Chapitre 18

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Je m'éveillai dans ses bras. Son souffle chaud caressait mon cou, il était encore endormi. Il faisait froid dans la chambre, nous n'avions pas songé à allumer le radiateur, mais la chaleur qui émanait de lui suffisait amplement à me réchauffer.

Je m'autorisai quelques instants à profiter de ce moment, à ne pas me soucier de la journée qui arrivait. Je repensais à la soirée d'hier. Jamais je n'aurais pu imaginer ressentir autant d'émotions. Nous ne faisions qu'un, possédés par un désir au-delà de tout ce que j'avais pu connaître. Nous nous étions complètement livrés, abandonnés l'un à l'autre, essayant de rattraper tout le temps perdu, et celui que nous allions perdre.

Je me laissai bercer par le rythme de sa respiration, et profitai de l'accalmie que m'offrait l'écrin de ses bras. Je ne m'expliquais pas ce qu'il se passait entre nous. C'était plus fort que ce que j'avais connu jusqu'à présent.

J'écartai prudemment son bras posé sur mes hanches, et sortis du lit le plus silencieusement possible. Il remua, mais n'ouvrit pas les yeux. J'en profitai pour le regarder. Son visage était calme, serein, sa respiration soulevait régulièrement son torse parfaitement dessiné. Sa peau légèrement hâlée contrastait avec la blancheur des draps. Mon cœur se serra. C'était le seul et l'unique matin où je me réveillerai à ses côtés.

Je me dirigeai à petits pas dans la salle de bain et fermai la porte. Je me glissai sous la douche, et appréciai l'eau chaude sur mon corps. Je ne savais pas quoi penser. Mon esprit était embrouillé, peut-être à cause du manque de sommeil. Nous avions fait une erreur hier soir, mais quelle délicieuse erreur... Je ne voulais pas réfléchir à mon départ. Il serait encore plus difficile de nous dire adieux, et je n'étais pas sûre d'en assumer pleinement les conséquences.

J'avais prévu de partir en fin d'après-midi pour rejoindre ma destination suivante : un petit village du nom de Challange, dans la région des Grands Lacs. Il était connu pour sa forteresse, visitée par des touristes du monde entier. Je n'y resterais qu'un seul jour, puis me rendrais sur les rives du plus grand fleuve du pays. J'espérais y voir de nombreuses espèces d'animaux sauvages.

Robin travaillait aujourd'hui. Il avait voulu prendre un congé, mais je l'avais découragé, prétextant des affaires à régler avant mon départ. Nous avions prévu de nous rejoindre à la fin de sa journée pour nous dire au revoir. Je ne préférais pas y penser. Je sortis de la douche et m'habillai.

Il était levé, je l'entendais s'activer au rez-de-chaussée. J'étais partagée entre l'envie de traîner dans la salle de bain pour l'éviter, et celle d'aller le voir pour profiter de nos derniers instants ensemble. Je démêlai rapidement mes longs cheveux et descendis l'escalier, un café m'éclaircirait peut-être les idées. J'entrai dans la cuisine et il déposa devant moi un mug fumant avec un sourire. Après deux semaines ensemble, il connaissait déjà chacune de mes habitudes. Son regard croisa le mien, mon cœur s'affola. Je voulais profiter de ces quelques minutes qu'il nous restait, mais c'était au-dessus de mes forces. C'est un jour plus noir que jamais, le dernier aux côtés de Robin. Il comprit tout de suite mon malaise, et s'éloigna de moi.

Il s'appuya sur l'un des plans de travail, s'éclaircit la gorge et posa sa tasse.

— Je ne regrette pas ce qu'il s'est passé hier soir.

Son franc parlé me surprit encore. Et moi ? Est-ce que je regrettais ?

Je repensai à ses lèvres brûlantes sur ma peau, à ses mains sur mon corps, avides de le découvrir. Et à ce désir puissant, impérieux, qui avait emporté ma raison sur son passage.

Je levai les yeux et le toisai.

— Moi non plus.

Quelque chose chez lui avait changé ce matin. Non seulement nous ressentions tous les deux la froideur de notre échange, mais une lueur dans son regard avait disparu. Malgré le sourire de façade qu'il affichait toujours en ma présence, quelque chose était éteint. J'étais en train de lui briser le cœur. J'osai espérer qu'il n'éprouvait pas la même chose que moi à cet instant précis. Une boule s'était formée dans ma gorge. Dans quelques heures, je l'aurais quitté.

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