téléphone sonne, ma mère, j'en suis sûre sans même avoir regardé l'écran.  Malgré que je n'ai pas du tout envie de lui parler, je réponds parce que je sais que dans le cas contraire, elle va s'inquiéter et serait capable d'appeler la police de toute la région.

-Oui maman ? je réponds un brin blasée.

-Tu ne m'as appelé aujourd'hui ! Alors je suis inquiète, dit-elle d'une traite.

-Maman, il est à peine dix-sept heures, j'avais encore le temps de t'appeler...

Bien-sûr, je n'aurais jamais pensé à appeler mes parents pour l'appel quotidien alors que je serais avec Adam.

-Je sais mais tu me manques, ça te gène si je passe te voir ?

-Je ne suis pas à la maison...

-Tu es où ? Tu as fini le boulot pourtant ?

Comment annoncer à mes parents -oui parce que je me doute que mon père ne doit pas être loin du téléphone- que j'ai quitté mon fiancé et que je suis à la rue pendant les prochaines soixante-douze heures ? Que je ne sais pas où je vais dormir cette nuit ? Alors avec mon honnêteté habituelle, je réponds :

-J'ai quitté Bryan...

-Quoi ?! Comment ça ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Pour ne pas le blâmer, le rendre coupable aux yeux protecteurs de mes parents, je réponds :

-On n'est plus amoureux, c'est tout...

-Mais enfin, ma chérie, tu ne peux pas savoir, tu n'as pas toute ta mé...

-J'ai retrouvé la mémoire, je la coupe.

-Quoi ? Tu te souviens de tout ?

-Oui, maman, je réponds encore plus blasée qu'au début de la conversation.

-Comment tu as fait ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

J'attends quelques instants avant de répondre. Je ne peux toujours pas dire que j'ai trouvé Bryan avec Astrid et que cela m'a fait comme un électrochoc. Je ne peux pas. Je décide donc la fuite et pour une fois j'ai l'impression de faire le bon choix.

-Écoute, j'ai pas le temps maman, je t'expliquerais plus tard, dis-je sans lui laisser le temps de me poser encore plus de questions. Je n'ai pas le temps de lui donner des détails, de lui faire comprendre que je me souviens de tout mais que rien ne serait plus jamais comme avant. Je reviendrais plus avec Bryan pour Noël et je ne me marierais pas l'été prochain.

-Tu vas où ? Où tu dors ce soir ? questionne-t-elle sans s'arrêter.

-J'ai pas le temps, je te rappelle demain maman, tout va bien, dis-je pour la rassurer et enfin pouvoir raccrocher.

-D'acc, ma puce, à demain, finit-elle avant d'elle-même raccrocher, je crois l'avoir vexée. On verra demain.

Le taxi m'emmène jusqu'à l'immeuble d'Adam. Rien n'a changé, tout est resté comme quand j'étais partie. Pourquoi aurait-ce changé ? Parce que j'étais partie, la copropriété ne s'attardait pas sur mes sentiments, elle n'en avait rien à foutre.

Je monte les escaliers comme je l'ai fait autrefois, bien-sûr en deux minutes, je les ai gravis, depuis le temps, je me suis grandement améliorée en sport. Cette dernière affirmation me ramène durement à la réalité, je suis partie depuis trop longtemps maintenant et peut-être qu'Adam ne va pas me réserver l'accueil que j'attends. Sûrement ne serait-il pas heureux de me voir ? Je n'aurais sûrement pas dû revenir. Je ne sais plus rien de lui. Est-il en couple ? Peut-être que sa petite amie viendra m'ouvrir la porte et à ce moment-là je ne saurais plus quoi faire, quoi dire.

Encore, peut-être, est ce que je me fais trop de films ? Trop de tout. Mais à vrai dire, je ne connais plus rien de sa vie et lui plus rien de la mienne. Et la peur me submerge parce qu'Adam peut être si impulsif. Je n'ai aucune certitude et c'est certain que c'est la toute première fois de la vie. J'adore savoir comment faire, comment réagir mais ici et maintenant, je ne sais plus rien même plus où j'habite.

Cela fait déjà dix minutes que je suis devant sa porte et que j'attends que ma main frappe la porte. Ou plutôt que le courage me vienne.

Je dois simplement tendre la main et donner assez de force pour que derrière la porte, il m'entende et vienne m'ouvrir. Ce que je fais avec toute la force que j'ai au fond de moi.