Bouleversé

Chapitre 16

Une semaine passa. Ron, comme tout les élèves n'ayant jamais vécu chez les Moldus, avait cours d'étude des moldus. Il en sortait souvent énervé, car il ne comprenait rien aux machines inventées pour combler l'absence de la magie. Harry et Hermione devaient alors déployer des trésors de patience et de gentillesse pour qu'il redevienne le Ron qu'ils connaissaient. 

Ce jour là, Harry était seul, car Hermione devait absolument réviser un contrôle de métamorphose. Le brun n'avait pas prévu de travailler pour cet examen, alors il espérait que ce ne serait pas trop dur. 

Ron sortit de la salle de classe dans les premiers. Il repéra son ami et fonça vers lui. 

-Harry ! Tu ne devinera jamais les devoirs qu'on a !

-Dis-moi, au lieu de faire durer le suspense !

-On doit aller dans un bar, une boîte de nuit ou un café moldu, et décrire  en détail notre expérience.

Harry grimaça. Un bar ou une boîte de nuit avec Ron ? Plutôt crever.

-Oh, c'est vraiment sympa, comme devoir ! On ira dans un café, Hermione, toi et moi. Il y en avait un qui avait l'air pas trop mal, à côté de chez les Dursley. On ira mercredi prochain, d'accord ?

Ron approuva avec enthousiasme. Drago, son sac sur l'épaule, venait de les dépasser en bousculant Harry. Celui-ci se retourna et s'écria, énervé :

-Dis donc, tu peux faire gaffe ?

Drago se retourna et soupira.

-Désolé, Harry. Ça ne va pas fort.

Et il partit. Ron et Harry se regardèrent, interloqués. Un Malfoy venait de s'excuser sans qu'on lui demande quoi que se soit ? Hum... C'était louche. Ron haussa les épaules et entraîna le brun à sa suite, dans les couloirs de l'école de magie.

-Je sais pourquoi il ne va pas fort, confessa Ron quand ils firent un peu éloignés.

-Ah, oui, et pourquoi ? demanda l'élu, curieux malgré lui.

-En cours d'étude des moldus, le professeur a fait une remarque sur le racisme envers les humains sans magie, en fixant Drago. Alors, tu sais comment est Malfoy, il a réagit au quart de tour en disant que son père était rasciste, et qu'il était sous son emprise, mais qu'il en avait terminé de ces moments là. Dans la classe, c'était le silence. On s'est tous dit que Malfoy avait raison, et pour une fois qu'il ne dit pas complètement de la merde, enfin, tu vois. Et là, le prof a ricané , en disant « C'est cela, oui ».

-Quand même. Tu m'étonnes qu'il soit un peu fâché...

Les deux garçons continuèrent leur chemin en silence. Ils rejoignirent Hermione à la bibliothèque. Ron sortit sa plume et ses parchemins. Il avait un essai à rédiger sur la cruauté envers les animaux magiques, et c'était pour le lendemain. Harry s'était déjà débarrasser de ses devoirs, alors il décida de laisser les deux amoureux travailler.

Il voulait retrouver Malfoy, mais il ne savait pas où il était. Alors le jeune homme descendit dans les cachots, chercher la carte du maraudeur. 

Il s'en saisit et déclara en chuchotant :

-Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.

La carte se déplia, laissant voir le plan de Poudlard. Harry chercha du regard l'empreinte de pas qui signifierait la position de Drago. Il la trouva enfin, dans la tour d'Astronomie. Harry était étonné, car la tour était interdite dans la journée. Il referma la carte avec ces mots :

-Méfait accomplit !

Puis il la rangea dans ses affaires et sortit du dortoir des Serpentard. Il s'approcha prudemment de la tour et grimpa les nombreux escaliers. Il ne devait pas se faire prendre par Rusard. 

Il fut tellement discret que Drago ne l'entendit pas arriver. Harry en profita pour observer son dos. 

Il était assis à la fenêtre, ses jambes pendaient probablement dans le vide. Ses cheveux blonds était désordonnés et sa chemise froissée. Sa cravate vert et argent était posée au sol, à côté d'une petite goutte de sang. Harry, de plus en plus inquiet, se racla la gorge.

Malfoy sursauta, tourna la tête, et balança ses jambes de l'autre côté de la fenêtre. Il était maintenant face à Harry, qui eut le temps d'apercevoir une larme furtive sur sa joue pâle.

-Harry, s'il te plaît... Laisse moi. Je veux être seul. Et je ne veux pas de ta pitié.

-Je ne suis pas là pour de la pitié, l'informa l'élu, je voulais juste te demander si ça allait. Ron m'a raconté ce qu'il s'était passé pendant le cours d'étude des moldu

Un autre larme coula. Drago l'essuya du revers de la main, laissant sur sa joue une traînée rouge. Le cœur d'Harry s'affola. Mais qu'avait-il encore fait, cet idiot ? Il s'approcha de Malfoy et jeta un sort pour nettoyer le sang. Il vit que le blond avait une plaie à la main.

-Bordel, Drago ! Ne me dis pas que tu as tapé dans le mur ? Mais pourtant, tu sais bien qu'il est plus résistant que toi ! 

Il ne répondit pas, mais son regard le fit à sa place. Ses yeux étaient tristes, et Harry se rendit compte que l'on pouvait se noyer dans cet océan bleu acier. Le brun battit des paupières pour revenir sur terre. Il reprit d'une voix plus calme :

-Je comprend que ce soi dur pour toi, après toute cette histoire de la Bataille de Poudlard. Mais, moi, je sais que tu es plus qu'un Mangemort.

Drago le poussa pour qu'il puisse se lever.

-Je me fiche de ce que TOI tu penses. Tu n'est pas le centre du monde, Potter ! 

Harry garda le silence. Il attendait la suite. Il avait bien entendu relevé l'utilisation de son nom plutôt que de son prénom, et il était déçu d'avoir régressé. Comme Drago ne disait rien, il murmura doucement, en le tenant pas les épaules pour ne pas qu'il s'effondre :

-Eh... Écoute, je sais que mon avis ne compte pas, mais tu vas vraiment te laisser abattre par UN gros con ? Non, le Drago que je connais ne ferait pas ça. Allez, respire, ça va aller.

Drago avait cédé et ne semblait plus sur la défensive. Il paraissait si fragile, Harry était touché. Des larmes coulaient silencieusement sur ses joues et cette vision était insupportable. Sans réfléchir, le brun serra le blond dans ses bras. D'abord, ce dernier se crispa et tenta de le repousser, mais voyant que Harry ne cédait pas, il se laissa faire.

Drago réalisa qu'il était en train de pleurer sur l'épaule de la personne qui était censée être son ennemi. Il réalisa aussi que ce n'était pas si mal. Harry était chaud et sentait bon, une odeur réconfortante. Au bout de quelques instants, il s'éloigna.

-Merci, Harry.