Chapitre 24: Adieux à la Lorién

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Quelques jours encore s'écoulèrent et la Communauté demeurait à Caras Galadhon. Peu à peu, leurs cœurs emplis de tristesse s'apaisèrent et les trois derniers jours de séjour furent plus joyeux que tous les précédents.

Elenwë se sentait plus forte et plus sereine grâce à l'entraînement qu'elle avait subi avec la Dame Galadriel.

La veille du départ finit par arriver.

Le Seigneur et la Dame leur parlèrent.

— Demain, mes amis, vous reprendrez votre route vers les ténèbres. À moins que certains d'entre vous n'aient choisi de rentrer chez eux, dit gravement Celeborn.

— Tous ont choisi de poursuivre la route. Dit alors Galadriel.

Le fils de Denethor prit la parole :

— Je n'irai peut-être pas jusqu'au Mordor mais ma destination est sur la  route. Peut-être la Communauté  passera t-elle par Minas Tirith ? Dit Boromir.

Les elfes leur donnèrent congé et ils sortirent de la salle. Cependant, Aragorn s'approcha de Boromir à pas vifs et lui dit :

— La Communauté ne passera pas par Minas Tirith.

— Comme vous avez été prompts à faire confiance aux elfes! Ne peut-il pas en être de même pour les Hommes? Nous sommes certes plus facilement atteints par l'orgueil et la cupidité mais notre race a su garder en dépit de tout sa dignité et un certain honneur. Osez prétendre le contraire, Aragorn, fils d'Arathorn, descendant d'Isildur, fils et héritier légitime du Gondor, royaume des Hommes!

— Je ne dénigrerai pas ma propre race mais c'est là peut-être une raison de discorde. Attendons d'être aux chutes de l'Anduin pour décider. Peut-être même la Communauté sera dissoute.

Frodon leva la tête.

— Allons, mes amis, ne nous disputons pas ainsi. Comme le dit Aragorn, nous aurons encore l'occasion de décider plus tard.

Elenwë sentit la fatigue l'envahir.

— Nous devrions aller nous reposer tant que nous le pouvons encore.., le départ ne s'effectuera que demain.

— Vos paroles sont sages, Elenwë. Répondirent Legolas et Gimli en cœur.

Ils se regardèrent, étonnés et sourirent.
Durant ses longues journées, les deux amis -car c'était ce qu'ils étaient à présents- furent aperçus, visitant côte à côte la belle Lorién et parlant avec l'autre de mille sujets différents.

Un elfe et un nain. Le Destin est parfois joueur, pensa Elenwë. Qui eût cru que ces deux là s'entendraient bien ?

Elenwë souhaita bon repos à la Communauté avant de rejoindre ses appartements.

Le lendemain, jour du départ, Elenwë se leva, sentant en elle comme un mauvais pressentiment. Elle s'assit devant la glace de la chambre et entreprit de se coiffer. Démêlant ses cheveux, elle caressa du doigts ses mèches blanches. Elle avait vraiment du mal à se faire à se changement. Haldir, Galadriel et Celeborn n'avaient pas manqué de lui demander quel en était la raison. En tressant ses cheveux, elle soupira.
Elenwë se releva. Elle enfila un pantalon noir confortable et une tunique longue grise claire. La tunique lui arrivait au dessus de la mi-cuisse et était fendue sur le devant pour faciliter les mouvements. Elenwë serra sa grossière ceinture de cuir autour de sa taille et remit Ant Estel dans son fourreau. Des bottes de cuir noir légères lui montaient jusqu'à la mi-mollet et elle y glissa deux minuscules dagues. Aussi apprêtée, elle descendit rejoindre ses compagnons, non sans jeter un dernier regard à Caras Galadhon.

-Namarië.. ne put-elle pas s'empêcher de murmurer.

Surprise, elle constata qu'Aragorn aussi paraissait mélancolique.

— Aragorn? Allez vous bien?

— Je sens que je ne reviendrai pas avant longtemps. À cette dure pensée, mon cœur se serre.

— Allons, avançons mon frère. Songeons que si nous n'agissons pas, ce lieu ne sera plus.

Haldir les conduisit au bord de l'Anduin.

Des elfes arrivèrent portant avec eux des paquets contenant de la nourriture et des vêtements.

Parmi la nourriture, se trouvaient des galettes assez plates, à l'aspect blanc. L'air soupçonneux, Gimli en prit un et murmura:

— Du tram..

Peu convaincu, il croqua dans la galette et afficha aussitôt un air surpris avant d'en avaler la totalité.
Les elfes s'esclaffèrent.

— Assez, assez! Dirent-ils en riant. Vous avez déjà mangé de quoi affronter une longue journée de marche.

— Je croyais que ce n'était qu'une sorte de tram, comme ce que le font les hommes du Val pour leurs voyages dans le désert, dit le Nain.

— C'est bien cela, répondirent-ils. Mais nous appelons cela du lembas ou pain de route, et c'est plus fortifiant que toute les sortes de nourriture faite par les Hommes, et c'est meilleur que le tram.

— Certes, dit Gimli. C'est même meilleur que les gâteaux de miel des Béornides, et ça c'est un compliment, car les Béornides sont les meilleurs boulangers que je connaisse ! Ils ne sont cependant pas aussi généreux que vous autres ! Vous savez être des hôtes plein d'attention. 

— Cependant, reprirent les elfes, nous vous invitons à économiser la nourriture.. Mangez en peu à la fois. Si vous laissez les gâteaux dans leurs enveloppes et si vous ne les brisez pas, ils garderont longtemps leur fraîcheur. une seule bouchée de ce pain saura vous tenir sur pied durant une journée entière, fussiez-vous un homme robuste !

Ensuite, ils présentèrent à chacun des voyageurs une cape à la fois chaude et fraîche, et capable de changer de couleur selon l'environnement dans lequel ils se tenaient. Une capuche permettait de se protéger de la pluie et avec chacune était donnée une broche en forme de feuilles dont les nervures étaient d'argent.

— Vous avez les faveurs de la Dame car ses capes ont été tissées par elle-même et ses suivantes.. Et c'est la première fois que des étrangers peuvent porter les étoffes que nous portons, dit Haldir avec un air étonné. 

Sur la rive, derrière eux, doucement heurtées par de petites vagues, trois barques elfiques les attendaient. Elles étaient légères et robustes, faciles à porter sur une épaule tout en marchant.

Là, sur la berge, ils se répartirent en trois groupes.

Aragorn, Frodon et Sam. Merry, Pippin et Legolas. Et enfin Elenwë, Boromir et Gimli.

Ils saluèrent les elfes de la Lorién et Haldir prit Elenwë dans ses bras.

Calo anor na ven, Elenwë (Puisse le soleil briller sur votre route, Elenwë )

Puis il se tourna vers la Compagnie entière et dit:

No galu govad gen. (Puisse la chance vous accompagner)

Namarië, Haldir, mellonamin. (Au revoir, Haldir, mon ami.)

Ils montèrent dans les embarcations et quittèrent la rive.

À quelques minutes de navigation de là, un immense bateau somptueux les attendait.

Tous accostèrent et la Dame dit:

— Nous sommes venus pour les ultimes adieux.

La fille de la Lune Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant