Un son métallique percutant, plus violent encore, trois coups qui semblaient provenir d'un objet renversé au sol et ayant rebondi avec difficulté. Ce fracas distant se répétait à intervalles réguliers, jouant sur les nerds des deux personnes piégées dans le cockpit. C'était les deux opérateurs toujours cachés, accroupis chacun derrière un siège de pilotage. Ils se raidissaient à chaque bruit inquiétant. Ils se tordaient dans une position inconfortable, pour laisser paraitre leur corps le moins possible à la vue d'un potentiel agresseur venant fouiller le vaisseau. Sans bouger dans la pénombre ils voyaient par moment passer les rayons d'un torche par l'ouverture d'accès au cockpit, provoquant des crispations plus fortes encore. L'attention lumineuse ne s'arrêtant jamais longtemps dans leur direction, ils pouvait souffler en silence.
La voix masculine demandait doucement ce qui, ou quoi, pouvait bien lancer ces sons menaçants. Sa binôme féminine s'essayait à quelques suppositions : les occupants du vaisseau, des assassins, des machines ?
Pendant les cinq minutes suivantes, il n'eut plus rien, pas un son suspect, rien qui ne se différenciait du vrombissement monocorde du système de survie. Elle osait quelque fois passer la tête hors de sa cachette pour essayer d'apercevoir l'origine du boucan, dans ce qu'elle situait, murmurant, "115... dans le hangar de stockage" et quelques instant après, "au bout de la coursive". Ils ne distinguaient rien de là où ils se cachaient, pas une forme, pas une parole, que du grabuge.
Je les observais moi aussi invisible derrière la grille d'aération du plafond, les yeux à la limite de la séparation lumineuse que formait l'éclairage de quelques instruments du cockpit sur les lames de métal. Je ne bougeais pas, gainé dans le conduit à essayer de juger qui étaient ces deux personnes. A voir leurs tenues identiques et le numéro par lequel ils s'appelait, j'optais principalement pour les opérateurs mais cela pourrait être des techniciens de maintenance ou bien des passagers qui auraient réduit leur numéro d'identification aux trois chiffres 1 1 5 et 1 1 6. Ils n'étaient clairement pas venus avec le vaisseau, tout comme la chose qui fouillait le hangar, je les aurais vu avant sinon. Mais je ne savait pas dire s'ils faisaient parti de l'équipage. Il y a eu tant de temps passé.
De toute façon, mes bras commençaient à se tétaniser, il fallait que je me repose. Je ne pouvais pas maintenir cette position en planche, tendu sans bougé. Le tremblement se répercutait sur la tôle du conduit, provoquant un bruit de moins en moins couvert par les palles des ventilateurs. A bout de force je m'écroulais sur la paroi inférieure générant un glonk sourd que les deux personnes du cockpit captèrent immédiatement, orientant leurs attention vers moi.
Nous restions fixe un moment, à nous regarder sans savoir si on se voyait réellement. Sans un bruit, le regard vers la grille de sortie, ne sachant si avec la lumière éparse ils pouvaient me voir, je décidais de fermer les yeux et de ne plus bouger, respirer le plus lentement possible. Je me mis à décompter dans ma tête : 5 minutes et je pourrais rouvrir mes paupières et me glisser en arrière pour disparaitre. Ils devaient toujours me fixer mais s'ils m'avaient déjà aperçu, ils aurait réagi, essayé de me contacter non ? Peut-être pas, de peur du danger ? Ou bien de faire d'attirer la chose du hangar... Je restais calme, essayant de compter dans ma tête sans compter ma respiration à la place. 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1.Plus que quatre minutes. Mais j'aurai fais quoi à leur place. Surement pris contact, discrètement. Dire que je ne veux pas de mal... C'est vrai que c'est difficile d'oser dans des moments comme çà, pris au piège, accablé. Je l'étais aussi, la seule sortie était le sas, qui donnait sur le hangar... Si une machine passait par le conduit je n'aurais pu la voir ni même la contrer.
Plus que trois minutes. Il fallait que je passe alors à l'action. Je n'ai rien à perdre. Je suis le seul du navire encore ici. Peu importe si ce sont des membres d'équipages restant ou bien des passagers. C'était des humains comme moi. Entre humain on peut discuter. Comment faire avec eux ?
Deux minutes encore. Je... je sentais dans ma poche un objet en me repositionnant. C'était ma carte d'accès du vaisseau. Il y avait mon nom, ma photo... cela devrait les rassurer. Je l'avais glisser là pour pas qu'elle tape sur le conduit, pendu à mon cou pendant que je rampais dedans. Voilà, cela se ferait dans le calme, sans parole.
Plus qu'une minutes, je pense que c'est une bonne solution. J'essayais d'attraper la carte, passant ma main le long de mon corps et de la paroi froide de métal, mais la poche n'était pas bien ouverte. J'avais du mal à glisser mes doigts... J'atteignais péniblement le tour de cou que j'ai pu extraire.
Encore 10 secondes. 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1... J'ai ouvert les yeux, ils me regardaient encore. Je laissais tomber entre deux réglettes de métal ma carte d'accès. Les deux personnes la regardèrent chuter au milieu de la pièce. La jeune femme s'approcha et la saisi, scrutant l'objet pendant quelques minutes avant de se retourner vers moi, lançant :- Merci Marco.
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Le voyage vers Véga
Ciencia FicciónLes systèmes stellaires de la Galaxie se meurent, s'effondrent, par la guerre, le manque de matières ou l'avidité de certaines corporations. Quand il fallut abandonner son foyer pour une autre planète hypothétique, à des centaines d'années lumières...