Chapitre 6

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Robin se gara dans la rue principale. Des voitures étaient stationnées de chaque côté de la route. Quelle agitation à Aston ! De la musique résonnait, provenant du terrain où se déroulait le marché.

Avec regret, j'avais laissé son sweat sur le siège. Je ne tenais pas à me faire remarquer avec un vêtement qui m'arrivait presque aux genoux.

Nous marchâmes quelques mètres avant de parvenir devant l'entrée. Des guirlandes lumineuses avaient été accrochées entre les arbres, réchauffant l'ambiance. Plusieurs stands parsemaient la pelouse çà et là. Les gens étaient répartis par petits groupes, un verre à la main, et discutaient gaiement. Au milieu se dressait un barnum, que je devinais être la buvette. Un parquet en bois avait été installé pour permettre aux habitants de danser, il était pour le moment seulement occupé par des enfants qui couraient en riant.

Robin paraissait connaître tout le monde. Il répondait poliment aux saluts qu'on lui lançait, mais ne s'attardait pas. Je frottai mes bras pour les réchauffer et remarquai avec gêne que les locaux me dévisageaient.

— Ils se demandent qui tu es. Ils n'ont pas l'habitude de croiser des inconnus. Et, tu dois t'en douter, les commérages vont bon train ici, c'est une petite ville. Ils n'oseront pas t'aborder directement, mais une fois seul, je vais devoir répondre à leur interrogatoire, me dit-il en levant les yeux au ciel.

Il semblait déjà lassé par ce qui l'attendait. Il se reprit, me sourit, et me rassura.

— Ne t'inquiète pas, personne ne t'embêtera, ils sont juste curieux. Tu veux boire quelque chose ?

J'acquiesçai, et nous nous joignîmes à la file du bar. Heureusement, ils proposaient des boissons chaudes et j'optai pour un thé vert en espérant réchauffer mes doigts.

Le barman salua Robin chaleureusement, et me scruta avec un sourire enjôleur.

— Alors Robin, tu ne nous présentes pas ?

Il semblait un peu plus âgé que moi, et était aussi trapu que le réfrigérateur derrière lui, remarquai-je en souriant intérieurement. Le visage de Robin se ferma et il lui lança un regard noir. L'homme derrière le comptoir eu un léger mouvement de recul.

— Ted, Alex. Alex, Ted, nous présenta-t-il sèchement en nous désignant du menton.

— Enchanté de faire ta connaissance Alex, répondit-il, déstabilisé.

Il avait perdu son assurance mais m'adressa tout de même un sourire poli. Il paraissait sincèrement heureux de me rencontrer.

— Également, ajoutai-je, gênée par la tension qui régnait.

— Je vous souhaite une bonne soirée, nous dit-il en déposant nos consommations sur le comptoir en bois, cette file d'attente n'en finit jamais !

Il nous sourit une dernière fois et s'éclipsa pour servir un autre client.

Robin était agréable avec moi, mais je devais me rendre à l'évidence : j'étais loin de connaître toutes les facettes de sa personnalité. Cette démonstration de force avec Ted — qui semblait être un de ses amis —, me laissait perplexe. C'était plus que du respect que Ted avait manifesté. Était-ce de la crainte ?

Je me raisonnai, mon cerveau avait peut-être exagéré la situation. Sans doute Robin avait-il remarqué que Ted s'intéressait à moi d'un peu trop près. Et ça n'avait pas l'air de lui plaire. Il avait beau être attentionné et agréable avec moi, il m'avait confié dans l'après-midi avoir mauvais caractère.

Il me tendit ma boisson et me guida d'une main dans mon dos vers l'un des nombreux braseros disposés entre les stands pour réchauffer les visiteurs.

Je m'approchai et profitai de la douce chaleur des flammes. Robin me regardait intensément. Sa mauvaise humeur semblait s'être envolée.

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