Chapitre 3.3 - réveil précoce

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Je me réveillais douloureusement, comme si tout mon corps était en miettes. Je n'étais plus dans l'espace de service sombre dans lequel j'étais tombé, mais dans une couchette, plutôt confortable.  Quelqu'un avait dû me trouver et me ramener à son module d'habitat. Il y avait un dessin faisait sur le mur intérieur, en pastel en a croire les quelques crayons qui trainaient autour du lit. Une étoile, la mer et des nuages grossièrement faits. Une sorte d'échappatoire à ce navire pour l'auteur de ce dessin. Cela devait être dur de ne pas être sur une planète, de respirer l'air frais, de regarder les nuages passer au-dessus de nos têtes, de sentir le vent sur notre peau. Même si cela fait longtemps que l'espèce humaine avait colonisé l'espace, cela restait toujours très dur pour certains de supporter les voyages spatiaux. Beaucoup d'eux quittent jamais leur planète en quête d'un travail, d'une vie ailleurs ou bien pour voyager. Ce n'est pas naturel, pour nous les Hommes de ne pas rester sur notre terre, et tout ce qui n'est pas naturel coûte très cher. Construire et faire naviguer ce vaisseau entre les astres a englouti le labeur de plusieurs générations au sein de l'empire. C'est pourquoi il était très dur pour moi de le voir dans un état aussi délabré.

Je ne sais pas à qui appartient cette couchette mais le dessin parait si abimé par le temps, que son auteur à peut être lui aussi disparu dans ce même temps. Ce vaisseau part en vrille... Je dois trouver pourquoi. Il est hors de question de finir coincé au beau milieu de l'espace.

Je me redressais sur la couchette, assis, je pouvais voir un long couloir mal éclairé où plusieurs autres lits vides se trouvaient de part et d'autre de l'allée. Il devait y en avoir une quinzaine plus en amont et deux ou trois derrière moi.  Au bout la porte coulissa, laissant entrer une personne qui se dirigea vers moi. Elle me dit:

- Bonjour ! Vous êtes enfin réveillé. Vous êtes resté KO pendant quelques jours.

- Bonjour, répondais-je timidement tandis qu'il se rapprochait de moi.

- Je me présente. Je m'appelle Marius Dezzipat.

- Yarmo.

- Enchanté Yarmo. Cela fait longtemps que je n'ai pas vu quelqu'un...

Vint ensuite quelques mots avant que Marius ne me parle un peu plus de lui. De la vie de botaniste au survivalisme spatiale, il y avait un monde. Ses premiers jours seuls furent durs. Une tourelle de défense manqua de peu de le blesser à mort. Il avait essayé de regagner son labo, sans succès. Il s'organisait depuis pour survivre. En tant que botaniste il travaillait sur les fermes hydroponiques du vaisseau : production d'oxygène et de nourriture pour l'équipage en phase réveil. Cependant avec les coupures de courant, il ne pouvait plus produire grand-chose.

Il me trouvât lors d'une exploration et me ramena à un lieu désert et sécurisé.

- Sécurisé, il y a un danger ici ?

- Du calme Yarmo, pour l'instant rien. On va rester ici quelques jours, le temps que tu reprennes des forces.

Il me força même à rester coucher malgré mes dires quant à ma condition physique. Mais je savais au fond de moi que ces prochains jours de repos étaient nécessaires. Je n'avais pas fais de sport depuis un moment et les blessures n'arrangeait rien. On devrait changer bientôt de point de chute car les vrombissements des unités mécaniques résonnaient trop fort là où on se trouvait me disait-il. Certaines machines étaient complètement inoffensives. Elles vaquaient à leurs occupations de maintenance, de réparation ou de gestion. Mais d'autres...

- Une unité G8 m'a réveillé, elle paraissait folle. Que se passe-t-il ici ? Sommes nous les seuls ?

- Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on n'est pas les seuls en vie dans ce maudit vaisseau. -Il appuya d'un geste le mot maudit - Bien au contraire. Parmi les survivants, les Lyriens sont les plus dangereux. Il sont des passagers, des scientifiques comme vous et moi, ou bien des membres d'équipages qui n'ont pas eu le temps de regagner les ponts inférieurs après la fermeture des accès. Ils ont un chef qui se nomme lui-même « Vividzev ». J'emploie bien les guillemets - Il mimait là aussi avec ses doigts - car je trouve le nom ridicule. Il parait que cela vient d'une planète où des étoiles rouges dictaient la loi au gens. Bref, un monde de fous.

Et puis il y a le reste de l'équipage, qui a sécurisé les ponts inférieurs. Ils ont le contrôle de presque tout ce qui veut bien encore fonctionner dans ce rafiot. Mais il se retranchent en bas. On ne sait pas ce qu'ils font et s'ils veulent vraiment trouver une solution pour s'en sortir.

- Tu as essayé de les contacter ?

- Ahah. Il faudrait d'abord trouver un système de com' qui fonctionne. De plus on est, d'après ce que j'ai pu comprendre des plans, hyper loin des ponts supérieurs.

- Et les robots, ils obéissent à qui ?

- Les robots ? Ils sont autonomes je crois. Mais je ne suis pas sûr, je travaillais comme botaniste au secteur 76 avant la catastrophe. Autant dire que les robots j'y connais rien.

Il reprit : Et toi ? Tu faisais quoi avant, avant tout ça ?

J'hésitai à répondre franchement : Moi ? J'étais membre d'équipage.

- Çà, je l'avais remarqué. Tu portes l'uniforme marine. Ce que je te demande vraiment c'est ce que tu faisais concrètement. Du genre, j'étais officier en chef et j'ai accès à tout le vaisseau, ironisa-t-il en levant les yeux au ciel.

- J'étais bien officier, et je m'occupais des modules de refroidissement : mentais-je.

- Les modules de refroidissement ? C'est pas un peu inutile dans l'espace ?

- Euh, non pas du tout...

- Ah, d'accord. C'est pas moi qui vais te contredire.

- La chaleur se dissipe dans un milieu mais extrêmement lentement dans le vide. Si nous ne refroidissons pas ne serait-ce que nos moteurs, nous cuirions dans cette cocotte-minute.

Mon sauveur semblait écouter sans pour autant prêter attention à mes explications succinctes.  Je reprit :

- Tu sais ce qu'il s'est passé ? Comment tout cela est arrivé ?

- Non... et je n'ai pas croisé grand monde qui aurait pu me l'apprendre. C'est pour cela que je me suis bien occupé de toi.

Il me souriait. « Ne puissiez-vous jamais connaître la joie de revoir un visage humain », m'avait-il dit. Cela faisait plusieurs années qu'il était seul, sans espoir. J'avais beau chercher des réponses mais aucune de ces prédictions ne s'étaient avérée vraies. Le voyage devait bien se dérouler. La flotte devait être solidaire et arrivée à bon port.

- Moi non plus. Il va falloir tirer cela au clair.

Il ne répondit pas. Surement parce qu'il ne se faisait plus d'illusions. On continua quelques heures encore à bavarder. Nous partirons d'ici dans quelques jours, en espérant que les unités mécaniques ne nous trouvent pas avant.

Le voyage vers VégaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant