SANS NOM

Chapitre 9: Mon petit-ami

« J'ai peur d'être seule, j'ai peur d'être à deux. J'ai peur de te regarder et encore plus dans les yeux. »

Angèle

2020, France, dimanche 5 avril, Aix en Provence

Mon petit-ami ? Bryan ?

-S'il s'est vraiment inquiété, pourquoi n'est-il pas là ? Pour mon retour, je veux dire...

-Il est chez vous, il nous attend pour ce soir.

Attendez...quoi ?

-Chez nous ? Ce soir ?

Mon père prend un moment avant de répondre et j'en profite pour détailler Adam qui est à deux doigts de péter un plomb, cette nouvelle semble l'avoir miné et alors pour le rassurer et pour lui dire que je ne l'oublie pas je lui prends la main et la serre comme lui le fait souvent.

-Vous avez un appart en commun et il nous a invité pour que vous puissiez vous retrouver. Il t'attend avec impatience.

À quoi s'attendaient-ils ? À ce que je saute dans les bras de mon potentiel petit-ami ?

-Adam vient avec nous ? je demande tout de suite.

-Non, ma chérie, Adam a un chez lui, il va sûrement vouloir rentrer, me dit ma mère alors que je regarde fixement Adam, attendant la moindre réaction de sa part.

-Je ne viens pas si Adam ne vient pas.

Elle semble chercher les mots justes puis ajoute :

-Enfin, ma puce, Adam ne pourra pas toujours être derrière toi. Maintenant que tu as retrouvé ta famille, Adam n'a plus rien à faire.

-Adam est mon ami ! je crie hors de moi, hors de la tournure que prend les évènements.

Je me lève rapidement pour prouver mon mécontentement mais Adam me rattrape et me fait me rasseoir en murmurant cette phrase inaudible et incompréhensible : « ne te fâche pas avec tes parents pour moi ».

Si seulement il sait que pour moi, il est bien plus que tout ce charabia et bien plus que tout ce que j'aurais pu espérer jusque maintenant.

En fait, je lui suis tellement redevable et maintenant je le sais il est bien plus qu'un ami pour moi.

Mes parents qui n'ont pas l'air choqués mais qui font plutôt comme si de rien n'était, nous dirent :

-On va vous laisser parler tous les deux.

Ils s'éclipsent tous les deux, main dans la main et ainsi je me retrouve seule avec Adam. Pourquoi nous laisser seuls ? Peut-être espèrent-ils qu'Adam me fera changer d'avis. Jamais.

-Ne t'énerve pas comme ça, c'est tes parents, ils sont beaucoup plus importants que moi.

-Arrête de te croire moins important qu'eux, c'est peut-être ma famille mais tu l'es devenue pendant ces quinze derniers jours.

Adam relève automatiquement les yeux pour les fixer dans les miens seulement je ne lui laisse pas le temps d'ajouter quoi que ce soit puisque je complète :

-Tu as été ma famille, mon frère, mon meilleur ami, mon soutien, mon médecin. Tu as été tout et tu ne peux pas en douter.  Mais maintenant, mes parents ont raison même si cela me tue, pour que j'avance, il faut que je sois ici, dans les lieux de mon enfance avec les personnes qui l'ont baigné. Et toi, ce n'est pas le cas. Mais ce n'est pas pour ça que tu dois disparaitre. On se verra toujours, moins, mais toujours parce que tu fais partie de ma famille, dis-je en souriant espérant le rassurer.