Le commandant en second Khonrad fit interruption dans la salle des communications quantiques. Le Comquant' se leva aussitôt pour saluer son officier supérieur. Celui-ci lui ordonna : repos.
Il ferma la porte derrière lui, puis reprit : vous m'avez fait demandé enseigne ?
- Oui mon commandant. Nous avons reçu la réponse du PCS. Elle comporte deux fichiers confidentiels.
- Très bien, veuillez me les afficher sur ce moniteur. Il sortit de la poche de sa vareuse un petit objet. Voici ma clef de décryptage.
L'enseigne brancha dans la console la clef que lui tendait Khonrad, puis il initialisa le décryptage des documents secrets. Le commandant en second remercia le Comquant'. En effet, il devait attendre dehors le temps de la lecture. Il s'exécuta et referma derrière lui. Personne dans la coursive. Il resta à proximité afin de barrer le passage à quiconque voudrait s'approprier le contenu du message. Le risque était minime car beaucoup de membres d'équipage étaient déjà en hyper-sommeil. L'activité du pont commençait à s'estomper. Par ailleurs, les consignes du PCS stipulait de garder un cycle jour / nuit équivalent à la planète de départ du navire. Cela facilitait les communications. Il était 22h03 et beaucoup d'éveillés sans long sommeil programmé, partaient se coucher. Quelque uns passaient par la coursive, jetant un coup d'œil interrogateur sur ce que faisait planter là le Comquant'.
Le commandant en second mit finalement 10 minutes pour parcourir les deux fichiers. Il ouvrit brusquement la porte et questionna d'une voix fort :
- Où est le commandant de bord ?
- Je ne sais pas mon commandant. Quelle est le problème ?
- Vous avez lu les deux documents enseigne ?
- Non mon comm... : dit-il un peu gêné par ces soupçons.
- C'est mieux ainsi : coupa - t- il. Je ne peux pas vous mettre dans la confidence sans en parler au Commandant de Bord. Préparez le prochain message vers le PCS. Dites-leurs que nous avons bien reçu et compris leur message. Nous ferons tout pour nous adapter.
Khonrad sortit de la pièce avant de faire demi-tour pour appuyer sur le bouton du RDO et annoncer : Ici le Commandant en second Khonrad. Tous le personnel sur le pont. Je répète tout le personnel est appelé à son poste. Terminé !
Il se tourna vers l'enseigne : Les capsules quantiques sont stockées près d'ici ?
- Oui, à quelques modules de là.
- Très bien. Vous allez envoyer la réponse au PCS. Puis vous m'irez chercher une ou deux capsules. Le plus que vous pourrez porter avec vous. Vous me rejoindrez ensuite au plus vite au pont 35, section 07. Il y a là-bas une salle de préparation aux sorties extra-véhiculaires. Vous m'y attendrez. Compris ?
- Oui mon Commandant.
- Bien ! Au boulot !
Khonrad partit précipitamment et l'enseigne se mit à son poste pour renvoyer la confirmation de la bonne réception du message confidentiel, issu du PCS. Une fois fait, il prit soin de mettre en veille son poste, éteindre la lumière et verrouiller derrière lui. Il courut vers la zone de stockage des capsules quantiques, à deux encablures de son poste de travail.
Devant la salle, il s'identifia, et fonça directement vers les objets en question. Il sortit de son container une première capsule. Elles étaient assez légères mais très encombrantes. Il la posa en dehors de la pièce de stockage puis revint chercher la seconde, qu'il posa à côté de la première. Il verrouilla la porte puis porta à bout de chaque bras une capsule soulevée par une poignée. Maintenant il devait rejoindre le lieu de rendez-vous. Il essaya de courir mais les deux objets volumineux s'entrechoquaient avec ses jambes. Impossible d'avancer plus vite sans risquer de les endommager. Tant pis il marcherait. Par ailleurs, il n'avait pas le temps d'appeler une unité de sous-levage mécanique. Il se dirigea vers l'ascenseur central qui traversait le vaisseau de long en large. C'était le seul moyen d'arriver à une autre section de l'infinité rapidement.
Arrivé devant le sas de l'ascenseur, une alarme retentit. C'était celle qui correspondait à la mobilisation de tous les membres d'équipage quand une manœuvre critique du vaisseau était à faire. Que cachait Khonrad ? Il le saurait bientôt.
Il entra dans l'ascenseur et posa les deux capsules dans un container de transport. Quant à lui, il s'assit dans l'un des fauteuils ergonomiques vides.
- Direction Pont 35, section 07 : demanda - t -il.
L'ascenseur se referma et partit amener son occupant vers la destination demandée. Le Comquant' reçut une petite accélération au démarrage. Le trajet dura quelques minutes puis une décélération. Le siège le libéra et il reprit ses deux capsules. Le sas s'ouvrit pour laisser place au pont 35, section 07. C'était une tout autre architecture que le pont de commandement. On va dire que celui-ci avait été plus soigné. Par contre le style industriel et rudimentaire de ce pont transpirait la robustesse. Il devait avoir été blindé car proche d'un hangar ou d'un sas vers l'extérieur.
L'enseigne ne savait pas où trouver la salle de préparation extravéhiculaire. Il posa les deux capsules à ses pieds puis d'une pression sur le côté de son casque, alluma son espace RA. Il chercha le plan du navire et superposa à sa réalité le chemin à parcourir pour s'y rendre. Il reprit ses deux bagages et suivit la flèche qui marquait le chemin. Elle le mena devant une large porte blindée qui avait été laissée entrouverte. A l'intérieur il reconnut la voix de Khonrad :
-... bon, vous connaissez les enjeux de cette mission. Je ne viendrai pas avec vous. Je laisse la main au Capitaine Galaste.
Le Comquant' voulant rentrer dans la salle, tapa avec l'une des deux capsules un des battants de la lourde porte, ce qui annonça de manière clinquante son arrivée. Tout le monde se tourna vers lui. Gêné il prit la parole : j'ai les deux capsules que vous m'avez fait demander mon commandant.
- Très bien ! le seconde classe firuk se chargera de les mettre dans la navette.
- La navette ?
- Oui, enseigne, vous partez pour une lune orbitant sur la plus proche planète gazeuse de ce système. C'est une mission de la plus haute importance et totalement secrète. Le Capitaine ici présent vous briefera pendant la préparation de la sortie. Quant à moi j'ai d'autres choses urgentes à gérer.
Le commandant en second se tourna vers la petite équipe d'une dizaine de personne : Messieurs, Madame, je vous souhaites bonne chance pour cette mission. La survie à long terme de cette expédition dépend de vous.
Il les salua et l'équipe lui retourna son salut. Khonrad repartit. La petite troupe se mit aussitôt en en mouvement : un soldat vint délester le Comquant' de ses deux paquets ; un autre lui passa sa combinaison de vol; puis tous mirent la leur - il fit de même - , et se dirigèrent vers la navette dont on apercevait rien car elle était reliée à un sas. Ils entrèrent tous. La dépressurisation commença puis l'autre côté s'ouvrit et ils se dirigèrent les uns derrières les autres vers leurs sièges sans un bruit.
Ils s'installèrent, on montra à l'enseigne sa place et une autre marin vint s'occuper de boucler sa ceinture, avant de regagner son propre siège. Il était déjà dans un état de stress aiguë; sa respiration faisait de la buée sur sa visière. Son espace RA affichait "calmez-vous". Il essaya de faire baisser son rythme cardiaque avec des exercices de respiration mais son cœur partit de plus belle quand les moteurs débutèrent leur démarrage dans un vacarme assourdissant. De son siège il ne voyait pas les autres et ne pouvait bouger la tête. Il demanda :
- Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi on a besoin de moi dans cette mission ?
Tout l'équipage rigola et le Capitaine leur demanda de se concentrer avant de répondre au Comquant' : C'est toi qui veilleras sur le matériel de Com' et qui gèrera notre échange avec l'Infinité. On a pour mission de se mettre en orbite autour de 547-Hurus-Ac et d'attendre les ordres.
- Pour quelle raison ?
- Ah si je le savais : ironisa le Capitaine et tout le monde rigola une nouvelle fois jusqu'au moment ou la poussée des moteurs de la navette ramena tout le monde sur terre. La navette accéléra dans une longue galerie avant d'émerger en dehors de la coque de l'Infinité. La porte du hangar se referma derrière eux et le vaisseau disparut peu à peu dans l'immensité du vide. Devant eux la géante gazeuse reflétait une lumière orangée dans tout le cockpit.
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Le voyage vers Véga
Ciencia FicciónLes systèmes stellaires de la Galaxie se meurent, s'effondrent, par la guerre, le manque de matières ou l'avidité de certaines corporations. Quand il fallut abandonner son foyer pour une autre planète hypothétique, à des centaines d'années lumières...