Le jour suivant, après le déjeuner, je m'installai sur mon ordinateur pour consulter ma boîte mail. Avec le temps que j'avais mis à profit hier pour la partie administrative et commerciale de mon activité, j'avais déjà quelques clients qui semblaient intéressés par la possibilité de faire un article sur la région.
Alors que je terminais, on frappa à la porte.
— Entre ! criai-je, en rassemblant maladroitement le désordre devant moi.
J'allais devoir passer le reste de la journée avec Robin, mais je n'avais plus l'habitude des civilités, ça m'angoissait. Mes discussions les plus longues cette année se limitaient à des échanges polis avec les propriétaires des chambres d'hôtes que j'occupais. J'avais peur de ne plus savoir faire la conversation. J'essuyai mes mains devenues moites sur son jean, et Robin entra, aussi serein qu'à l'accoutumée.
La dernière fois, je n'avais pas remarqué à quel point il détonnait dans cet environnement. Le plafond paraissait trop bas, la pièce trop étroite pour le recevoir. Et la tapisserie fleurie jurait affreusement avec sa veste en cuir. Il croisa mon regard et sa bouche s'élargit en un sourire timide.
Mon cœur s'emballa malgré moi. Ses sombres yeux bruns me faisaient perdre toute contenance.
— Bonjour, tu es prête ?
— Bonjour, une petite seconde...
Je cliquai sur le bouton « envoyer » de mon dernier mail et refermai mon ordinateur.
— C'est bon, on peut y aller, lui déclarai-je en attrapant mes affaires et en répondant discrètement à son sourire.
Nous dévalâmes l'escalier et croisâmes Jacinthe qui nous salua d'un signe de la main, affichant un air ravi. J'espérais qu'elle n'allait pas se faire trop d'idées, dans trois semaines j'aurais quitté la région et la vie reprendrait son cours. Il n'y aurait plus aucune trace de moi à Aston.
Robin m'ouvrit la portière de sa voiture, et je montai à bord du pick-up. L'engin démarra dans un bruit sourd.
Derrière le parking, les stands étaient déjà installés tout le long de la rivière en prévision de l'évènement de ce soir. Quelques personnes s'affairaient pour la décoration. Je n'avais pas imaginé qu'il y avait autant d'habitants à Aston. J'étais impatiente de me rendre au marché, qui ressemblait plutôt à une fête de village vu l'effervescence qui régnait.
Alors qu'il s'engageait sur la route principale, j'en profitai pour le questionner.
— Où va-t-on exactement ?
— La cascade aux miroirs, c'est la plus impressionnante et la plus emblématique du coin. Elle n'est pas très accessible, donc elle est assez peu fréquentée.
— Parfait.
Tant qu'il me sortait de cette chambre d'hôtel, il pouvait m'emmener où il voulait.
Je me félicitai d'avoir pensé à mettre mes chaussures de randonnée. Je savais la région sauvage, j'avais prévu mon équipement en conséquence.
Aston se retrouva vite derrière nous et la voiture s'engagea sur des petites routes sinueuses. L'accès devenait de plus en plus étroit et escarpé.
— Tu connais bien les montagnes ? le questionnai-je pour discuter.
Ses sourcils se froncèrent légèrement.
— Oui, plutôt. J'y allais souvent avec mon père quand j'étais enfant.
— Ah oui ? Vous faisiez de la randonnée ? continuai-je, sincèrement curieuse.
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WerewolfAlexia vit avec son deuil depuis plus d'un an. Pour tenter d'anesthésier la douleur, elle a pris la route et finance sa vie de vagabonde grâce à ses photographies. Alors qu'elle se rend dans la Vallée de l'Aube pour les cascades, elle rencontre Robi...