Tout était sombre. Je plissai les yeux, mais l'obscurité m'enveloppait totalement, épaisse et inquiétante. J'avais beau scruter les ténèbres, je n'y distinguais rien. Mes pieds nus reposaient sur un sol dur et froid comme du marbre, me faisant frissonner.
— Il y a quelqu'un ?
Ma voix résonna étrangement et se perdit dans la pénombre alors qu'un faible nuage de condensation sortit de ma bouche. J'enroulai mes bras autour de moi pour me réchauffer. Soudainement, je pris conscience de ce qui m'entourait, et ce fut pire que l'ignorance. Rien, le néant. Paniquée, je courus dans une direction au hasard en suppliant, mais je ne rencontrai personne.
— Robin ? m'entendai-je appeler. Robin, tu es là ?
J'étais seule.
Je continuai ma course et m'arrêtai après un long moment, essoufflée et sanglotante, quand du mouvement attira mon regard à ma droite. Je distinguai une étrange lumière vacillante, minuscule dans l'obscurité. Je me précipitai vers elle, et m'interrompis à quelques mètres. Mes deux frères étaient assis silencieusement de dos, à proximité d'une flamme qui crépitait. Il n'y avait aucun combustible pour l'alimenter, et elle semblait flottée à quelques centimètres du sol. Axel portait son éternel sweat rouge, et Guillaume avait revêtu sa casquette à visière plate qui lui donnait un air de champion de glisse.
Quelque chose me paraissait étrange. Ils ne devraient pas être là, et moi non plus.
Guillaume se retourna et me fixa.
— Alex, qu'est-ce que tu fais là ?
Entendre sa voix me fit l'effet d'une décharge électrique. Axel me dévisagea à son tour.
— Je ne sais pas, je suis perdue... où est Robin ? demandai-je dans un souffle.
— Il t'attend, tu devrais le rejoindre.
— Mais comment ? sanglotai-je. Je ne sais pas où il est.
Axel se leva et regarda sur sa droite.
— Il arrive. Il vient te chercher.
Ma vision se brouilla et mes frères disparurent alors qu'une violente douleur se pénétra mon crâne comme un coup de poignard. Je gémis et pris ma tête entre mes mains. Mon cerveau allait exploser. J'avais froid. Mon corps était gelé, comme si une fois encore, j'étais tombé dans la rivière.
Après ce qu'il me parut des heures, une sensation de chaleur s'insinua dans ma main gauche. Elle était légère, presque invisible au début, puis elle se fit de plus en plus présente, jusqu'à réchauffer mon corps entier. Mon mal de tête s'atténua lui aussi peu à peu.
On parlait autour de moi, j'entendais des voix, mais ne comprenait pas ce qu'elles disaient. Je nageais dans un épais brouillard, essayant de refaire surface. Enfin le silence se fit. Je n'en entendis plus qu'une seule, celle de Robin.
— Alex ?
Je clignai des paupières et entrouvris les yeux. La lumière du jour me força à les refermer. Un bruit de raclement de chaise, puis des volets, et je retrouvai une semi-obscurité. Il me tenait la main, sa chaleur parcourait mon bras entier.
— Alex, est-ce que tu m'entends ? Réponds-moi, je t'en prie.
J'avais l'impression qu'on essayait de pénétrer mon crâne à coup de pioche. Ma vue se stabilisa peu à peu, puis j'ouvris les yeux.
— Oui, susurrai-je d'une voix éraillée.
Il jura puis porta ma main à ses lèvres.
— J'ai cru te perdre, soupira-t-il d'une voix éteinte. Comment te sens-tu ?
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WerewolfAlexia vit avec son deuil depuis plus d'un an. Pour tenter d'anesthésier la douleur, elle a pris la route et finance sa vie de vagabonde grâce à ses photographies. Alors qu'elle se rend dans la Vallée de l'Aube pour les cascades, elle rencontre Robi...