Chapitre 21: Diagnostic

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« Il est difficile de dire adieu quand on veut rester, difficile de rire quand on veut pleurer, mais le plus terrible c'est de devoir oublier quand on veut aimer. »

Inconnu

2020, France, lundi 22 juin, Aix en Provence

Sur la quinzaine de mètres qui séparent ma discussion avec Adam de celle que je vais avoir avec ma mère, j'en profite pour sécher une larme solitaire qui a coulé là. Adam me déteste, c'est sûr maintenant même une discussion avec moi le répugne.

-C'était quoi ça ? me demande-t-elle en pointant du doigt tout le couloir.

-Rien, maman, ce n'était rien...

Plus rien, maintenant ce n'est plus rien. Plus de relation, plus de sentiments, plus rien juste des atomes bien trop crochus.

-Tu peux m'en parler tu sais ?

-Je sais, maman, tu me l'as déjà dit.

C'est ce qui signifie la fin de la conversation et ce qui nous plonge dans un grand silence, ma mère lit la plupart des magazines sur la table alors que moi je fixe chaque personne dans la pièce pour les détailler un peu plus et m'imaginer ce que pouvait être leur vie.

Au bout de trente longues minutes, le docteur Garcia ressort et appelle mon nom :

-Mademoiselle Curnier, c'est à vous !

Comme la dernière fois et toutes celle d'avant, il me fait passer en première et me laisse m'installer en face de son siège.

-Désolé pour ce léger contretemps, mon ancienne secrétaire nous a laissé un petit cadeau, m'explique-t-il en nous faisant rigoler tous les deux.

-Comment vous allez ? Vos exercices de musculation se passent bien ?

-Tout va bien, je fais mes exercices tous les jours comme vous me l'avez demandé il y a trois mois. J'arrive à courir plus longtemps maintenant.

Il prend des notes sur son bloc-notes avant de se tourner vers moi :

-Je vais vous ausculter. Je reviens tout de suite...

Comme d'habitude, le médecin s'éclipse afin de me laisser le temps de me déshabiller. Trop aimable à lui. J'enlève mon pantalon puis mon débardeur pour m'installer sur la table d'auscultation. Lui revient une minute plus tard, blouse sur le dos et stéthoscope autour du cou.

Il tâte mes membres, masse mes pieds, les retourne, puis m'ordonne :

-Levez la jambe droite jusqu'à là où vous avez mal...

Je le fais en levant jusque mi-hauteur avant de lever la deuxième et de la mener au même niveau que celle d'avant. J'y suis arrivée enfin ! Après des mois d'exercice, j'arrive à coordonner mes deux jambes sans élan.

-Bon c'est très bien. Vos jambes sont très bien coordonnées. Vous pouvez vous rhabiller et vous installer.

Il repart du bureau, le temps pour moi de remettre mon pantalon fleuri et mon débardeur.

-Installez-vous sur la chaise. Nous allons pouvoir grâce à vos efforts et si bien-sûr vous continuez les mêmes exercices, espacer vos rendez-vous. Je pense pouvoir vous recevoir tous les un mois voire un mois et demi.

-C'est d'accord !

-Je vais vous faire une ordonnance pour des antidouleurs, n'en prenez pas énormément à la suite, il y a des effets secondaires qui seraient vraiment malencontreux pour vous.

Il note quelque chose d'illisible sur cette dite ordonnance avant de me la tendre et de m'indiquer qu'il me laisse prendre un rendez-vous avec sa toute nouvelle secrétaire bien meilleure que l'ancienne – ce qui bien-sûr il ne manque pas de me dire-.

SANS NOMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant